Récits divers

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-Arcegea-
Lame de la Justice
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Récits divers

Post by -Arcegea- » Mon 21 Nov 2016, 18:15

Ce topic sera désormais dédié à de brèves histoires sans rapport avec ma fanfiction principale.



Stahl
Il fait bon... Je suis paresseusement allongé dans l'herbe haute. Elle me chatouille le museau, c'est plutôt agréable... J'entends la douce musique de l'écoulement de la rivière. Je viens souvent m'allonger là, auprès de l'onde pure et des arbres aux feuillage murmurant. Une douce brise vient me trouver sur son chemin qui ne connaît qu'ivresse et liberté. Elle fait voler les pétales des fleurs, bruisser l'herbe dans laquelle je me repose tout mon soûl. Le soleil caresse mon corps d'acier, me fait me sentir plus léger sous cette armure de métal. J'aime cet endroit. Je m'y sens bien. Ici, il n'y a pas d'yeux qui me scrutent depuis toute la hauteur de la supériorité. Il n'y a pas d'âmes qui mentent ou qui trahissent. Ici, il n'y a que le bien, la douceur de vivre, la gaieté des fleurs et l'orchestre de la Nature. La Nature. Ici je sens qu'elle m'aime pour ce que je suis, qu'elle a su m'offrir cette place que j'ai toute ma vie cherché, à certains moment crû avoir trouvé. Ici, je ne sens plus cette sensation d'être maudit, exécré par Mère Nature elle-même.


Je m'appelle Stahl. Je suis un Galekid né dans la forêt près d'un lac, dans la région de Sinnoh. Aujourd'hui, je suis heureux. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Laissez-moi vous conter cette triste histoire que fut ma vie.


Ma mère était la plus belle des Galekings de la tribu, paraît-il. Les mâles se querellaient farouchement pour son cœur. Elle avait tout ce qu'elle désirait dès qu'elle en émettait le souhait. Tout le monde tenait tellement à elle... Malheureusement, je les ai déçus...

Déjà, lové au creux de mon oeuf, j'entendais, telles une musique légère, ces tendres paroles qui m'étaient adressées... J'entendais la nature chanter, le doux clapotis de l'onde... Maman, tu m'attendais tellement... Avant même que je sois né tu me portais une tendresse infinie comme l'univers, tu me traitais déjà comme un prince... Je sentais ta douce chaleur, mêlée à celle du soleil... Est-ce de ma faute ce qu'il s'est passé ensuite ? Je brisais la coquille de mon couffin, seul avec toi dans une clairière... Je roulai ensuite sur un lit de feuilles rousses, jaunes, marron... Un véritable tableau peint par la Nature elle-même, un cadeau de sa part le jour de ma naissance ! Pourquoi ne lui ai-je pas fait honneur ?

Maman, est-ce à cause de moi cet Humain qui arriva ensuite ? Il a sorti un effrayant Pokémon d'un objet étrange, qui m'avait tout de suite mis en alerte. Instinctivement, tu m'avais protégé. Puis, voyant la partie perdue, tu m'avais dissimulé à l'abri derrière un rocher... L'impressionnante créature t'avait immobilisée, et te tailladait avec des lames acérées. Elle volait autour de toi avec un sifflement douloureux pour mes petites oreilles... Bien sûr, il en fallait plus pour te déstabiliser, Maman... Tu lui donnais beaucoup de fil à retordre... Malheureusement l'Humain avait vaporisé une intrigante substance sur le corps déjà blessé du monstre. Il put alors repartir de plus belle au combat, sous les cris de celui qui ordonnait chacun de ses gestes, le plus précis de ses mouvements. Tu ne pus, en dépit de ta puissance admirée par tous, te défendre. Puis l'Humain a rappelé sa créature dans cette boule étrange.

Je fus soulagé que tu ne sois pas morte, Maman. Mais dans quel état te trouvais-tu ? D'instinct, j'avais compris qu'il t'avait blessé... Comment avait-il osé ? J'avais entrepris de sortir de mon rocher, d'aller me blottir auprès de toi pour te réconforter, te faire oublier l'infâme affront que tu venais de subir.

Cependant, avant même que je puisse bouger, l'Humain t'a de toutes ses forces jeté une boule étrange dessus, alors que tu te trouvais sans défense... Le monstre allait-il revenir ? Cependant, c'est toi qui fut enfermée dans cette prison sphérique. Celle-ci remuait avec ardeur, tu avais le désir de revenir auprès de moi... Malheureusement, la boule a cessé de s'agiter. L'Humain l'a ensuite ramassée et t'a emportée à tout jamais loin de moi... Le soleil brillait en ce triste jour. Se moquait-il de toi ? De moi ? Si tu ne m'a avais pas mis au monde, ce jour là, tu serais sans doute restée auprès de la tribu. Rien de tout cela ne serait arrivé. Ah, cruelle fatalité ! C'est peut-être vraiment de ma faute, finalement.

Loin des yeux, loin du coeur, dit-on. Quelle absurdité ! Tu n'as chaque jour cessé de me manquer. Ce moment resta gravé toute ma vie dans mon petit cœur. Tu vivais, vis et vivra toujours en moi, Maman.



Comment avais-je rejoint les autres ? Mu par la douleur, cela ne fait aucun doute. Mais même lorsque je cherche au plus profond de mes souvenirs, seule la douleur ressurgit. Tu sais, Maman, je sens que les autres ne m'aiment pas. Ils ont senti le poids de ma lourde faute. Ils m'ont châtié comme je le méritais. Je ressens encore leurs moqueries, le rejet, les misères qu'ils m'ont fait subir. Papa, tu me protégeais, parfois. Mais tu étais si occupé... Tu étais le chef de la tribu.

Cependant, ce jeune Galeking est arrivé... Je me souviens encore de votre combat, vous deux pour un unique honneur. Je me souviens de vos râles furieux, de vos carapaces d'acier blessées s'entrechoquant... Malheureusement, sa jeunesse et sa fougue l'ont emporté sur ton expérience. Caché derrière un rocher, je le voyais te jeter à terre, une fois, deux fois... Tu résistais, entêté, révolté. Tu n'allais pas laisser le premier venu t'usurper ton honneur et ta gloire... Puis, soudain, je l'ai vu poser tout le poids de sa lourde patte sur ton corps étendu au sol. Il était acclamé. Tu étais oublié. Tout le monde est reparti sans toi, portant le vainqueur en triomphe.


Je me suis approché pour te réconforter, Papa. Mais tu ne bougeais plus. Que ton corps de roche et de métal était froid ! J'ai compris que ton âme s'en était allée. Je me trouvais là, dans le froid, seul au monde. Je pensais à ce que j'allais devenir. Plus rien ne me retenait auprès des moqueries et des méchancetés, désormais. Le dernier fil qui me reliait aux miens avait été sectionné en même temps que tu m'avais quitté. Pourquoi ai-je été le seul à venir auprès de ta carapace refroidie après le combat ? Peut-être les autres, plus intelligents ont compris qu'il n'y avait plus aucun espoir. Mais moi, fidèle à une indigence certaine, je m'étais naïvement approché de toi. C'est aussi parce que je t'aimais, sans aucun doute. Et les autres ? S'ils s'en sont allés, ne t'aimaient-ils donc pas ? Respectaient-ils uniquement ton statut de chef ?



C'est donc ainsi que j'ai quitté la tribu. Je me demande s'ils pensent encore à moi, à mes parents... Sûrement sommes nous tombés dans les limbes de leur oubli. Peut-être se souviennent-ils, l'espace de quelques instants ? Puis sûrement, rejoignons-nous leur omission ?

La route que je parcourus fut longue pour mes petites pattes. Happé par le froid et l'obscurité, j'avançais à tâtons dans un monde nouveau. Bientôt, la neige tomba. Tantôt dans les forêts, tantôt dans les monts... Oh, le chemin que j'ai parcouru ne devait pas être si long que je l'affirme. Mais, croyez moi, seul sans affection ni expérience de ce rude monde, la route est plus difficile que le plus ardu des combats.



C'est un de ces soirs que je t'ai rencontré, Jonas. Je me souviens, ce soir la j'errais, seul dans les hautes herbes. Les flocons de neige mouchetaient le ciel comme autant de fleurs le plus coloré des champs. J'entendais ces effrayantes créatures hurler dans les ténèbres. Leur hurlement plus glaçant qu'un iceberg me pétrifiait, me terrorisait. Je les voyais, dressés sur les montagnes, leurs cornes recourbées, leurs queues fourchues, leurs silhouette souples et élancées... Je progressais sans but, j'espérais que le hasard me guiderait au bon endroit.

M'a-t-il écouté ? J'ai soudain, découvert cette caverne... Je m'y suis risqué... Elle était éclairée, tu me tournais le dos. Tu t'appliquais à un travail qui te passionnait... Je me suis doucement approché de toi. Tu creusais la roche à la seule force de tes bras, de ton outil de métal. Que recherchais-tu ? A l'époque, je l'ignorais. Tu t'es soudain retourné. Ton regard a croisé le mien. Je me souviens, tu avais eu l'air surpris de me trouver là... Mais tu m'a accueilli à bras ouverts. Je t'ai tout de suite accordé ma confiance, peut-être étais-tu différent du ravisseur de ma mère... Que faisait-elle à ce moment-là ? Aujourd'hui, je me le demande encore. Tu m'as donc montré la roche creusée, les filets de terre qui s'en échappaient. Fidèle à mon sang de Galekid, j'ai tout de suite été captivé, et je me suis mis à t'aider dans ta passionnante besogne.

Nous avons creusé pendant des jours. La fuite du temps ne faisait qu'accroître notre tendresse mutuelle. Tu me gâtais, tu voulais le meilleur pour moi. Je n'en avais pas besoin, dans le fond. Tout ce que je désirais, c'était de l'amour, et tu me l'as donné avec joie. Ma vie était heureuse. Tu étais comme un père, j'étais comme un fils.

Puis est venu ce jour où tout à basculé. Je me rappelle encore, la roche qui s'émiettait sous notre forage... Je sentais quelque chose de particulier sous le granit, quelque chose de merveilleux... Puis d'un coup, ton outil a cogné une plaque d'argile. Fous d'excitation, nous nous étions empressés de la déterrer complètement. La plaque était d'un jaune autrefois vif terni par la terre et le temps. J'y décelais des symboles gravés indéchiffrables pour mon petit esprit. Arrivais-tu à les comprendre ? La joie t'en empêchait sûrement.

Nous sommes donc rentrés chez toi, dans cette ville au bord d'un marais où tu logeais, notre trésor jalousement gardé dans ton sac. Une fois arrivés, tu t'es jeté sur cet objet bizarre qui faisait parfois "dring, dring !", tu t'es mis à tapoter dessus avec excitation puis à parler dedans.

Je ne voyais pas quel lien existait entre cette étrange matériel et la plaque, mais tu savais ce que tu faisais. En effet, tu m'as ensuite annoncé que des experts allaient examiner la plaque, et que tu allais devenir riche ! Cette idée t'obnubila toute la soirée durant, tu ne tenais plus en place ! Partageant ton excitation et ta joie, je sautillais de contentement. Je ne savais pas ce que c'était, "être riche", à l'époque, mais cela me paraissait absolument génial, vu l'éloge que tu en faisais.


En effet, le lendemain, tu m'a emmené dans la grande ville. Que d'agitation ! Humains, Pokémon, tous se mêlaient dans une joyeuse cohue. Et que de variété ! Nous vîmes une femme habillée d'une superbe robe accompagnée d'un petit Pokémon rose tout paré de rubans colorés, où encore des enfants escortés sans crainte par de joyeuses créatures bondissant entre leur jambes...

J'avais envie de m'amuser, moi aussi. Cependant, toi, Jonas, tu étais trop pressé de rejoindre cette destination que j'ignorais. Le soleil se reflétait sur les pavés couleur cuivre. L'ambiance était festive, mon coeur était léger comme les pétales de ces fleurs qui s'envolent au gré du vent. Après maints détours dans les rues, nous arrivâmes enfin dans un bâtiment qui te fit exulter. Tu poussa les portes vitrées, et nous entrâmes.


Le sol était luisant et il en émanait une odeur peu naturelle. Je manquai d'ailleurs d'y glisser. Je me rendis alors compte que nous étions attendus. Il y eut des échanges de politesses, des mains se serrèrent. Puis, les Humains qui nous attendaient se sont mis à t'interroger. Tu sortis alors l'emballage de ton sac, et exhiba fièrement notre trésor. L'assistance, impressionnée, poussa des "Ooooh !" et des "Aaaah!". Tu rayonnais de fierté. Toi et notre plaque étaient le centre de l'attention. Personne ne faisait attention à moi, insignifiant Galekid traînant entre leur jambes. Puis les inconnus t'interrogèrent sur la découverte de l'artéfact. Tu décrivis alors les longues journées passées à frapper la roche, neutraliser la prison qui gardait notre trésor jalousement. Tu évoquas les chocs répétés de la pioche contre la pierre, la fatigue, puis l'ivresse de la découverte.

Mais moi ? Pas à un seul instant tu ne fis l'éloge de mon aide. Ce trésor, c'était le notre, n'est-ce pas ? L'épuisement que je ressentais n'était rien à côté de la tendresse que tu m'offrais. Que t'arrivait-il ? J'avais même l'impression que tu ne me voyais plus, tu ne distinguais que toi et ta fierté. Était-ce donc ça, "être riche" ? Les inconnus semblaient aussi heureux que toi, mais, inquiet, je ne vis que vaguement ce qu'ils accomplirent ensuite. Je ne me souviens que d'un papier, sur lequel l'un d'eux inscrivit quelque chose, avant de te le donner. Tu exultais. Mais moi ?

Cependant, je me remémore très précisément cet homme te donner une de ces boules qui m'avaient ravi Maman. S'y trouvait-elle ? L'espoir envahit soudain mon petit coeur. J'allais la revoir ! Puis nous rentrerions auprès des nôtres, tout le monde me traiterait en héros et me pardonnerait ! Te rendais-tu compte, Jonas ? N'étais-ce pas absolument génial ? L'homme annonça ensuite qu'il n'hésitait pas à "le" confier à un homme aussi formidable que toi. Mais de quoi parlait-il ? Ce n'était pas Maman ?

Rayonnant, tu as lancé la boule, qui s'est ouverte. Naïf, je retenais mon souffle. La forme d'un Pokémon s'est progressivement profilée. Il émanait d'elle une forte lumière qui m'éblouit et l'empêcha de le distinguer. Puis je le vis. Son pelage était du velours fauve déchiré d'éclairs noirs. Il possédait une crinière ! Majestueuses, c'est bien un faible mot. Il était le coeur d'une chaleur charismatique, d'une superbe égalant peut-être celle du Créateur !


Mais ce n'était pas Maman.


L'homme qui venait de t'offrir ce divin présent t'annonça officiellement que tu étais le distingué propriétaire de cet Arcanin.

Arcanin ? C'est donc ainsi que se nomme cette merveille ?


Je n'ai pas suivi le reste de la conversation, tu sais. Arcanin me fascinait trop. Quand nous sommes sortis pour rentrer chez nous, tu ne tarissais pas d'éloges sur sa beauté. Il accaparait toute ton attention, j'étais oublié... Tu décidas de le nommer Blaze.

Ne voulant pas rentrer à pied, tu as appelé un taxi pour rentrer à Verchamps... Toi qui avais toujours aimé marcher, qu'étais-tu devenu ? Tu as fait rentrer Blaze dans la boule car il ne pouvait pas tenir dans une voiture. Ce qui faisait que j'étais seul avec toi ! Tu allais peut-être enfin m'expliquer ce qui se passait ! Mais non. Tout le trajet, tu parlas avec le chauffeur. Je n'eus droit à aucune attention. Je regardais mélancoliquement le paysage défiler à travers les vitres du véhicule. Peut-être ma place était-elle dans cette nature, finalement.

Lorsque nous fûmes arrivés, la première chose que tu fis fut de sortir Blaze de sa prison sphérique. Puis tu payas le chauffeur d'un air désinvolte et la voiture s'en fut en direction de la grande ville.

Moi qui pensais que tout reviendrait à la normale une fois à la maison, je me trompais. Quel idiot je faisais ! Blaze occupait toute ton attention. Tu le brossais jusqu'à que son pelage brille comme or au soleil. Tu lui prépara un coin spécialement pour lui dans la maison. Mais surtout, plus jamais tu ne retournas à la grotte où mon destin avait croisé le tien. Pioche et pelle ne quittèrent plus le placard. Finies les longues journées à creuser ! Terminée, la soif de découverte ! Tu ne faisais plus rien de tes journées à part flatter Blaze. Moi, tu me donnais juste assez de soins pour que je ne mourus point. Ne m'aimais-tu plus ? Mon seul ami, ici, n'était-ce que Blaze ? Je l'avais d'abord crû vaniteux, avec son magnifique pelage et sa splendide crinière, mais il n'en était rien.

Tu sais, je vais te l'avouer : Ne te mets pas en colère, mais Blaze le laissait me blottir dans ses confortables couvertures et draps. Que c'était agréable... Cependant, le poids de ton abandon me pesait si lourdement que je ne pouvait en profiter complètement.

Puis vint ce jour où tu déménageas. Nous nous établîmes dans la grande ville. Lorsque je vis notre nouvelle maison, j'en eus le souffle coupé. Une villa immense, avec un grand point d'eau artificiel dans lequel tu aimais te baigner, où t'allonger à son bord. D'innombrables pièces, de somptueuses décorations. Tout pour mener une vie de prince, pourtant je m'y sentais mal. Bien entendu rien ne changea.

Mais pourquoi m'ignorais-tu comme ça ? N'entendais-tu pas mes sanglots désespérés ? Les cris de l'abandon ? Non, Blaze le magnifique, le superbe, était l'unique Pokémon de cette maison ! Oh, je ne devrais pas m'emporter contre Blaze. Le luxe ne l'aveugle pas, lui. C'est d'ailleurs grâce à lui que je quittai cet oubli. Mais ma vie d'après fut-elle mieux ?

Je me souviens de ta gentillesse, Blaze. C'était une fin d'après-midi, où Jonas le traitre venait de m'écarter sans ménagement de là où il faisait ta toilette. Bien entendu, tu méritais celle-ci plus que moi. Toi, ta magnifique fourrure tigrée, et moi, ma disgracieuse carapace d'acier... Tu étais ensuite venu vers moi, qui pleurait dans un coin, seul au monde. Tu m'avais conseillé de partir. De m'enfuir loin de la désolation. Peut-être trouverais-je un foyer où j'aurais ma place.

C'était une idée plutôt bonne. Mais je ne voulais pas te quitter, perdre la seule personne au monde qu'il me restait. Tu m'as promis que tu ne m'oublierais pas. J'allais te supplier de venir avec moi, d'abandonner cette cruelle personne, ce traitre, ce menteur, cet hypocrite, quand l'hypocrite en question est arrivé. Il m'a crié de m'éloigner de toi. Mes pattes refusèrent de bouger. Avec horreur, je le vis s'approcher de moi, je vis sa main se lever au dessus de mon corps d'acier... Puis se retirer dans un cri. Tu venais de le mordre pour me protéger, Blaze. Puis tu m'as dit de partir. Je n'avais plus le choix, tout s'embrouillait dans ma tête. Moi non plus je ne t'oublierai jamais, Blaze. Je t'ai donc obéi, tu savais ce qui étais bon pour moi. J'ai atteint la porte ouverte sur la terrasse et je me suis enfui.

La lumière du jour commençait sa longue agonie dans le ciel rougeoyant. La grande ville n'en était pas moins active, et c'est tristement, mon ami et protecteur me manquant déjà, que je me mis en quête d'un nouveau foyer. C'était un de ces moments durant lesquels je me sentais haï et trahi par la Vie elle-même, depuis le triste jour où celle-ci m'a envoyé cette détestable personne et son Pokémon agressif. Lorsque j'y pense, s'ils n'étaient pas subitement entrés en contact avec mon existence, je serai plus fort, respecté de tous. J'aurai pu évoluer, devenir un solide Galegon, le fils du chef. J'aurais même pu prendre sa succession. J'aurais été Stahl l'invaincu, et non pas Stahl le misérable.

C'est en suivant l'errance de ma désolation que mes pas me guidèrent à travers les rues, sur le "clic, clic" de l'acier sur les pavés. Ils me guidèrent devant l'entrée d'un parc, surmontée d'images de Pokémon à l'air heureux. J'identifiai un Pikachu, ces Pokémon qui étaient de véritables aimants à tendresse, populaires pour leur grâce. Cependant, point de Galekid sur ce panneau. Pourquoi ? N'ayant plus rien à perdre, je m'y aventurai. Je traversai un couloir, évoluant sur un tapis confortable sur lequel mourrait le bruit de ma marche. Puis je ressortis. J'avisai les arbres, les fleurs, le point d'eau. Cet endroit avait l'air agréable, j'allais y trouver la joie de vivre à coup sûr ! Oubliant leur fatigue, mes petits membres battirent à toute vitesse pour me porter jusqu'à ce petit coin de paradis.

Encore un petit effort, j'y étais presque !


A moi le bonheur !


C'est ce que je croyais aussi dur que mon corps d'acier lorsque je me heurtai à un Humain à l'air mécontent. Une femme huppée, qui me repoussa avec dégoût et véhémence, m'arrachant à cet espoir de trouver enfin une vie meilleure ! Me laissant retrouver la misère dans laquelle m'avait mis la traîtrise !

Laid. Pas assez gracieux. Aucune chance de briller en concours. Ce désolant portrait, c'est le mien selon cette harpie, et selon beaucoup d'autres, j'en suis convaincu. N'est-ce donc pas le coeur d'un Pokémon qui guide sa vie ? Est-ce donc seulement son apparence ?


Mes pas m'emmenèrent ensuite devant un immense bâtiment circulaire, qui était la source d'une grande agitation. Des Pokémon embellis de rubans, des Humains joyeux et aimants. Une foule respirant la joie de vivre, l'insouciance, en marge de toute difficulté. J'avisai les Pokémon au poil brillant. De petites boules roses, des frimousses craquantes. Est-ce donc ça, la beauté, la grâce ? Et moi ? Ma carapace de métal blanc comme mouchetée d'encre noire, n'est-elle pas jolie ? N'ai-je pas une bouille adorable, moins aussi ? Je suis petit, j'ai de grands yeux bleus. Jonas me disait que j'étais mignon. Mais, hypocrite comme je l'ai à mes dépens découvert, il mentait certainement.

Je suis laid. Je n'ai rien à faire dans cette myriade de beauté et de joie. Le bonheur ne sourit qu'aux beaux et aux gracieux. La misère attend les autres, ses pattes squelettiques grandes ouvertes. La fatigue profita de cette révélation pour s'abattre à nouveau sur moi. Je me glissai donc dans une petite rue étroite et déserte, avant de m'effondrer. Jonas me cherchait-il ? Allait-il me ramener auprès de lui ? Sa colère serait telle qu'il me tuerait. Et Blaze ? A-t-il gravement blessé le traître ? Pense-t-il à moi en ce moment ? Est-il parti me rejoindre ? Épuisé, je sombrai dans le sommeil.

Lorsque je me réveillai, je sentis immédiatement le contact de la pluie sur mon corps. Je me relevai, glissant sur les pavés, me redressant dans une nuit sans étoiles. Je n'aimais pas la pluie. Ca mouille, ca rend le sol glissant, ça chasse la joie et l'insouciance des villes. Je marchai longtemps, cherchant à trouver un abri. Mais ailleurs. Je voulais partir, quitter cette ville où une hideuse créature comme moi n'a pas sa place. Je voulais regagner une nature impartiale, m'abriter sous un arbre le temps que le déluge cesse.

Marchant courageusement dans les rues désertes, je finis par atteindre mon but. Une route certes abîmée, mais un exutoire dans mon cas. Cependant, au fur et à mesure de ma progression, je sentais mes pattes s'alourdir, s'engourdir d'épuisement. Je n'eus bientôt plus la force de bouger. Je me laissai tomber au milieu de la route. Cela ne rendait pas la position allongée inconfortable. Au contraire, mes pattes semblaient me congratuler de cette pause que je leur offrais. Goûtant à un repos mérité, je m'abandonnai à la torpeur.

Je ne peux dire combien de temps je restai dans cet agréable état. Cependant, j'en fus brutalement tiré par un bruit désagréable qui me vrilla les oreilles, accompagné d'un crissement mouillé. Une lumière vive me priva momentanément de ma vue. J'eus néanmoins le temps d'entrevoir une voiture gigantesque, aux formes carrées, à six roues et portant un immense cylindre de métal sur son dos. Et toujours cet horrible bruit. Ce fut la dernière chose que j'entendis, avant le choc, puis le trou noir.

Celui-ci dura seulement quelques secondes, en réalité, mais il me parut s'étendre sur une éternité. Puis je me sentis voler. Mais pourquoi étais-je si léger ? Pourquoi ma carcasse de fer restait-elle écrasée sous le monstre à six roues ? J'avançais sans effort, j'avais même l'impression d'être guidé par une force extérieure. C'était agréable. Je ne sentait plus la pluie. Puis tout s'embrouilla. Ça n'allait pas recommencer... J'avais l'impression de ne tenir qu'à un fil, que je pouvais à tout moment rejoindre la misère et la douleur. Puis la sensation d'ivresse s'arrêta.

J'ouvris mes yeux que j'avais clos. Autour de moi, le soleil. Les champs. Les fleurs. La lumière. Et une entité que je ne pouvais distinguer, qui dégageait une profonde aura de paix. Où étais-je ? Qui étais-ce ? D'une voix chantante et veloutée, elle me donna la réponse d'une de mes questions :

" Bienvenue au Paradis des Pokémon, Stahl. "


Aujourd'hui encore, au travers de ma nouvelle existence heureuse et flegmatique, je pense encore souvent à vous tous.

Maman, où est-tu à présent ? L'Humain qui m'a enlevé ton affection te traite-t-il bien ? Où as-tu subi une trahison similaire à celle de Jonas ? Penses-tu souvent à moi ? Même si je ne fus à tes côtés si peu de temps, sache que je t'aime comme si je me trouvais encore entre tes pattes à l'instant même.

Papa, toi qui a vaillamment perdu la vie pour ta tribu, es-tu au Paradis actuellement ? Peut-être puis-je te rejoindre ? Aucun espoir ne m'est plus cher actuellement, il faut que tu le sache.

Jonas, qu'es-tu devenu ? Me regrettes-tu ? Comment notre destin a-t-il pu basculer à cause d'une simple plaque ? Qu'avait-elle de particulier, au fond ? Possédait-elle un pouvoir qui t'a rendu fou ?

Blaze, t'es-tu toi aussi senti trahi ? As-tu connu les rues froides et humides comme moi ? Ou vis-tu encore une existence paresseuse aux côtés de Jonas ? Lui as-tu pardonné ? Ou lui est-tu encore hostile ? Toi non plus, je ne t'oublierais jamais. Ta suggestion de m'enfuir m'aura conduit à une froide errance, mais j'ai enfin trouvé le repos et le bonheur éternels au bout. Grâce à toi. Exceptés mes parents, tu es le seul Pokémon que j'ai jamais aimé comme un frère.


Ce sont vos actions, bonnes où mauvaises, votre considération envers ma personne qui ont épousé mon destin afin de me guider sur ce petit rocher au bord de la rivière. Alors pour cette insouciance et cette gaité que je connais aujourd'hui, merci.
À ceux qui n'ont pas eu la chance de certains
Il est, en ce monde, une palette si variée. Feu, plante, eau, tu n'as plus qu'à choisir, dresseur. Parmi les Leuphorie à l'esprit guérisseur, les Furaiglon à l'âme chevaleresque, les Ponchiot joueurs et affectueux, les Lucario qui par l'aura au travers de l'esprit lisent, tu n'as que l'embarras du choix.

Il est pourtant, en ce monde, ceux qui tapis dans l'ombre attendent vainement la venue d'un nouvel ami. Un jour peut-être, dresseur, nous offriras-tu ton coeur ? Mais non. Il est certains dont nous sommes qui resterons à jamais dans les tréfonds de ton oubli et de ta haine, dresseur.

Est-ce nos grandes ailes noires, nos faux courbées comme des croissants de lune, nos crocs aiguisés qui te font peur ? Crains-tu nos flammes bleues, nos incantations qui une nuit percent l'obscurité, nos draps déchiquetés ? Peut-être est-ce notre venin cynique, notre acide corrosif où notre vie parmi la tourbe des marais que tu redoutes ?

Mais il est quelque chose que nous ne comprenons alors pas. Les flammes de ton Dracaufeu, ne sont-elles pas tout aussi acerbes ? Les griffes de ton Mangriff, sont-elle plus nobles que celle du sombre chasseur des glaces ? Ton Leuphorie, il est pourtant aussi capable de blesser, ton Gallame peut bien impitoyablement trancher le fil d'une vie en morceaux ?

Mais non, sommes nous ignorants ? Ton Leuphorie guérit toutes tes blessures , ton Gallame ferait tout pour te protéger de nous, fourbes, vicieux, agressifs, assoiffés du sang et de l'agonie de l'ennemi empoisonné !

Ne voudrais-tu pas nous laisser une chance, rien qu'une seule ? Tu peux avoir confiance en nous, nous ne te trahirons pas, soit tranquille... Nous ferions tout pour te protéger, nous t'ouvrirons notre coeur désormais si amer d'être délaissé.

Non. Un seul objet, Pokédex, te tient à l'écart de nous, dresseur autrefois si ouvert. Abreuvé d'images d'Escroco manipulateurs, d'Absol porteurs de malheur. Le Vaututrice, oiseau de malheur, s'oppose au si vaillant Guériaigle ! Le Zoroark est si fourbe comparé au Lucario noble et courageux ! Le Scalproie sans pitié est si sombre devant le Gallame si courtois et galant ! Le pâle feu du Lugulabre n'est que mort face à la lueur salvatrice du Pharamp !

Nos attaques ne sont que vices envers leurs coeurs si nobles, qu'à tes yeux nous ne pourrons jamais porter. Toi qui autrefois suivais le gré de tes envies, voilà que tu ne suis plus que la voix de ce Pokédex ! Voilà qu'au lieu de nous recueillir tu nous poses en traîtres !

Il est certaines atrocités que certains de nôtres ont commis, mais sommes-nous les seuls ? Des que l'arbitrage doit designer une victime après quelque canaillerie, nous en sommes pourtant les premières victimes. Ne méritons-nous pas amour et affection comme tous les autres Pokémon ?

Sûrement ne les méritons-nous pas. Il est donc temps pour nous de nous retirer dans notre obscurité, dans nos catacombes, dans nos marécages. Il serait sans doute mieux que tu nous oublies, dresseur. Cependant, retiens-le bien...

Type, espèce, réputation ne sont qu'illusoires, dresseur. L'âme même d'un Pokémon vient du plus profond de son coeur.
Last edited by -Arcegea- on Sat 07 Jan 2017, 20:45, edited 2 times in total.
Even if we don't understand each other, that's not a reason to reject each other. Is there one point of view that has all the answers?"
Goyah

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Re: [Fanfic] Stahl

Post by Colrin » Mon 21 Nov 2016, 19:28

Je crois que je vais pleurer :(
Dans ce petit espace entre la mort et la vie, c'est là qu'on se sent le plus vivant.

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Asdrubael
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Re: [Fanfic] Stahl

Post by Asdrubael » Sat 26 Nov 2016, 09:42

Colrin wrote:Je crois que je vais pleurer :(
Tu n'est pas le seul :(
C'était une bonne fanfic' , bonne continuation à toi Arcegea.
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Graham
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Re: [Fanfic] Stahl

Post by Graham » Wed 14 Dec 2016, 15:13

Trop triste :(
C'est vraiment bien écrit, bravo.
Imaginez mon forum le plus actif c'est pas Détente libre

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-Arcegea-
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Re: Récits divers

Post by -Arcegea- » Sat 07 Jan 2017, 20:42

Voici un court texte qui m'a été inspiré par ce qui, je crois, est bien la seule facette de Pokémon que je déplorerais :
Il est, en ce monde, une palette si variée. Feu, plante, eau, tu n'as plus qu'à choisir, dresseur. Parmi les Leuphorie à l'esprit guérisseur, les Furaiglon à l'âme chevaleresque, les Ponchiot joueurs et affectueux, les Lucario qui par l'aura au travers de l'esprit lisent, tu n'as que l'embarras du choix.

Il est pourtant, en ce monde, ceux qui tapis dans l'ombre attendent vainement la venue d'un nouvel ami. Un jour peut-être, dresseur, nous offriras-tu ton coeur ? Mais non. Il est certains dont nous sommes qui resterons à jamais dans les tréfonds de ton oubli et de ta haine, dresseur.

Est-ce nos grandes ailes noires, nos faux courbées comme des croissants de lune, nos crocs aiguisés qui te font peur ? Crains-tu nos flammes bleues, nos incantations qui une nuit percent l'obscurité, nos draps déchiquetés ? Peut-être est-ce notre venin cynique, notre acide corrosif où notre vie parmi la tourbe des marais que tu redoutes ?

Mais il est quelque chose que nous ne comprenons alors pas. Les flammes de ton Dracaufeu, ne sont-elles pas tout aussi acerbes ? Les griffes de ton Mangriff, sont-elle plus nobles que celle du sombre chasseur des glaces ? Ton Leuphorie, il est pourtant aussi capable de blesser, ton Gallame peut bien impitoyablement trancher le fil d'une vie en morceaux ?

Mais non, sommes nous ignorants ? Ton Leuphorie guérit toutes tes blessures , ton Gallame ferait tout pour te protéger de nous, fourbes, vicieux, agressifs, assoiffés du sang et de l'agonie de l'ennemi empoisonné !

Ne voudrais-tu pas nous laisser une chance, rien qu'une seule ? Tu peux avoir confiance en nous, nous ne te trahirons pas, soit tranquille... Nous ferions tout pour te protéger, nous t'ouvrirons notre coeur désormais si amer d'être délaissé.

Non. Un seul objet, Pokédex, te tient à l'écart de nous, dresseur autrefois si ouvert. Abreuvé d'images d'Escroco manipulateurs, d'Absol porteurs de malheur. Le Vaututrice, oiseau de malheur, s'oppose au si vaillant Guériaigle ! Le Zoroark est si fourbe comparé au Lucario noble et courageux ! Le Scalproie sans pitié est si sombre devant le Gallame si courtois et galant ! Le pâle feu du Lugulabre n'est que mort face à la lueur salvatrice du Pharamp !

Nos attaques ne sont que vices envers leurs coeurs si nobles, qu'à tes yeux nous ne pourrons jamais porter. Toi qui autrefois suivais le gré de tes envies, voilà que tu ne suis plus que la voix de ce Pokédex ! Voilà qu'au lieu de nous recueillir tu nous poses en traîtres !

Il est certaines atrocités que certains de nôtres ont commis, mais sommes-nous les seuls ? Des que l'arbitrage doit designer une victime après quelque canaillerie, nous en sommes pourtant les premières victimes. Ne méritons-nous pas amour et affection comme tous les autres Pokémon ?

Sûrement ne les méritons-nous pas. Il est donc temps pour nous de nous retirer dans notre obscurité, dans nos catacombes, dans nos marécages. Il serait sans doute mieux que tu nous oublies, dresseur. Cependant, retiens-le bien...

Type, espèce, réputation ne sont qu'illusoires, dresseur. L'âme même d'un Pokémon vient du plus profond de son coeur.
Even if we don't understand each other, that's not a reason to reject each other. Is there one point of view that has all the answers?"
Goyah

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