[Fanfic] Lyrixamzó, un obscur récit.

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Paul le Lucario
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by Paul le Lucario » Sat 27 Feb 2016, 15:47

Eh ben, il était très complet celui-là ! J'ai vraiment apprécié cette "Bible Pokémon" si je peux appeler ça comme ça, surtout étant donné que c'est en quelques sortes ma religion. Je te remercie de me l'avoir fait partager. Je suis sérieux, je tiens beaucoup à en savoir un maximum sur la religion Pokémon. :)
Monocram wrote:Celui des Ténè____ , M______.
Ce serai pas "Monocram" par hasard ? ^^
DeviantART - Fanfic PKU - L'éveil de l'Aura - Les 29 chapitres déjà postés (229 pages) ont été hacké et supprimés par SilverZekrom. Il faudra malheureusement tout relire depuis le début et attendre davantage pour le final qui était sensé arriver l'an dernier.

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monocram
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by monocram » Sat 27 Feb 2016, 16:13

Paul le Lucario wrote:Eh ben, il était très complet celui-là ! J'ai vraiment apprécié cette "Bible Pokémon" si je peux appeler ça comme ça, surtout étant donné que c'est en quelques sortes ma religion. Je te remercie de me l'avoir fait partager. Je suis sérieux, je tiens beaucoup à en savoir un maximum sur la religion Pokémon. :)
Merci pour ce commentaire. Je pense que mon écriture s'est beaucoup mieux développée. Voilà pourquoi le chapitre est beaucoup plus long que les autres. Aussi, je suis heureux d'avoir pu te donner ma version des mythes. :^^:
En plus, si elle te plaît, tu m'en vois diaboliquement ravi.
Encore merci.
Paul le Lucario wrote:
Monocram wrote:Celui des Ténè____ , M______.
Ce serai pas "Monocram" par hasard ? ^^
Je ne parlerai qu'en présence de mon avocat...
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by Dracaufil » Sat 27 Feb 2016, 16:39

monocram wrote:
Paul le Lucario wrote:Eh ben, il était très complet celui-là ! J'ai vraiment apprécié cette "Bible Pokémon" si je peux appeler ça comme ça, surtout étant donné que c'est en quelques sortes ma religion. Je te remercie de me l'avoir fait partager. Je suis sérieux, je tiens beaucoup à en savoir un maximum sur la religion Pokémon. :)
Merci pour ce commentaire. Je pense que mon écriture s'est beaucoup mieux développée. Voilà pourquoi le chapitre est beaucoup plus long que les autres. Aussi, je suis heureux d'avoir pu te donner ma version des mythes. :^^:
En plus, si elle te plaît, tu m'en vois diaboliquement ravi.
Encore merci.
Paul le Lucario wrote:
Monocram wrote:Celui des Ténè____ , M______.
Ce serai pas "Monocram" par hasard ? ^^
Je ne parlerai qu'en présence de mon avocat...
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by Riku » Sun 28 Feb 2016, 00:27

Ouais, c'est le retour de Tenebrae :hap:
Pour quelqu'un qui "n'était pas inspiré", 11 653 mots, c'est un peu grand, nan ?

Sinon... La bible Pokémon - comme l'a appelé Paul -... C'est l'une des plus originales que j'ai jamais vu, dans le sens où j'en ai rarement vu d'aussi... *cherche un synonyme d'"original"* unique ? Ouaip, je crois que c'est l'bon mot ^^
Comme tout le reste, elle est super bien racontée ! :^^:
Sans ça, on saura un jour quels sont les noms qui ont été effacés dans le vieux grimoire ?

PS : Je sais pas pourquoi tu dis que le grimoire est "ennuyeux", perso je le trouve bien ^^
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by monocram » Sun 28 Feb 2016, 00:37

Riku wrote:Ouais, c'est le retour de Tenebrae :hap:
Pour quelqu'un qui "n'était pas inspiré", 11 653 mots, c'est un peu grand, nan ?

Sinon... La bible Pokémon - comme l'a appelé Paul -... C'est l'une des plus originales que j'ai jamais vu, dans le sens où j'en ai rarement vu d'aussi... *cherche un synonyme d'"original"* unique ? Ouaip, je crois que c'est l'bon mot ^^
Comme tout le reste, elle est super bien racontée ! :^^:
Sans ça, on saura un jour quels sont les noms qui ont été effacés dans le vieux grimoire ?

PS : Je sais pas pourquoi tu dis que le grimoire est "ennuyeux", perso je le trouve bien ^^
Merci, je suis très flatté par ton commentaire. N'aie craintes, les noms seront connus un jour ou un autre.
Les origines sont ennuyeuses parce-que... Et bien, le narrateur ne les aime pas. Le style, etc...
C'est pas son genre. ^^"
Par contre, je n'avais même pas compté le nombre de mots... Merci, j'en suis satisfait et reconnaissant.
Mais plus sérieusement, tu les as compté un à un ?
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by Riku » Sun 28 Feb 2016, 00:45

monocram wrote:
Riku wrote:Ouais, c'est le retour de Tenebrae :hap:
Pour quelqu'un qui "n'était pas inspiré", 11 653 mots, c'est un peu grand, nan ?

Sinon... La bible Pokémon - comme l'a appelé Paul -... C'est l'une des plus originales que j'ai jamais vu, dans le sens où j'en ai rarement vu d'aussi... *cherche un synonyme d'"original"* unique ? Ouaip, je crois que c'est l'bon mot ^^
Comme tout le reste, elle est super bien racontée ! :^^:
Sans ça, on saura un jour quels sont les noms qui ont été effacés dans le vieux grimoire ?

PS : Je sais pas pourquoi tu dis que le grimoire est "ennuyeux", perso je le trouve bien ^^
Merci, je suis très flatté par ton commentaire. N'aie craintes, les noms seront connus un jour ou un autre.
Les origines sont ennuyeuses parce-que... Et bien, le narrateur ne les aime pas. Le style, etc...
C'est pas son genre. ^^"
Par contre, je n'avais même pas compté le nombre de mots... Merci, j'en suis satisfait et reconnaissant.
Mais plus sérieusement, tu les as compté un à un ?
Nan, j'ai copié-collé sur Google Doc'. De là-bas, on peut voir le nombre de mots d'un document, comme un texte ^^
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by julienzen » Tue 01 Mar 2016, 13:01

monocram wrote:
Riku wrote:Ouais, c'est le retour de Tenebrae :hap:
Pour quelqu'un qui "n'était pas inspiré", 11 653 mots, c'est un peu grand, nan ?

Sinon... La bible Pokémon - comme l'a appelé Paul -... C'est l'une des plus originales que j'ai jamais vu, dans le sens où j'en ai rarement vu d'aussi... *cherche un synonyme d'"original"* unique ? Ouaip, je crois que c'est l'bon mot ^^
Comme tout le reste, elle est super bien racontée ! :^^:
Sans ça, on saura un jour quels sont les noms qui ont été effacés dans le vieux grimoire ?

PS : Je sais pas pourquoi tu dis que le grimoire est "ennuyeux", perso je le trouve bien ^^
Merci, je suis très flatté par ton commentaire. N'aie craintes, les noms seront connus un jour ou un autre.
Les origines sont ennuyeuses parce-que... Et bien, le narrateur ne les aime pas. Le style, etc...
C'est pas son genre. ^^"
Par contre, je n'avais même pas compté le nombre de mots... Merci, j'en suis satisfait et reconnaissant.
Mais plus sérieusement, tu les as compté un à un ?
Tois flatté m'y arceus aurais tu retrouver ton coeur. XD
Je fait seulement se qui me paraît juste.

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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by monocram » Tue 01 Mar 2016, 20:35

Pas le moins du monde Julien mais être flatté ne signifie pas forcément que l'on a un coeur. :evil:
Jellow from the other side !

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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by julienzen » Tue 01 Mar 2016, 21:06

Héhéhé ses juste que ses la première fois que je t'entend dire ça qui sais sa signifie peut être quelque chose. :evil:
Je fait seulement se qui me paraît juste.

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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by monocram » Mon 04 Apr 2016, 01:16

Un chapitre sauvage apparaît !

C'est moi et devinez quoi, Bouffonnette et moi vous apportons un nouveau chapitre !
Petit topo... En quelques mots... ça dégénère.

Bonne lecture !

Chapitre 13
Qui suis-je ? Hmmm... Suis-je sombre ?


…Hahahahahaha. Alors ? Vous avez deviné ? Bien sûr, je suis revenu. Hahahaha. Mais savez-vous qui est ce mystérieux fantôme trouvé par nos héros… ? Non ? Hahahahaha. Vous m'en voyez peiné… Hahahaha. Vous m'en excuserez mais je dois vous prévenir d'une chose. Bouffonnette et moi avons un rendez-vous assez… important. Oui, cela concerne le procès d'une personne assez… Enfin soit, ça ne vous regarde pas. Coquins. Hahahahaha. Nous devrons simplement nous absenter et partir plus tôt. Hahaha…

Ils observaient le petit être blanc comme un spectre. Celui-ci, un doigt posé sur le menton comme pour réfléchir, fixait longuement Lancio même si on ne le voyait bien effectuer cette action. En effet, la minuscule créature pâle avait son regard recouvert par un magnifique chapeau vert décoré de crêtes pourpres à l'avant et à l'arrière. Ses pieds étaient enveloppés d’un voile clair presqu'à le faire se trébucher. On avait l'impression qu'il marchait sur les genoux. Une bouche toute ronde soulevait l'air interrogatif émanant de lui. Sa tête presque plus grosse que son corps lui donnait un côté mignon. Il ressemblait fort à une belle poupée élégante. Par sa certaine grâce se faisait sentir un je-ne-sais-quoi artistique. La petite créature blanche se posait plus de questions qu'elle n'avait peur face à Lancio. Elle fixait le jeune dresseur et son Pokémon inconnu. Naël, ne se montrant pas, échappa à son regard caché. Un petit moment passa à découvrir d'une part, le petit fantôme blanc et d'une autre le jeune homme et son monstre. Le général arrivant en retard chuchota à notre héros :

« Oh ! Regarde. C'est un Tarsal. Je ne savais pas qu'on pouvait en trouver ici.

-Pardon ? posa le garçon.

-Ce Pokémon s'appelle Tarsal. Il est aussi appelé Pokémon Sentiment, informa le militaire. C’est fou ! On dirait presque un petit enfant. Par contre, j’étais presque certain qu’il n’y en avait pas ici. Comme quoi… »

Lancio s'interrogeant toujours sur cette créature, sortit de son sac le répertoire offert par Rita et mena des recherches approfondies. Il tourna rapidement chaque feuille du livre en observant brièvement les croquis permettant de mieux s'y retrouver. Il tomba sur la page 377. Oui, ce manuel était énorme mais très bien conservé. Chaque monstre répertorié avait droit à un dessin ainsi qu'à une ou deux voire trois pages de descriptions, de quoi surcharger les sages. La page 377 était une illustration au-dessus de laquelle ‘’Tarsal ‘’ était inscrit d'une belle et simple écriture. De la même technique était écrit le texte qui suivait sur deux pages. Lancio s'y intéressa et lut tout bas :

« Tarsal, aussi appelé Pokémon Sentiment pour ses attitudes étranges et ses rapports avec ses dresseurs, maîtrise les pouvoirs du type Psy. S'apparentant à un petit enfant, il porte un chapeau vert duquel ressortent deux ailerons rouges. Son corps est tout blanc. On ne peut voir ses yeux que par en-dessous... »
A cette remarque, notre héros coupa sa lecture et observa attentivement le dessin sur la page à côté. L'une des images montrait un Tarsal vu d'en bas. Ses yeux étaient rougeâtres comme ses crêtes et sa bouche était plus visible. Le garçon se tourna alors vers un autre dessin du dessous de la page représentant aussi une créature de la même espèce mais dont les couleurs du corps différaient des autres. Étonnamment, la viridité du bonnet avait laissé sa place à une cérulénéité assez remarquable. Les tons bleus s’accommodaient très bien avec les crêtes orange dorénavant. Les parties normalement blanches reflétaient du violet sur tout le corps. Seules les couleurs avaient changé. La taille, le poids et les autres caractéristiques physiques ne bougèrent pas. En caractère minuscule était écrit à côté de ce dessin ‘’Forme Chromatique ‘’. Ces deux mots tourmentèrent Lancio se tournant vers le général avec un genre perdu. Naël voyant son apprenti divaguant s'approcha de lui et remarqua les croquis de la page 377 :

« Qu’avons-nous là ? commença le militaire en observant attentivement les esquisses. C'est très joli…

-Est-ce que tu peux m'expliquer pourquoi celui-ci est différent des autres ? intercala Lancio.

-Tu parles de la forme chromatique ? Et bien, chaque espèce possède une forme normale et une autre chromatique. La forme normale est celle que tout le monde retrouvera le plus dans la nature mais la chromatique est une variante de la première. Elle souligne la rareté d'un individu ayant des couleurs corporelles différentes que celles de son espèce. Ici, la forme chromatique de Tarsal est violette avec un bonnet bleu et des cornes jaunes.

-Ah d’accord. Ils sont donc extrêmement rares…

-Oui, tout à fait. Peu de dresseurs en possèdent. De plus, les Pokémon Chromatiques produiraient des Chromacristaux permettant la capture, ajouta Naël. Selon les mythes de la région : ‘‘seules les créatures dont leurs tons sont isolés de la norme se voient dotés d'un pouvoir d'union ‘’. Je ne récite que ce qu'on m'a raconté. Je ne l’invente pas… On dit d'ailleurs qu'il n'y avait pas assez de production de Chromacristaux jadis. Ce fut alors qu'un être divin se leva et décida d'en introduire dans les Grottes Adamantines situées à l’est de la région.…

-Mais… Pourquoi les Chromacristaux existent-ils ? coupa Lancio.

-Ah. Ça, personne ne le sait précisément. Des anciens te diront que c'était pour punir les humains et les Pokémon. D'autres diront que c’était pour les unir et verront par là un genre de bénédiction. En fait, on ne sait pas trop car les mythes ne sont pas assez clairs, précisa le général. »

Tandis que nos héros continuaient de parler, la créature de Lancio commençait à s’agiter. Elle s'approcha de son dresseur et lui tira doucement le bout du pantalon. Le concerné se retourna et vit son monstre lui faire signe de s'occuper du Tarsal toujours pensif :

« Oh oui ! s'exclama le garçon. Attends. Je vais voir ce que j'ai. »

Lancio fouilla dans son sac à la recherche d'un peu de nourriture pour ce Tarsal qui observait dorénavant la main du jeune se tourner et se retourner dans sa pochette. L'adolescent fit cependant attention à ne faire sortir en aucun cas un des livres qu'il possédait illégalement. Il devait donc être très minutieux puisque ces bouquins prenaient beaucoup d'espace. La recherche s'arrêta lorsque Lancio mit la main sur une des baies que Rita, la gitane, lui avait offertes. C'était la baie Prine encore bien ferme et mûre comme il le fallait. À voir le fruit ainsi, le jeune garçon sourit en constatant qu'il ressemblait au chapeau de Tarsal. Enfin soit, il se décida et engagea le pas. Petit à petit, avec une légère appréhension, il s’approchait de la créature blanche. Il allait bientôt l'atteindre. Encore un petit pas et il se trouvait devant. Il s'abaissa et constata que le petit fantôme blanc ne s'écartait pas. Le monstre sauvage n'avait pas peur de notre héros. À dire vrai, seul Lancio ressentait cette horrible émotion. Les crêtes de Tarsal s'illuminèrent et alors, sans trop de gêne, il posa sa main sur la tête du jeune garçon, eut l’air de lui sourire agréablement, lui déroba la baie Prine pressée à en exploser, l'amena à sa bouche, la croqua pour l'avaler et enfin, plongea de tout son corps dans la sacoche du jeune dresseur. Celui-ci d'un rien étonné et surpris par cette attitude s'empressa de le retirer du sac avant qu'il ne ressorte avec un des livres à cacher. Heureusement, lorsque Lancio tira Tarsal hors du conteneur de bouquins, la petite créature ne tenait qu'un Chromacristal orange acheté au marché :

« Je pense qu'il veut se joindre à notre aventure, observa le général. Tu as de la chance. Un Tarsal choisit son dresseur en fonction des émotions qu'il ressent. Sa nature peut aussi jouer un rôle dans son choix. En fait, si tu veux, ce n'est pas le dresseur qui choisit Tarsal mais plutôt Tarsal qui choisit son dresseur. Allez vas-y. Jette le Chromacristal qu'il tient, sur lui. »

Lancio s’exécuta donc. Il prit le cristal d'entre les mains du petit fantôme blanc et, avant de lui jeter, glissa un petit ‘’Merci ! ‘’ au Tarsal prêt pour la capture. Sans plus de temps à perdre, il lança le cristal orange sur la créature. La pierre colorée se brisa et enveloppa l'être blanc d'une lumière pareille à celle du soleil crépusculaire. Ensuite, comme par magie, tous les morceaux cassés du joyau de capture se remirent ensemble et se refermèrent sur la lumière oranger. Le Chromacristal tomba par terre et scintilla une fois, puis deux et enfin trois avant de se stabiliser et de refléter l'âme du Tarsal à travers le verre transparent du cristal. Délicatement, Lancio le prit entre ses doigts et s'exclama de joie. Son premier Pokémon le rejoignit et rit avec son dresseur. Son regard s’était coloré de jaune presque fluo mais très pétillant. Naël, un sourire aux lèvres s'approcha de son apprenti et lui dit :

« Mission accomplie ! On va pouvoir retourner à l'auberge car la nuit va bientôt tomber. »

...

Hahahahaha. Et un de plus. Ça fait du bien de voir de pareilles captures. Cependant, comme l’a dit Naël, Tarsal choisit bien son dresseur. Savez-vous pourquoi il a choisi Lancio ? Non ? C'est bien simple, Lancio a peur. Ne l'oubliez pas, il cache ses larmes mais se remémore toujours la mort de son village. Chaque jour, il se demande que va-t-il advenir de lui. Et chaque jour, il se réjouit de voir à nouveau sa créature et Naël qui lui sont devenus chers. Comprenez le donc. Hahahahahahaha. Fin du moment ‘’émotion ‘’, place à l'ombre. Hahahahaha…

« Avant de retourner, j'aimerais disputer un combat avec toi, Naël, exigea Lancio.

-Malheureusement, je ne peux pas, répondit Naël embêté, nous avons une mission et rester ici pourrait l'annuler. Aussi…

-Juste un petit combat, insista le jeune garçon faisant les yeux doux au général.

-Bon d'accord, finit par accepter le général. On va faire un petit duel. »

Tous deux observèrent les lieux environnants à la recherche d'un endroit assez spacieux pour leur combat. Il se trouvait qu'ils n'avaient pas besoin de beaucoup bouger car ils étaient déjà dans une clairière assez grande pour s'affronter.
Ainsi, chaque dresseur se plaça assez loin de l'autre pour bien élargir leur petite arène :

« J’imagine qu'on le fait sans arbitre, posa Naël.

-On n'a pas trop le choix, répliqua Lancio gentiment.

-D’accord mais respecte au moins les règles normales. »

L'adolescent fit un ‘’oui ‘’ de la tête, bien qu'il ne connaissait ces règles. Cependant, se rappelant du combat contre Rita, il ne s'en inquiéta pas :

« On peut commencer, hurla Lancio.

- Fort bien, commenta Naël. »

Le général, comme tout à l'heure, retira sa cape de son buste, la faisant voltiger dans son dos, et dévoila ainsi ses deux épées dont Héméra, la rapière, en faisait partie en plus de non pas deux mais trois Chromacristaux scintillants. L'un, celui que personne n'avait remarqué était bien caché. Il ne se trouvait pas sur la ceinture de Naël mais sur sa poitrine, accroché comme une épingle. La pierre autrefois cachée par la cape, se colorait de bleu, bleu cobalt. Les deux autres à sa ceinture avaient des couleurs aussi différentes. L'une était rouge rouille tandis que l'autre était blanche ou grise comme une lame émoussée. Le militaire saisit le dernier Chromacristal aux tons neutres et le jeta en direction de la zone de combat. La pierre s’éclata dans une lueur blanche :

« À toi de choisir ton compagnon, lança Naël. »

Lancio, ayant la tête dans son sac pour ranger son répertoire, la sortit immédiatement après avoir entendu les paroles de son ami. En voyant la créature adverse, il fut un rien déçu par le général. Le monstre se tenait sur quatre petites pattes blanches métalliques. Deux grands yeux bleus aux minuscules pupilles noires perçaient un masque de fer pâle légèrement troué ci et là. Une peau sombre se faisait voir à travers ces cavités. Le corps en général était recouvert d'une armure de la même couleur que le masque percé. Tout sur lui et en lui était affûté. Son ventre était à découvert et sur son dos se dressait un petit aileron d’acier :

« Je te présente Galekid, annonça Naël. C'est le Pokémon Armufer. Tu peux vérifier dans ton livre si tu veux. En passant, il est de type Roche et Acier. »

Lancio ne ressortit pas son index à créatures mais observa son adversaire d’une manière désenchantée :

« Ça va mon garçon ? posa le militaire. Tu as l'air déçu…

-Je ne vais pas te mentir, répondit Lancio, mais… je m'attendais à plus de la part d'un ancien général dorénavant forgeron.

-Tsss… Tu serais étonné de voir de quoi ce Galekid est capable, répliqua Naël. Lorsque j'ai dû le capturer, il m'en avait fait voir de toutes les couleurs.

-Et où l’as-tu capturé ? commença à s'intéresser le jeune.

-Lorsque j'étais en chemin pour venir ici. En fait, il s'était mis au travers de ma route pour me défier. Croyant avoir affaire à une créature faible, je jouai le jeu pour lui apprendre le combat. Ce fut ainsi que je découvris son expérience. Lors de son affrontement contre moi, j'avais l'impression de me battre face à un autre excellent dresseur. Or, ce Galekid était sauvage. J'en avais profité pour établir des liens par cet affrontement et nous sommes devenus d'excellents compagnons… C'est vite résumé mais il n'y a pas besoin de plus de préliminaires… »

Ce discours terminé, Lancio commençait à avoir une légère appréhension face à ce Galekid. La description faite par le général avait l'air experte et précise… Et puis tant pis. Il fallait essayer. Lancio sortit le Chromacristal contenant Tarsal. À première vue, la pierre n'était plus oranger mais commençait à tirer sa coloration du vert. Le jeune garçon regarda Naël, la bouche ouverte mais ne lui posa pas de question quant à ce changement. D'une main sûre, il jeta le cristal vers le terrain. Une lumière plutôt verte illumina les environs. Au milieu de cet éclat se trouvait le petit Tarsal. Toujours avec son air interrogatif et son doigt sur la bouche, il se tourna vers son dresseur comme pour signifier qu'il ne savait pas pourquoi tous étaient sur cette arène. Lancio lui expliqua en quelques mots :

« Tarsal, je te choisis pour combattre ! »

La créature blanche pencha sa tête vers la droite pour enfin se tourner vers le terrain. Elle adopta une convenable position de combat et fit comprendre qu'elle était prête à en découdre. L'autre créature de Lancio, fière de ne pas intervenir dans ce duel, s'assit à l'ombre de branchages dépourvus de feuilles. Elle comptait observer l'affrontement et, éventuellement, apprendre des manières de combat. En orange brûlé se colorèrent ses yeux inspirés d’intérêt :

« Que le combat commence ! cria Naël. Je te laisse le premier mouvement. »…

Hahahahahahahaha. Le premier mouvement…. Hahahaha. Si seulement il en connaissait un ! Il n'a même pas pris le temps de se renseigner sur les capacités. Décidément, on n'en sortira pas. Hahahahaha…

Un blanc dans cette succession d'actions se forma. Galekid en profita pour faire un petit somme. Le général brisa ce grand silence :

« Tu ne les connais pas hein ? »

Lancio fit ‘’non ‘’ de la tête :

« Demande lui de montrer ses capacités, reprit le militaire exaspéré. S'il comprend, il te les montrera. »

Nul besoin de poser la question, Tarsal s'était déjà lancé dans une démonstration de ses talents. Il commença par légèrement déformer l'espace autour de ses mains et créa un genre de vague qu'il projeta directement vers un arbre dont les dernières feuilles tombèrent brusquement :

« Hmmm… Je pense que c'est Choc Mental, s'écria Naël.

-Pardon ? posa Lancio.

-Ce qu'il a utilisé se nomme Choc Mental, instruisit le général. L'utilisateur crée une vague de télékinésie et l'envoie directement sur son adversaire. Cette attaque peut éventuellement donner le statut de confusion.

-Et… En quoi consiste la confusion ? continua le jeune apprenti.

-Tu le découvriras en voyant, répondit le général souriant. »

À peine ces deux, trois mots furent échangés que Tarsal révéla sa deuxième capacité. Il se mit bien droit et ouvrit ses bras afin de chanter quelques notes charmeuses :

« Je pense que c'est Voix Enjôleuse, examina Naël. C'est une attaque spéciale sonore utilisant des tons enchanteurs mais finauds pour tromper l'adversaire et le blesser psychiquement. L'attaque n'échoue jamais.

-Waouh ! s'étonna Lancio. Comment sais-tu tout ça ?

-Ça s’apprend petit à petit ou en faisant des études plus approfondies, déclara le général fier de voir son apprentissage utile porter ses fruits. Tu verras, si tu restes avec moi, tu apprendras beaucoup sur les Pokémon. C'est pas bien compliqué tout de même. En plus, je pense que tu as un index à capacités dans ton répertoire si je ne me trompe. Il ne faut donc pas hésiter à l’utiliser. »

Lancio ne voulant pas ressortir son gros livre d'informations, laissa continuer son maître dans ses explications. Dorénavant, Tarsal mettait ses mains sur son chapeau et attendait on-ne-sait-quoi. Ce fut alors qu'il s'enveloppa d'une myriades de cercles rose et jaunes. Bientôt, il s'effaçait parmi tout ce désordre circulaire sous un bruit glissant sur le pavillon des oreilles. Lorsque tous les disques disparurent, la petite créature blanche avait aussi disparu. Naël rigola d’un coup et Lancio inquiet se mit à la recherche de son Pokémon sous les rires bruyants du général. L'autre créature de Lancio se mit aussi à la recherche du Tarsal absent. Le maître d'armes commençant à calmer son rire expliqua la localisation du petit monstre blanc :

« Hahaha. Lancio, Lancio. Calme-toi. Ça n'était que Téléport. Hahahaha. Tu vas me faire pleurer de rire. Inutile de s’inquiéter. Ce Tarsal est un coquin. Hahahaha. Si tu veux le récupérer, tu devrais aller voir derrière l'arbre où tu l'avais trouvé. »

Lancio s'exécuta encore plus vite que l'éclair. Il courut vers la plantation et miraculeusement, retrouva son compagnon blanc derrière. Le jeune dresseur le prit entre ses bras et le câlina comme s'il ne l'avait plus vu depuis longtemps. Le petit être contre son maître se réchauffait grâce aux émotions émises. L'autre créature de Lancio arriva et s'émeut en voyant son dresseur établir des premiers liens avec ce Tarsal. Il était fier du jeune garçon. Le monstre aux yeux changeants versa une petite larme sous un regard bleu foncé. Il voyait en son maître un être capable d'aimer et de se sortir de situations délicates rien qu'avec son cœur. Il sentait l’amour de Lancio…

Hahahahahaha. C'est mignon n'est-ce pas ? Lancio est tellement traumatisé par la mort de son village que tout est important à ses yeux. Hahahaha. Je tiens à dire que chaque jour, le jeune dresseur se torture l'esprit en repensant à ce piètre et stupide village. Hahahaha. Mais… Faites attention à ce que vous dites. Ce bourg n'était pas rien non-plus. Hahahahaha…

Lancio, son Tarsal contre son épaule, retourna vers son maître d'armes :

« C’est pas trop tôt, s'écria le général. On va le faire ce combat ou tu préfères attendre la nuit pour se faire exécuter par l'assassin terrorisant les habitants de Classifika ?

-La deuxième proposition, répondit ironiquement le jeune garçon pour se consoler de l'acte tendre de tout à l'heure.

-Bon allez ! cria enfin Naël ignorant les paroles de son disciple. Tout le monde sur cette route est parti et la nuit nous attend pour tomber. Je n'ai qu'une citation pour finir ce discours : ‘’En garde ! ‘’ »

Ils se mirent directement en position sans plus attendre. Du côté du jeune nous avions un Tarsal désavantagé face au côté adverse où un Galekid venait de se réveiller, prêt à en découdre :

« A toi l'honneur, Lancio. »

Sans plus attendre et sans trop réfléchir, le jeune ordonna à Tarsal :

« Utilise Choc Mental ! »

Le petit être blanc créa sa faible vague psychique et l'envoya brutalement sur le Galekid. Rien ne se produisit. Le monstre d'acier n'avait rien senti :

« Les attaques Psy ne sont pas très efficaces face au type Acier, enseigna Naël. C'est à mon tour. Utilise Allègement ! »

Galekid se mit à gigoter dans tous les sens. Des étincelles de frottement se formaient. Son armure commençant à devenir orange d’échauffement, était plus malléable. À mesure qu'il bougeait, il perdait un peu de masse et affutait ses côtés pour plus de légèreté. Bientôt, il serait débarrassé de sa masse d'origine et serait plus vif :

« Maintenant, Bélier ! ordonna le général.

-Essaye de le bloquer avec Voix Enjôleuse ! cria Lancio à Tarsal. »

Le petit être blanc se prépara et se mit en convenable position pour chanter tandis que le monstre ferré se ruait vers lui entouré d'un voile jaune. Ainsi, Tarsal ne fit qu'une seule note que Galekid était déjà à son chevet pour le projeter contre un arbre :

« Allègement a fait ses miracles, proclama le militaire. Galekid ne subit même pas un seul dégât. Ni toi ni ses propres capacités ne le blessent. Tête de Roc et ses bienfaits…, il reprit son sérieux voyant Tarsal se relever. Utilise Tête de Fer !

-Non ! Tarsal, Choc Mental ! s'offusqua Lancio. »

Galekid fonçait tel un Tauros à une vitesse fulgurante. Tarsal, quant à lui, préparait son attaque. L’adversaire était proche mais par miracle, le monstre blanc avait réussi Choc Mental qui toucha sa cible. Au détriment de dégâts importants, Galekid semblait n'être plus sûr de lui et saoul. A dire vrai, il était confus :

« Bien joué Lancio ! complimenta Naël. Je te présente la confusion. C'est un statut dans lequel un Pokémon peut se blesser avec ses propres capacités.

-Ah d'accord ! s'écria le jeune dresseur. Continuons avec Voix Enjôleuse ! »

Le Tarsal ayant repris de la vigueur se releva et sans trop se remettre en bonne position, chanta les quelques notes trompeuses qu'il connaissait. L'adversaire d'acier ne ressentait rien :

« Malheureusement, les capacités de ton Tarsal sont inefficaces face au type de mon Galekid, dit le général. En fait, ton monstre est de type Psy et Fée. Choc Mental et Voix Enjôleuse sont de types Psy et Fée respectivement. Et… les type Acier et Roche y résistent. Galekid possède ces types.

-Ça ne change pas grand-chose, s'écria Lancio. On va gagner, encouragea-t-il sous l'œil fier du forgeron. Continue ! Voix Enjôleuse encore et encore ! »

La créature chapeautée continua et en chanta des plus belles. Pendant ce temps, l'adversaire ne faisait rien. Sachant que les dégâts causés à Galekid étaient mineurs, il n'était pas question de se blesser à cause de la confusion. Cependant, même s'il y avait résistance, la capacité Fée parvenait quand-même à causer des dommages :

« Tu dois sortir de ta confusion Galekid ! pensa tout bas Naël.

-Continue ! cria Lancio à son combattant. »

Bientôt, la situation du combat commencerait à tourner en faveur du jeune. Mais malheur à lui, Tarsal se fatiguait et Galekid sortait petit à petit de son statut négatif. Une fois la confusion évaporée, le général grinça :

« Fort bien ! On a assez joué. Fermons ce combat sur un Fracass'Tête ! »

Personne ne vit rien. La fureur de l'adversaire l'avait rendu vengeur. Sa vitesse avait tout dépassé. Même son crâne brillant d'énergie n'avait pas été aperçu. Un arbre s'était fracturé à cause du choc avec le monstre psychique... Il y avait un perdant et c'était Lancio, bouche bée :

« Et bien mon p’tit, commença Naël, tu t’es bien battu. La plupart des adversaires que j'ai rencontré ne saurait sûrement pas faire un travail égal au tien avec un désavantage comme tu viens d'en avoir. Bravo !

-Euh… Merci Naël, balbutia Lancio quand-même déçu par sa défaite.

-Allez, maintenant on va rentrer, proposa le général. »

Lancio rappela Tarsal dans son cristal et l'autre créature, fière de son dresseur, rejoignit son maître pour repartir :

« Naël ? posa le jeune. Comment est-ce qu'on soigne son Pokémon ?

-Et bien, les Chromacristaux s'en chargent, expliqua le forgeron.

-Et comment ? continua Lancio.

-Personne ne le sait précisément mais apparemment, le Chromacristal analyserait l'état du monstre pour ensuite le soigner. Il n'empêche, ça prend des heures.

-Combien ?

-Ça dépend des blessures. Si elles sont importantes, ça peut durer des jours. Si ce ne sont que des égratignures, quelques minutes suffisent. Si c’est une mise au tapis, c'est plus important. Seules quelques heures permettent le rétablissement. Et lorsque le Pokémon est à la limite de la mort, ça s’allongera pendant plusieurs mois ou plusieurs années. Mais bon, en général, les dresseurs meurent avant leurs compagnons. C'est plus tard par chagrin fort et lien puissant que la créature suit son dresseur décédé.

-Ah d'accord, comprit le garçon. Et si on n'a pas envie d'attendre ?

-On va chez un spécialiste. Un médecin, un sorcier, un mage… des personnes ayant le pouvoir de la magie ou de la science ou même les deux. »

Hahahahaha. Deux défaites en un jour… Pauvre Lancio. Hahaha. Déjà que je ne supporte pas plus d'une défaite… Hahaha. J'imagine maintenant que vous savez où nos héros vont se rendre ? ‘’ sorcier ‘’, ça ne vous dit rien ? Vous êtes bien marrant. Hahahaha. Ah oui ! J'ai failli oublier. Le procès auquel Bouffonnette et moi devons assister a été reporté au prochain chapitre. Vous êtes prévenus comme ça. Hahahahahaha.

Ainsi, nos héros rentrèrent dans la ville. Naël, pour ne pas perdre de temps avant la tombée des ténèbres, coupa par quelques ruelles étroites. Rares étaient les routes principales qu'ils empruntaient. Marchant dans la boue mouillée ou sèche, se trébuchant sur des dalles mal-placées, se serrant contre les parois d'une allée très étroite, ce raccourci les mena tout droit devant la tente de Rita :

« Nous y sommes, commenta Naël. On va soigner ton Tarsal.

-Mais comment tu sais qu'en empruntant tel ou tel chemin, on serait arrivés ici ? questionna le garçon encore impressionné par la connaissance géographique du général qui n'était pas familier des lieux selon ses dires précédents.

-C’est parce que… Je ne saurais pas te l'expliquer maintenant. C'est plus compliqué que ça le paraît, affirma le forgeron. Bon, on entre maintenant ? »

Le voile d'entrée du pavillon laissait une forte lumière jaune le traverser. D'autres lueurs de même couleur trouvèrent leur chemin à travers certains trous sur le tissu. Le vent secouait légèrement tous les voiles et jouait de la musique dans des genres de cloches accrochées sur les bords du toit. L’enseigne aux cycles lunaires était un peu décentrée sûrement par les rafales aériennes et les mouvements de marche rapide des citadins pendant la journée. De vrais troupeaux de Donphan. D'ailleurs, il n'y avait presque plus personne dans la rue. Même la taverne du coin était presque vide. Bien sûr, il restait encore quelques marcheurs nocturnes mais pas pour bien longtemps. Bientôt, ils allaient retourner chez eux et s'enfermer à double tour. Naël entra le premier dans la tente et attira Lancio à l'intérieur. Il faisait bon. Des odeurs agréables montaient à leurs narines. Quelques tiges d’encens brûlaient et faisaient s’échapper de leur bout chaud un parfum subtile et délicat inspirant le sable et les déserts. La pièce était très éclairée. Les flammes des chandelles et des lampes à huiles dansaient sur leur mèche se réduisant ainsi à périr avant la fin de la nuit par manque de cire ou d'autres combustibles. Le feu avalait tout l'air respirable et ne laissait aux visiteurs que de quoi résister. Les livres et les parchemins s'étaient légèrement recourbés à cause de la chaleur dans la tente. Les grigris pendant au plafond se balançaient dans l’espace comme si la vie les animait. Au milieu de la pièce trônaient toujours les chaises et la table bleue sur laquelle quatre bougies étaient posées sur les coins avec un jeu de tarot, une boule de cristal et quelques pièces d'or s'éloignant de l'apparence des Rutereos. Naël écarta quelques bijoux magiques suspendus dans son chemin et signala à son apprenti de s'installer en silence, Rita ayant l'air d'être absente :

« J'arrive, chuchota le militaire. Je vais voir si elle est dans une autre pièce. »

Sans plus de mot, Lancio s'installa, sa créature inconnue sur ses genoux, et laissa Naël accomplir sa quête. L'adolescent, seul avec son compagnon ne savait trop quoi faire pour attendre. Il s'occupait donc à regarder et redécouvrir la tente de Rita. Jetant des clins d'œil à un coin puis à un autre, il ne résista pas à la tentation de lire un grimoire lorsque son regard croisait toutes les couvertures anciennes. Il s'approcha d'une des nombreuses étagères et choisit un livre violet très simple en illustration mais très gros. Il l'ouvrit et lut ‘’ La Magie, Leçons du Grade Jaune ‘’. Prenant une voix basse, notre héros commença à découvrir les écrits de ce grimoire, sa créature s’étant faufilée derrière lui :

« Introduction… Au début d'une vie, pour faire naître un magicien, un genre d'entité mystique élit un être humain normal afin de ne faire qu'un avec lui et prêter des pouvoirs reconnus comme magiques. On appelle ces donneurs de facultés les ‘’graines de magie ‘’. Ces êtres choisissant un élu sans critère spécial sont encore inconnus et nos ressources informatives sur eux sont très limitées mais nous savons qu'ils existent pour les avoir déjà sentis. Le pouvoir de ces graines se manifeste dès le début de la vie d'un magicien. En effet, lorsqu'elle est encore enfante, une personne élue se démarque des autres par sa mémoire et son intelligence. De plus, un contact facile avec les créatures peuplant le monde se fait remarquer ainsi qu'un penchant pour la science… »

Lancio dût interrompre sa lecture. Naël était entré dans la pièce avec Rita un peu fatiguée. L’habillement de la gitane n'avait pas beaucoup changé. Toujours le bandeau violet et orange enroulé autour du front et pendant sur l'épaule, ainsi que ce même maquillage terne très bien couplé aux rides de la bohémienne pour terminer avec les boucles d'oreilles en forme de plumes. Seul sa robe avait différé. Elle était très fine probablement faite de voile et colorée d'un dégradé de violet allant du très foncé au niveau de la poitrine au très clair, presque rose, en allant vers les pieds. Des petits pois blancs en faible quantité allégeaient la force violacée des tons plus ternes. Le vêtement avait de très courtes manches ainsi Rita s'était couvert les bras avec d'autres voiles. Les pieds de la gitane étaient nus. Ses ongles étaient peints en violet. En tout, aux yeux de Lancio, Rita commençait à acquérir une élégance naissante pour le moment, rien de plus. Le charme fut brisée lorsqu’il fallut prendre la parole :

« Ça va Lancio ? demanda piètrement Rita.

-Oui je vais bien. Et toi ? retourna le jeune.

-Un peu fatiguée mais bon, être réveillée en pleine nuit par un bougre comme celui que j'ai à côté de moi me met dans un horrible état, s'indigna la gitane.

-Bagatelles, ricana Naël. Il n'est même pas encore nuit vraiment. Le soleil vient à peine de tomber. On est en soirée.

-Il n'empêche. On ne tire personne de son sommeil. On ne te l'a jamais appris ? gronda Rita.

-C'est la vieillesse qui te rend plus embêtante ou c’est naturel ? taquina le général avec un regard moqueur.

-Prononce encore un seul mot et je te transforme en Magicarpe, menaça la réveillée. Tu sècheras sur le sol, tiens… , revenant à Lancio, Haaan, il n'y a vraiment pas moyen de parler calmement sans lui taper sur les doigts à l'autre. Bon, ce bougre de général m'a dit que tu devais faire soigner un Pokémon. Me voici. Donne-moi le Chromacristal du blessé. Je vais le soigner après quoi je devrais vous parler de quelque chose de très important à tous les deux. Je reviens vite. »

La gitane partit en hâte dans une autre pièce en traversant quelques rideaux faisant office de portes. Sa marche était certes rapide mais gracieuse et les courants d'air s'emballaient dans sa robe. Elle partit telle une reine et reviendrait telle une autre reine. Pendant son absence, Lancio et Naël ne s’échangèrent pas grand mot. Le jeune alla discrètement consulter le livre de tout à l'heure tandis que le général touchait un peu à tout. Il n'était pas très familier avec les équipements de sorcière. La créature inconnue de notre héros partit aussi à la découverte de cette tente. Alors que cette belle compagnie visitait l'endroit, Lancio reprit sa lecture à voix basse :

« ...Ensuite, vers le début de l’adolescence, pendant la puberté et ses transformations, des phénomènes étranges entourent un jeune magicien. C’est à ce moment qu’il faut agir pour le calmer. En général, on l’emmènera chez un sorcier ou un autre praticien de la magie et celui-ci jugera les compétences du nouveau magicien. On lui fera ensuite passer une série d’études différentes si l'expert qui l'a analysé précédemment a décrété que l'école devrait lui être accessible. En fonction de son grade, un magicien se démarque des autres par l'enseignement donné dans chaque échelon. Il faut savoir que ce grimoire revient aux Sorciers de grade Jaune. Par ailleurs, le grade Jaune est le tout premier de tous et accueille donc les magiciens débutants. À chaque grade ses règles principales, voici celles du nôtre :

‘’Il est strictement interdit d'user de la magie. Les études des magiciens jaunes ne sont qu'un genre d'introduction aux autres. On y apprend surtout ce que les humains normaux apprennent dans leurs écoles. En particulier, la science, les mathématiques, l'histoire et la géographie. L'écriture et les langues seront apprises très rapidement.

Du matériel scientifique ainsi que les premiers grimoires dont celui que vous lisez seront offerts. Ces manuels contiendront la majorité des informations apprises en cours.

L'élève devra aussi capturer obligatoirement une créature qui lui correspond. En général, le type Psy et le type Fée sont les plus choisis mais d'autres types sont aussi assez courants comme le Normal. ‘’

Ces règles sont les plus importantes et obligatoires pour chaque grade. Seules les règles d'ordre intérieur peuvent encore différer.

Pour passer à un grade supérieur, l'élève devra remplir un examen théorique portant essentiellement sur la science. Les autres matières se seront réservé une ou deux questions principales de leurs cours. Seuls des magiciens de grade Vert ou plus haut peuvent évaluer le travail d'un Jaune. Enfin, l'élève passera un examen de combat où il devra faire intervenir son compagnon. Cette épreuve est facultative mais peut influer sur les résultats finaux… »

Lancio pris de stupeur s'interrompit. En effet, Naël en touchant à tout, avait fait tomber ce qui semblait être des chaudrons. Le vacarme causé par cette chute amena immédiatement Rita dans la pièce :

« C'est quoi ce bruit de fou ? questionna-t-elle fâchée. Ça m'aurait pas étonné… Encore et toujours le même. Tu es pire qu'un enfant, Naël. Haaan et il a pas fini encore…

-Désolé, répondit piètrement le causeur de troubles.

-Mais qu'est-ce qu'on va faire de lui ? cria-t-elle en retournant dans la pièce d'où elle venait. »

Une fois la sorcière repartie, Naël fit un petit signe à son apprenti ressemblant à un ‘’Désolé ‘’. Lancio, moqueur, sourit puis se tourna vers le grimoire dont la lecture l'informait bien. Tandis que le général allait pour s’asseoir, il continua pour en savoir un peu plus :

« … Après tous ces contrôles, un magicien peut passer au grade suivant qui est celui des Sorciers Orange… »

En survolant rapidement les autres phrases et pages, Lancio remarquait que l'introduction de ce grimoire plongeait de plus en plus dans la formalité que dans l'apprentissage. Il passa donc un gros bloc de feuilles et pût lire ‘’Les premiers cours ‘’ sur le dessus de celle sur laquelle il s'arrêta :

« Avant toutes choses, vous devez savoir qu'être possesseur d'une graine de magie vous rend spécial. Malheureusement, des êtres malavisés ont créé de quoi vous la retirer. Protégez et chérissez donc fort votre pouvoir. »

Notre héros, en lisant cet avertissement, s'étonna. La graine de magie peut donc changer d'élu. Il continua pour voir s'il pouvait en acquérir :

« Il vous est impossible de retirer une graine à quelqu'un. Seuls des sorts de magie noire, une forme de magie illégale pour ainsi dire, y parviennent sans l'accord du possesseur de la graine. Le voleur garde même toute l’expérience de l'ancien magicien qui la détenait. Cependant, il existe des sorts de magie blanche, la légale et celle que vous apprendrez, permettant de transmettre votre graine à quelqu'un d’autre. Ainsi, vous êtes au courant. Donc, utilisez tous les moyens de protection que vous auriez à votre disposition si un jour cela devrait vous arriver.

Passons donc à la première leçon… »

Rita arriva brusquement dans la pièce. Sa démarche était tellement violente qu'elle faillit arracher les tentures lui servant de portes. Elle se jeta sur une des chaises entourant la table bleue et laissa sa main montrer à Lancio le chemin de la table. Le jeune s’assit calmement pour qu’enfin la discussion commencât :

« Alors ? demanda Naël.

-Alors quoi ? retourna Rita. J'ai juste soigné son compagnon. Tu t'attendais à quoi ?

-T’es vraiment pas commode aujourd'hui, râla le général.

-Tu sais pourquoi ? commença à s'énerver la gitane. Parce qu'un idiot a osé me réveiller en pleine nuit.

-On est en soirée, rétorqua le militaire.

-Mais je dormais quand-même, râla la sorcière.

-Écoute Rita… , se fâcha Naël.

-De quoi vouliez-vous nous parler ? intercala rapidement Lancio avant que la situation ne dégénèrât.

-J'y viens, répondit la bohémienne en jetant un sale regard au général. J'ai plusieurs nouvelles pour vous.

-Je vous en prie, pressa le jeune, lesquelles sont-elles ?

-Tu sais, tu peux me tutoyer comme Naël, ricana Rita.

-Pardon, s'excusa le garçon.

-Ne t'en excuse pas. Tu ne peux pas tout savoir, sourit la gitane pour consoler le jeune ignorant. Enfin soit, je vais commencer par votre enquête. J'ai fait des recherches sur l'agresseur qui terrorise Classifika. À vrai dire mes recherches ne sont pas complètes mais j'ai des hypothèses. Je pense que celui qui fait trembler cette ville n'est autre que… l'antique…

-L'antique quoi ? s'impatienta Naël.

-J'y viens, pauvre idiot !… Je pensais donc à l'antique Cavalier Noir, finit par déclarer Rita.

-C'est impossible, reprit le général d'un ton sérieux remontant la curiosité de Lancio et de sa créature mystérieuse. Je me souviens très bien de ce que m'avait conté mes ancêtres auparavant. D'ailleurs quand j'étais petit, je raffolais de tous leurs contes. Dans l'un d'eux, on parlait de ce cavalier. On en disait qu'il était tout de noir vêtu et plus dangereux dans l'ombre que les ténèbres eux-mêmes. Il avait choisi une créature aussi démoniaque qu'il l'était. Son monstre ramassait des os et profitait pour créer une armure à partir de ceux-ci. Chaque fois qu'une nouvelle victime était à leur portée, la bête s'en léchait les babines avant de cracher des piliers de feu et ainsi pouvoir manger sa victime chaude. Les cadavres en étaient déchiquetés et dans des états déplorables. Tous deux étaient impitoyables et impies. Ils étaient aussi acharnés mais avaient tout de même un certain sens de l'honneur. On dit que partout ils semaient la mort et la désolation. Il n'y avait chez eux aucune bonne raison pour laisser quelqu'un vivant. Allant des hommes puis aux femmes et aux enfants humains et Pokémon, ils n'en laissaient pas un seul s'échapper. Toute cette noirceur fut récompensée par un être encore plus sombre que ces deux-là. Le Cavalier Noir fut promu chef de l’Armée des Ombres et reçut un valet dont on dit qu’il n'avait pas de face… »

Juste à la fin de cette remarque, Lancio devint pâle. Il était très passionné par ce que racontait Naël jusqu'au ‘’ Valet dont on dit qu'il n'avait pas de face ‘’. Le jeune trembla. Il pensait en tout et pour tout à… Ikaïn, le Sorcier Sans Visage. Il crut d'abord à une coïncidence pour se consoler mais il ne pouvait pas y avoir dix-mille personnes qui n'avaient pas de visage. La crainte de notre héros s'accentua lorsqu'il continua à suivre le discours du général n'ayant pas fait attention au brusque changement de tête de Lancio :

« …Cet allié était un sorcier doté d'une puissance incommensurable. Son sens de l'honneur était aussi très profond et il était malin ainsi qu'intelligent mais se posait trop de questions sur lui-même et son entourage. Parfois, il trahissait son maître mais toujours en faible gravité de choses... »

Lancio tremblait de plus en plus fort. Les bougies sur la table dansaient elles aussi au rythme de stupeur du jeune dresseur. Il n'y avait aucun doute. Ikaïn était bien celui dont Naël parlait…

Hahahahaha. Me revoilà. N'ayez craintes, je n'ai pas encore fini pour aujourd'hui. Je venais simplement vous ennuyer. Hahahahahaha. Alors, une vague de frissons vous a traversé ? Non ? Personnellement, après une telle nouvelle, je ne serais pas très enchanté… Il faut croire que vous l'êtes. Hahahahaha. Vous êtes épatants et amusants. J'ai vraiment envie de vous égorger. Hahahahaha. Tant que nous y sommes, je vais aussi égorger Lancio. Il n'arrête pas de lire. On ne veut plus d'écriture ! Plus d'action ! Plus d'action ! Hahahaha. Voilà que je délire sur ma propre histoire…

Encore une fois, personne ne remarqua l'état dans lequel se trouvait Lancio. Si, il y avait quand-même sa créature sur ses genoux qui ne comprenait plus rien de ce qu'il se passait. En même temps, elle ne suivait pas l'histoire du général qui, concentré, continuait malgré la peur de son apprenti :

« …Ainsi, l'Armée des Ombres gagna des guerres et des territoires à ne plus savoir les compter. Les morts s'empilaient les uns sur les autres. Le Monde des Spectres était prêt à exploser tellement les âmes ne cessaient d'arriver. Ainsi, on ne pouvait plus arrêter ces massacres en masse. Il y avait cependant, des terres encore lumineuses que l'obscurité n'avait pas encore assombries. Là-bas, les personnes vivaient tranquillement sous le règne d'un roi juste et bon. L'endroit n'avait pas de nom précis. L'Armée des Ombres voulut donc récupérer ce territoire. Cette nouvelle se répandit et parvint aux oreilles du roi juste et bon. Celui-ci entra dans une colère sans sortie. S'il y avait bien quelque chose de détesté dans ces contrées, c'était bien la guerre. Mais il fallut faire face car le tout ne se limitait pas à leurs simples terres ou à la région mais bien à l'avenir du monde. On prépara donc cette guerre. Le nombre de soldats dans l’Armée des Ombres équivalait à peu près celui de l'autre armée. La bataille débuta donc. Elle fut acharnée et très jouée stratégiquement. Le roi juste et bon profitait de sa connaissance territoriale et de ses bonnes positions pour se défendre et attaquer. Face à un tel génie, le Cavalier Noir n'était de taille. Cependant, il misait quand-même sur la détermination et la violente puissance de son armée. De tous côtés venaient des alliés. Certains allaient rejoindre les forces noires tandis que d’autres préféraient les puissances blanches. Ainsi, de plus en plus que la bataille avançait, le royaume du roi juste et bon devenait lumineux. En lui, tout le monde voyait un moyen de vaincre l'Armée des Ombres. Déjà, on cherchait des noms pour ce territoire prometteur remplissant d'espoir. Celui qu'on trouva le plus approprié fut Ormia, divinement lumineuse... Plus tard, après plusieurs années, la guerre se termina. Le gagnant fut la province d’Ormia. Elle chassa l’Armée des Ombres et mit fin aux malheurs causés en scellant tous les soldats sombres dans des ruines qu'on croit être situées sous la province de Malvēïā. Le Cavalier Noir en tout honneur, abandonna le domaine militaire et alla rejoindre son maître qui lui avait tout donné. On ne le revit plus depuis ce jour. Certains disent l'avoir revu mais ils le décrivaient avec une armure différente. Non plus noire mais pourpre. Naturellement, personne ne crut ces témoins et ils furent traités de fous par plus tard. Ce fut ainsi qu’Ormia était devenue la capitale d’Origue et que les puissances divines recommençaient à bénir la région… Le roi juste et bon vécut longtemps et entreprit durant sa longue vie de faire de ses terres le meilleur des royaumes où toutes les nations viendraient de partout et se réuniraient… Ainsi, le roi ordonna aussi à ses fidèles serviteurs d'aller retrouver le Cavalier Noir. Il ordonna aux personnages cultivés et à ses devins et sorcières de faire des recherches sur son ancien adversaire… Personne ne retrouva le Cavalier mais son passé avait été éclairci. Il était auparavant grand chevalier de la Cour, juste et bon, plein d'espérance. Il excellait dans toutes les matières. Il avait même du charme. Enfin soit, tout pour plaire à tous. Il était tellement pur qu’on l'appelait le Cavalier Blanc... Puis un grand malheur lui arriva. Malheur dont on ne sait la nature. Il devint peu après l'horrible Cavalier Noir que les forces du mal avaient choisi… Voilà…

-Et Ormia, quel est devenu son sort ? demanda Lancio encore tremblotant.

-Elle continue de prospérer au centre d'Origue, répondit Naël. On dit d'elle qu'elle inspire la lumière et que le monde divin est plus présent là-bas que nulle part ailleurs.

-Mouais, se satisfit Rita. C'est à peu près ça. Il y a encore d'autres versions de l'histoire comme quoi la province d'Ormia aurait capturé le Cavalier et qu'il se serait enfui par plus tard. Par contre, poursuivit la gitane, je n'étais pas au courant de ce Cavalier à l'armure pourpre. Existe-t-il un autre Cavalier que le Noir ?

-Apparemment oui, approuva Naël. Peu de gens l'on vu mais on dit qu'il avait les mêmes attributs du Cavalier Noir ainsi que ses mêmes habitudes. Il n'avait cependant, pas autant d'influence et de projet que lui.

-Et bien, je suis désolé de te décevoir mais je suis presque sûre qu'il est de retour, annonça la sorcière.

-Mais c'est impossible ! s'écria le général. Il ne saurait plus rien faire. Nos ancêtres ont scellé son armée. Il serait inutile s'il revient.

-Pas tant que ça, ajouta Rita. N'oublie pas que toutes les histoires le décrivent comme puissant. Il n’aurait aucun mal, à lui seul, de faire s'agenouiller Classifika en peu de temps. De plus, il doit sûrement s'être beaucoup entraîné depuis la dernière fois. Peut-être aussi qu'il a acquis des pouvoirs plus dévastateurs qu'avant. N'oublions pas non-plus son valet… D'ailleurs, lorsque Naël en a parlé, je t'ai remarqué trembler Lancio. Serait-ce possible ?

-Oui, j'étais… euh… dans l'histoire comme si je la vivait, répondit le jeune.

-Arrête de mentir maintenant ! se fâcha le général en se levant. Je sais que tu l’as rencontré, ce type sans visage. Tu en avais parlé comme si c'était normal. Tu pensais que je n'y avais pas fait attention ?! »

L'ambiance dans la tente se tendait. Rita qui s'était appuyée sur la table bougea immédiatement son coude après la colère du général pour faire quelques étirements. Lancio n'osait même plus regarder son maître d'armes. La créature sur les genoux de son dresseur était encore plus perdue qu'avant. Naël, voyant devenir les choses pénibles s'excusa :

« Je suis désolé, dit-il. Je n'aime pas les mens…

-On est obligé de mentir parfois, coupa la gitane avec un air de culpabilité sur Naël comme si lui aussi cachait quelque chose. Je vais faire du thé. Quelqu'un en veut ?

-…

-Ne répondez pas tous à la fois surtout, finit par annoncer la sorcière avant de partir dans une autre pièce. »

Hahahahahaha. Une petite dispute bien sympathique. Ça fait toujours du bien de voir des gens qui possèdent des émotions et qui les font valser à tout va. Hahahahaha. Ce petit conte sur le Cavalier Noir m'a fait sourire. Il n’est ni tout à fait faux, ni tout à fait vrai mais c’est pas mal. Il s'approche de la justesse des faits. Hahahahaha.

Lancio et Naël ne s'échangèrent aucun mot. Seule la créature du jeune dresseur était allée visiter un peu les quelques recoins de l'habitation. Enfin, nos héros retrouvèrent leurs langues après que Rita fût revenue. En s'adressant à la créature, elle lui dit :

« Pas très bavards tes deux amis là. Tu résistes toi ? »

Le monstre fit mine de comprendre et adressa un ‘’oui ‘’ de la tête à la gitane :

« Tu es très courageux, ajouta la sorcière.

-Voilà qu'elle commence à délirer, se reprit le général.

-Il s'est enfin réveillé le pauvre forgeron, applaudit la femme.

-On ne te changera pas, maraude, répliqua amicalement le général.

-Pathétique, soupira la sorcière. On revient à toi, Lancio. Alors ? Tu l’as rencontré ? s’intéressa-t-elle.

-Qui ça ? se reprit le gamin.

-Et bien le Cavalier, surenchérit Rita.

-Non mais j'ai vu son valet.

-C'est pas mal. Je t'écoute, annonça la gitane. Commence par le début.

-Naël et moi avions pris la décision d'aller inspecter la chambre de Mitraque, une sorcière décédée de la main du Cavalier Noir apparemment. Nous étions à la recherche d'indices sur les causes de sa mort mais nous n'avions rien trouvé.

-Vraiment rien ? demanda Rita.

-Naël avait déjà fait un tour et n'avait rien trouvé. Je suis allé faire le mien mais ce fut pareil. Rien de rien, affirma le gamin. Lors de la fouille nocturne, quelqu'un d'inconnu était venu me voir dans la chambre. Ne m’attendant pas à une visite, je me suis caché mais il m'avait trouvé et m'avait capturé. Lorsque je me réveillai, j'étais dans un lieu insalubre et puis, je me suis sorti de là et j'ai pu le rencontré. Il s'appelait…

-Ikaïn, le Sorcier Sans Visage, continua la sorcière pour Lancio.

-Mais comment… ? bégaya le jeune.

-En espérant qu'il n'ait pas ramené toute sa famille ici, se déprima la gitane. Ce sorcier est un peu connu par tous. Surtout pour son caractère à doubles tranchants. On ne sait pas vraiment dans quel camp il est… J'aurais dû m'en apercevoir plus tôt. Je ne savais même pas qu'il aurait pu devenir le valet du Cavalier Noir. Pour tant soit peu que le meurtrier soit ce maudit cavalier... »

Petit à petit, tout commençait à s’éclaircir dans la tête de nos héros. Ils savent plus ou moins la réponse à la question ‘’Qui ? ‘’ mais n’en savent rien quant au ‘’Pourquoi ? ‘’ voire ‘’Pour quoi ? ‘’.
Après un moment de blanc respectable, Rita reprit sa discussion :

« Lancio, Naël. J’ai besoin de vous pour vérifier quelque chose maintenant !

-C’est pour quoi ? demanda Naël.

-Allez à la morgue et inspectez les cadavres brûlés, ordonna-t-elle.

-Mais pourquoi ? posa Lancio.

-Vous devez vérifier si on parle bien du Cavalier Noir, expliqua la bohémienne.

-Et comment ? s’insurgea le général.

-Vous observez et vous rapportez. Tout simplement. Si quelque chose vous semble anormal, notez-le. Je serais à même de l’expliquer... Plus vite, cette vérification ne peut se faire que pendant la nuit pas pendant le jour ! Après cette virée, nous continuerons à parler. J’ai encore à vous faire part d’autres nouvelles… »

Sans plus attendre, nos héros partirent laissant Rita seule chez elle. Du moins, c'était la gitane qui les avait chassés de sa tente. Comme promis, Naël et Lancio partirent vers la morgue. En chemin, le jeune garçon était à la réflexion. Lorsque le nom d'Ikaïn avait été révélé, la sorcière semblait être profondément affectée et le montrait par son ton et son air sérieux. Il semblait qu’elle savait quelque chose de grave à propos du mage sans visage. Naël, lui, ne le connaissait que d'attributs, rien de plus. Enfin, la créature inconnue se souvenait du magicien sans face mais avec encore, un léger effroi mais de la reconnaissance tout de même.
Ce même monstre devançait son dresseur et le général sur le chemin de la morgue. Dans la rue, personne. Aucun cri d’enfant s’amusant, aucune réprimande des parents les grondant, aucune marche rapide de personnes pressées. Rien de rien. Heureusement, nos héros ne devaient plus supporter cet environnement vide et froid car bientôt, ils se trouvaient à la porte du lugubre endroit. Ce n'était pas une très grande bâtisse. Peu de cadavres restaient longtemps à la morgue. La majorité du temps, ils étaient soit très vite enterrés soit incinérés complètement. La façade avant était faite de pierre et deux grandes fenêtres permettaient de voir l'accueil à travers le mur de devant. Une porte en bois bien brune permettait aux visiteurs de pénétrer dans les lieux. En réalité, les gens qui entraient et sortaient n'étaient que des médecins et des croque-morts pendant leurs heures de travail. La morgue n'était pas vraiment un lieu réjouissant ainsi, seuls les citoyens y exécutant leur boulot s'y rendaient. Et encore, par superstition, certains ne restaient pas plus de dix minutes dans le bâtiment. L'endroit semblait froid et rigide, voire très inconfortable. Il n'y avait aucun décor fantaisiste et même les couleurs se comptaient sur les doigts d’une main. Ce n'était que du gris et du brun, autrement dit, de la pierre et du bois. Naël saisit la poignée de la porte d'une force raisonnable. Apparemment, elle était fermée. Pas de chance pour eux, il fallait y entrer à tout prix. Ainsi sans être plus embêtés, se faufilant par l'arrière, nos héros trouvèrent des fenêtres dont l'une était à peine ouverte. Le général n'eut qu'à la pousser pour permettre à quiconque de passer. Il fit l'honneur à Lancio d'entrer en premier suivi de sa créature pour suivre le mouvement par la fin. Tels des brigands, ils s'étaient glissés à l'intérieur sans trop de bruit. Bien sûr, l'arrière de la morgue contenait tous les cadavres dont on ne connaissait pas le nom. À genoux, Lancio et Naël avançaient au sol presque prêts à ramper. Pourtant, nul n'était le besoin. Il n'y avait personne dans le bâtiment et encore moins dans les rues. Le mystérieux monstre, en position normale, regardait son dresseur et le général avançant accroupis alors que la Fin du Monde n'aurait réveillé personne dans tout Classifika. Le petit être fit comprendre à son maître qu'aucun citadin ne se trouvait sur les lieux. Le jeune garçon s'en sentant ridicule se releva et dit au général :

« Il n'y a pas besoin de s'accroupir. Il n'y a personne ici à part des morts. Je ne te dis pas non-plus le monde qui circule dans les rues…

-Mouais. Tu as sans doute raison, se convainquit Naël en se relevant. Bon, j'ai vraiment pas envie de passer ma nuit ici. On doit rechercher les cadavres brûlés. Toi, prends les étagères de droite. Je prends celles de gauche, ordonna-t-il. Et allume une chandelle aussi. »

Le gamin éclaira la pièce d’une bougie. Une fois visibles, les corps sans vie avaient trouvé repos sur des genres de grands meubles en bois. Ces mobiliers étaient bruns vernis et paraissait coûter cher. Les tiroirs verticaux où les morts raides étaient rangés s'ouvraient en dessinant un demi-angle droit avec les pieds de l’armoire. De plus, chaque dépouille était emballée dans un linge de coton blanc ou de toile de Manternel. Il suffisait de légèrement défaire les nœuds serrant le tissu pour inspecter l'état de la personne morte. Lancio dénoua les fils une fois, contempla un crâne cassé par un choc avec une arme blanche et passa au deuxième. Celui-ci, montrait des traces d'étranglement et il semblait qu'il avait reçu une quarantaine de coups de couteau. Enfin, il déplia le linge du troisième et contempla une tête brûlée, des mains et un corps dans le même statut, des yeux absents et des cheveux inexistants. On ne l'avait pas raté. Le jeune garçon signala au général qu'il avait trouvé un cadavre recherché. Naël s'empressa de rejoindre le gamin. Avec lui il prit une table d'opération pour coucher le corps qu'ils durent prendre à deux. Une fois le mort déposé, le général commença son inspection sans pour autant prendre de protections :

« Regarde Lancio ! commença-t-il. Celui-là, il a été chanceux. La peau sur ses bras et ses jambes n'a pas beaucoup fondu. Il en reste encore assez pour… »

Voyant que le jeune garçon n'était pas d'humeur riante, le militaire cessa de parler sympathiquement et débuta sérieusement son analyse :

« Plus d'œil, plus de cheveux, presque plus de peau, mais belle dentition, déclara-t-il. »

Le prétendu spécialiste retournait le corps dans tous les sens pour examiner chaque recoin de celui-ci. Il cherchait la chose qui serait spéciale et étrange. Pour ce faire, il devrait même inspecter l'intérieur. Chose commencée lorsque l'extérieur fut fini. La recherche de bizarreries sur la peau externe du cadavre s'était soldée par un échec. Rien de bien anormal. Étrangement, Naël, lorsqu'il devait observer les organes internes du cadavre, commença par le dos. Il tripotait certains os et muscles restants qui à force d'être remués, donnaient une bouillie noire écœurante. Le général descendit vers le bassin lorsqu'il s'arrêta en plein milieu de la colonne vertébrale pour toucher une chose lui semblant étrange au niveau du cœur. Il semblait qu'une source de chaleur émanait de cette partie du corps. Naël approcha son doigt plus confiant. Sans trop se méfier, il se brûla très rapidement. Étonné par cette réaction, Lancio proposa de retourner le cadavre sur le dos et de jeter un œil à l'intérieur de sa cage thoracique. Le militaire, après s'être sucé le doigt plein de matières mortes pour sûrement faire partir la douleur, écarta les côtes de son client. Un jus visqueux et collant qui reliait les os entre eux s’échappa et de longs filaments maintenant ces mêmes ossements s'élargirent à en céder. Nos deux héros dégoûtés se tournèrent la tête pour ne pas voir ce spectacle sanglant. Seule la créature de Lancio attendait patiemment l'exploration plus profonde du mort. Le jeune fut le premier à jeter un coup d'œil dans le corps. Son visage changea tout de suite d'expression. Il y avait à la place du cœur, une petite flamme violette froide qui dansait et hypnotisait le dresseur. Elle était fine et très attirante. Les yeux du gamin brillaient d'admiration. Il ne donnait plus aucune attention au carnage dégoûtant qu'avait causé la dissection du cadavre. Naël à son tour se retourna et vit aussi cette petite flamme brûler. Cependant, le général en était moins attendri. Il nota cette anormalité et pensa à s’enfuir de suite. Les nuits étaient effrayantes à Classifika. En ces jours, on ne savait plus à quoi s'attendre même sous la lumière de la lune. Il rangeait rapidement les ustensiles qu'il avait usé pendant que Lancio cherchait dans l'anormalité mauve une inspiration poétique. Une fois le rangement fini, Naël secoua un peu son apprenti et son compagnon mystérieux, lui aussi captivé par la flamme, pour partir. Les deux compères revenant les deux pieds sur terre, se secouèrent la tête et revinrent à leurs esprits dissipés. Le jeune se leva pour prendre son sac mais il vit qu’il se trouvait à côté de la table d'opération où le mort était couché. Il s'empressa de le prendre sans trop traîner et jeta un dernier regard désolé au cadavre dont la bouche ouverte inspirait l'effroi :

« Pauvre de lui, chuchota le jeune. Il a perdu toute sa vie et ne reverra plus sa famille… Comme c'est triste... »

Le gamin tourna le dos à la dépouille pour s'en aller alors qu'un bruit retint son attention. Un genre de craquement osseux avait été provoqué. Doucement et d'un pas méfiant, l'adolescent se rapprocha du corps sans vie. Il le contempla longuement et ne trouva rien à redire. Il souffla sur la flamme violette pour son plaisir et éteignit celle qui éclairait la pièce. À peine son souffle fut-il fini que sous un cri assourdissant et rempli de souffrances, le cadavre attrapa de sa main répugnante le jeune par le cou et l'éleva en l'air. La créature mystérieuse sursauta et tenta de tirer son maître des affreuses mains de cet agresseur. Le général alerté dégaina son épée et trancha le bras du trépassé hurlant à la mort. Il lui coupa la tête et planta sa lame dans le feu violet servant de cœur. Toute activité de la part du mort-vivant cessa. Lancio tomba par terre et recula en rampant très rapidement avec son sac sous la main. Il se releva et sortit comme un lâche de là où il était entré sans demander son reste et courut en direction de la tente de Rita.

Hahahahaha. C'est bientôt fini, Lancio. La torture n'est pas encore terminée. Hahaha. J'ai bien aimé ton moment gore. Hahahahaha.

Le jeune courait et courait à en perdre son souffle. Il était inquiété mais n'allait pas loin. Il devait accélérer s'il voulait atteindre la tente de le gitane et se consoler là-bas. La peur d'une chose n'étant pas suffisante pour l'apport en vitesse, il lui en fallait une en supplément. Derrière lui, à une centaine de mètres, pausaient obscurément deux figures. L'une avait l'apparence humaine et assez imposante tandis que l'autre était plus féline et s'animait sur quatre pattes. Ces invités commencèrent eux aussi à s’activer rattrapant bientôt le jeune fuyard. Pour combler son malheur, il fallut que Lancio tombât sur les dalles du trottoir à cause de l'une étant mal imbriquée dans les autres. Sa cheville étant touchée par cette accident, il continua en rampant mais sans succès. Il s'arrêta net lorsqu'un cercle de feu l'entoura. Au milieu se trouvaient notre pauvre héros blessé face aux assassins de Classifika, les infernaux eux-mêmes. À travers les flammes, Lancio le voyait. Le mal se sentait et l'imaginer ainsi aurait été le sous-estimer. Une armure noire, un casque noire, une cape noire, un compagnon noir… Tout était noir. Malgré cette chaleur, on sentait une vague glaciale nous traverser. Cette fièvre extérieure paralysait notre héros au sol…

Hahahaha. Je pense que Rita ne s'était pas trompée. Hahaha. Quel imbroglio de folie. Hahahaha. J'ai du mal à m'en remettre de ce rire de fou. Hahahahaha. On se voit au prochain chapitre, mes chers. Hahahahahahahahahaha.
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by julienzen » Mon 04 Apr 2016, 11:26

Intéressant maintenant un tarsal farceur accompagne nôtre jeune ami sella devrait pimenté la chose. :^^:

Très bon chapitre un pleut moin sombre a mon goût mais sinon très bon chapitre. :^^:
Je fait seulement se qui me paraît juste.

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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by monocram » Mon 04 Apr 2016, 11:29

Es-tu sûr d'avoir bien tout lu et tout compris ?Personnellement, je le trouve assez sombre. On voit aussi que la situation commence à monter à la tête des héros. C'est personnel. :^^:

Par contre, je viens de me rendre compte que sans vérification, je fais de rares fautes orthographe. N'y portez pas attention si vous les voyez. En général, ce sont des petites fautes d'accord mais il n'y en a pas à toutes les lignes. ^^"

Sinon... Merci pour ton commentaire Julien.
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by Riku » Sat 16 Apr 2016, 21:47

Ouah, honte à moi, j'ai pas vu le nouveau chapitre :-(
Sur le coup, j'ai rien à dire, juste... J'adore ce chapitre ! :^^:

'Va y avoir de la baston... J'ai hâte de savoir comment Lancio va s'en sortir avec uniquement un Tarsal et... Euh... Son autre Pokémon :hap:
Nan, plus sérieusement, je vois pas comment il va s'en sortir contre... Le Chevalier Noir ? Ou Ikaïn ? J'ai pas compris qui c'était ^^""

(Sinon, j'ai pas vu de fautes d'orthographe...)

PS : Je sais pas si c'est de la sorcellerie, mais, pile quand je lisais le dernier paragraphe, j'écoutais "The Fallen Child" et... Bah, écouter ça et lire le dernier paragraphe en même temps, c'est juste magique *o*
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by monocram » Sat 16 Apr 2016, 21:55

Riku wrote:Ouah, honte à moi, j'ai pas vu le nouveau chapitre :-(
Sur le coup, j'ai rien à dire, juste... J'adore ce chapitre !

'Va y avoir de la baston... J'ai hâte de savoir comment Lancio va s'en sortir avec uniquement un Tarsal et... Euh... Son autre Pokémon :hap:
Nan, plus sérieusement, je vois pas comment il va s'en sortir contre... Le Chevalier Noir ? Ou Ikaïn ? J'ai pas compris qui c'était ^^""

(Sinon, j'ai pas vu de fautes d'orthographe...)

PS : Je sais pas si c'est de la sorcellerie, mais, pile quand je lisais le dernier paragraphe, j'écoutais "The Fallen Child" et... Bah, écouter ça et lire le dernier paragraphe en même temps, c'est juste magique *o*
Je suis super flatté par ton commentaire Riku. Je te remercie pour celui-ci.
C'est pas grave si tu as raté ce chapitre. Je sentais que tôt ou tard tu réagirais. :^^:
Alors si tu veux, l'hypothèse de Rita se basant sur les temps antiques serait que Ikaïn serait le valet ou plutôt dévoué vassal du Cavalier Noir.
Cela dit, comme l'a fait comprendre Naël, il est dit qu'Ikaïn est changeant comme une lame à doubles tranchants. Il n'est pas très fiable si tu veux.

Je ne crois pas au coïncidence. La malédiction monocramienne s'est posée sur ce chapitre. Il n'est donc pas étonnant que tu écoutes cette musique pile au moment crucial.
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by monocram » Fri 15 Jul 2016, 00:02

Après quelque temps de repos, Tenebrae est revenu avec un nouveau chapitre.
Pardonné ma déconnexion à la section fiction du forum mais il fallait que je me repose. Avec tous ces examens !
Aussi, j'ai illustré les raisons pour lesquelles je postais moins dans le Tableau de Bord des Écrits.
Si vous n'avez pas lu ce message et que vous suivez ma fic , je vous suggère de lire le message que j'ai posté dans le topic mentionné plus haut.
Si c'est déjà lu, je vous souhaite une bonne lecture. :^^:

Chapitre 14
Deux cavaliers, deux fous et un gamin...

Hahahahaha. Il est l’heure de terminer l'expédition à Classifika. La fin de la visite de cette ville approche. En même temps, ça me fatiguait. Hahahahahaha. Enfin soit, c'est aujourd’hui que Bouffonnette et moi assisterons au procès. Donc, malheureusement, je me vois dans l’obligation de réduire la fin de l'histoire… À moins que… Je pense que mon esprit diabolique a trouvé une autre solution. Hahahahaha.

Lancio était entouré d'un cercle de flammes violettes menaçantes. Au milieu, notre héros le voyait, son agresseur se tenir devant lui aussi froid et statique qu'une sculpture de glace. Le ciel se recouvrait de nuages noirs rappelant au jeune garçon la destruction de son village. L'air devenait étouffant et sec. La chaleur caniculaire donnait l'illusion d'être en plein été alors que les feuilles mortes tombaient en cette saison automnale. Un éclair fort attiré par cette ambiance fendit la voûte céleste sans une seule piètre goutte de pluie. Du haut de son démon noir, l'assassin de Classifika dévisageait Lancio toujours sans aucun mouvement de la part de chaque partie. Le feu violet dansait comme un fou autour de cette scène silencieuse. Les griffes de la créature infernale s’enfonçaient dans le sol et ses dents grinçaient de menaces. Ce monstre était plus grand que la norme. Il devait mesurer au moins sept pieds contrairement aux quatre pieds et demi de ces congénères. Son corps était noir tandis que son ventre et son museau se dirigeaient vers les tons rougeoyants. Il était caparaçonné d'une armure d'os blancs légèrement troués et brisés. Deux cornes crâniennes se projetaient vers l'arrière. Celle de droite était sectionnée à son bout. Une cicatrice rayait le regard du diable. Une queue fine, souple et pointue s'agitait et fouettait l'air avec impatience. Sur son buste, un minuscule crâne vaudou semblait ne pas tenir en place non plus. Des bracelets osseux s’enroulaient autour des puissantes pattes de la bête. Il ne manquait plus qu'une seule parole pour que la jeune victime se fasse déchiqueter. À la place de cela, le cavalier se pencha d'un peu plus près sur sa monture et grinça :

« C’est donc toi… »

Sa voix plongeait profondément vers les tons graves. Le son qu'il produisait était parfaitement audible et clair mais très apeurant voire sombre, malveillant et démoniaque. Le vent même n'osa emporter ses paroles au loin de peur de se faire punir. Lancio se tut. Il ne répondit pas ou ne réagit en aucun cas. Pareil pour son agresseur. Muets, ils étaient muets et pourtant il aurait été plus enrichissant de parler ou ne serait-ce que communiquer. Mais non, rien… Enfin, le malfaiteur de Classifika descendit de son démon. Cette même bête grogna et aboya en direction de son maître comme si elle attendait un ordre particulier s'avérant définitif pour la vie du garçon au sol mais à la place, le cavalier lui ordonna en un mot sec tiré d’une langue incompréhensible de se taire pendant que lui s'approchait de Lancio. Ses pas étaient lents et le bruit métallique que produisait ses chausses faisait trembler la victime à mesure qu'il se rapprochait. Notre héros détourna son regard. Il savait ce qui allait advenir de lui. Il jeta un dernier coup d'œil vers son bourreau et constata que les dires de la gitane s'avéraient justes. En face de Lancio marchait bien un cavalier et celui-ci, par ses effets, méritait son nom de Cavalier Noir. Son casque aux cornes de métal rappelait celui que Mitraque avait trouvé. Aussi, cette épée dans son fourreau qui trancha la tête de la sorcière et qui croisa le fer avec Naël une fois était bien réelle. Horreur ! Il était trop tard pour notre héros. Sa petite tête subirait un destin pareil. Elle roulerait sur les dalles de la rue et tâcherait la pierre de son sang giclant. Lancio n'en pouvait plus. Les yeux fermés, il voyait son existence défiler. Sa joie, sa vie paysanne mais heureuse, sa famille, ses amis et son compagnon… Le Cavalier Noir se trouvait face au garçon par terre. Pitoyable devenait le nouveau nom de Lancio. Ainsi installé, couché tel un manant dans une pause de supplication de clémence silencieuse… Le son de l'épée du cavalier se frottant contre les parois du fourreau parvint à attirer une larme que notre héros maintenait d’une telle force entre ses paupières qu'elle ne coula point. La victime ne voulut pas voir la couleur de la lame de son assassin. Celle-ci, habilement maniée, fendit l'air le faisant siffler entre les tranchants coupants, amplifiant, par la même occasion, la concentration d'eau des larmes que le futur mort retenait avec peine. L'épée s'approcha brusquement du cou de Lancio et…

Des yeux vides, une bouche béante, une expression d'effroi se dessinaient désormais sur le visage de la victime. La tête au sol, son regard final était tourné vers l'épée noire du Cavalier qu'il tenait entre ses gantelets sombres. La trombine du gamin comme plaqué aux dalles de la rue ne voulut se retirer de son emplacement. Le Cavalier dérangé se détourna de sa première cible et se braqua à droite tandis que Lancio souffla un bon coup, indiquant que son haut était toujours relié au reste du corps. Le garçon était encore vivant…

Hahahahaha. Ouf ! N'est-ce pas. On y était presque. La mort de Lancio a été évitée de justesse. Hahahahaha. Qu'est-ce qui l'a sauvé, vous dites ? … Et bien vous allez le savoir maintenant. Hahahahahaha.

Du coin sombre que le Cavalier observait désormais sortirent Naël et la créature du jeune un regard fâché mais décidé sur le visage. Les yeux du compagnon de la victime s'étaient colorés en un rouge écarlate. Cette couleur inspirait la colère et la furie aux observateurs. Au côté du général se tenait sur deux pattes une créature recouverte de rouille. Deux grands iris jaune de justice s’épaississaient à mesure que la pupille se dilatait ou se rétractait en fonction de l'intensité de l'ombre. À la place de doigts, il était doté de deux pinces dangereusement redoutables créant un trompe-l’œil qui représentait de petits monstres des déserts aux dents acérées. Trois piques le couronnaient. De même, il était facile de l'observer sous trois parties différentes. La tête, le thorax et l'abdomen. La première partie était rougeâtre et paraissait comme aiguisée avec finesse. Celle du milieu était légèrement bombée et dévoilait un métal foncé se mêlant avec les tons vifs de l'armure rouillée. Cette même partie montrait la présence d’épaulettes et révélait dans le dos des ailes transparentes dont les motifs visibles se couplaient bien avec les tons diurnes et nocturnes. La dernière, l'abdomen, était très développée. Deux fines jambes aux pieds pointus dénués de rouille dépassaient de cette partie. Il paraissait léger aux premiers abords et surtout puissant.

À la vue de Naël, un éclat rouge transperça la visière du Cavalier Noir. On ne pouvait savoir s'il était énervé ou content. En tout cas, il paraissait satisfait. De sa voix diabolique, il parla avec le général :

« Naël… Naël… Ça faisait longtemps…, commença-t-il d’un air solennel. J'espère que tu ne m'as pas oublié. Tu te souviens de moi ?

-Comment t'oublier… répondit le forgeron.

-Hahaha. Tu as raison. Je grave au fer rouge mon sceau dans la mémoire des humains. Oh ! Mais, je vois que ton maître a accompli sa mission. J'imagine qu'il est mort…

-Je ne te le fais pas dire, serra le général entre ses dents.

-Il s'était bien combattu. Un puissant homme… loin de me surpasser, cela dit, lâcha le cavalier.

-Tsss… Son décès ne fut pas vain, ria Naël nerveusement mais d'un ton supérieur. Je te rappelle que sans ça, tu ne serais pas là, devant moi, à essayer de retrouver ton armée.

-Hahaha. C'est vrai…, avoua le Cavalier. Sauf que je ne suis pas ici pour mon armée… Enfin… pas pour l'ancienne. »

Un vent glacé soufflait désormais sur cette discussion. Sa froideur paralysait les jambes et les doigts. Bientôt, plus personne ne saurait bouger. Le feu violet qui continuait de danser autour de Lancio, étalé par terre, était le seul à ne pas trop être affecté par cette forte brise gelée. Une brume légère sortait par la bouche de nos héros aux respirations chaleureuses et vivaces s’entremêlant avec l'air froid. La nuit s’annonçait difficile. Les muscles de Naël se crispèrent. Leurs traits étaient plus nets et ressortaient des bandes de cuir qui les entouraient. Par ailleurs, il devait avoir froid. En effet, le général n'était vêtu que d'une cuirasse ne recouvrant pas les bras et d'un pantalon très court, arrivant juste au-dessus du genou. Seule sa cape pouvait le réchauffer. D'ailleurs, il en profita pour enfermer un maximum de son corps à l'intérieur. Le Cavalier, lui, ne semblait pas embêté par l'ambiance et les créatures présentes sur la scène se préoccupaient plus de Lancio que de l'absence de chaleur. Il n'y avait pas un bruit dans la rue. Aucune lumière à part les flammes violette n’éclairait les alentours. Noir profond était le ciel. Même pas un croissant de lune ne rayait de son éclat toute cette obscurité. Le Cavalier reprit la discussion :

« Et si on parlait de toi ? posa-t-il à Naël d'un ton sérieux. Alors ?... Es-tu devenu l'un de ces fameux dix-huit Cavaliers ? »

Le général se tourna vers Lancio. Le garçon étonné par les questions et les connaissances privées du Cavalier Noir envers Naël, décolla son crâne du sol. Il commença à adresser un regard curieux à son maître. L’assassin de Classifika ayant remarqué cet échange visuel indiscret reprit le discours :

« Je déduis que tu l’es devenu et que ce jeune qui a failli se faire trancher la tête allait mourir sans le savoir… Depuis quand caches-tu la vérité à tes compagnons ? »

Lancio regarda le général de manière critique puis colla à nouveau l’arrière de son crâne par terre. Intimement, il commença à réfléchir et à remettre en cause ses relations. Après tout, si Naël qui se disait ami de Lancio, cachait autant de choses, il aurait au moins mérité une réflexion quant à la conservation de leur lien instable. Le général reprit, voyant son disciple déçu :

« Oui. Tu as raison. Je suis devenu l’un des dix-huit, répondit-il au Cavalier. Je suis désolé de te l'avoir caché Lancio mais… , adressa-t-il à la victime.

-Acier, j’imagine, coupa le Cavalier Noir.

-Ni plus, ni moins…, finalisa Naël peu fier de s'être fait interrompre. »

Ainsi, le silence revint. Le général se trouvait déçu de lui-même. Lancio continuait de réfléchir. Le Cavalier Noir, toujours son épée à la main, attendait impatiemment un mouvement de la part de ses adversaires. Les créatures de chacun s’échangeaient une fois des regards complices d'autres fois des regards hostiles. Les flammes continuaient à bouger frénétiquement en cercle. À croire que le calme était un grand ennemi à ne pas briser… Or, au loin, ils entendaient quelque chose ou plutôt quelqu'un émettre un son. Ce courageux briseur de silence s’approchait de plus en plus. Il n'était pas très discret. On l'entendait grincer du lieu éloigné d'où il se trouvait. Cela dit, le bruit qu'il émettait était étrange. Alors qu'il parvenait à l'oreille, on sentait qu'il en manquait un morceau. Lancio savait expliquer pourquoi ce trou sonore venait perturber l'écoute et par là, il savait aussi dire qui marchait là-bas tout comme le Cavalier Noir. Ces caractéristiques de boiteux ne trompaient personne… Désormais, le marcheur inconnu se faisait voir. Pas à pas, lentement mais sûrement, il s'approchait. Lancio jeta un regard inquiet à sa créature et à son maître mais il était trop tard. Un grand manteau mauve foncé se dressait devant la scène. Deux mains squelettiques sortant d'une toge noire aux broderies d'or se tendirent dans l'ombre. L’inconnu, tête baissée et jambes croisées, était arrivé. Des bagues en nombre entouraient ses doigts fins. Il était grand et imposant malgré son corps frêle. Ses habits flottaient au vent lui donnant par là un air légendaire mais inquiétant. Ce fut par de mouvements secs et souples qu'il fit tournoyer au sol autour de lui un pentagramme diabolique tout de bleu illuminé. Le signe s’assimilait à une grande étoile à cinq bras dans lesquels étaient inscrits en langue nécromancienne des mots horribles à mauvaise consonance. L’inconnu leva dorénavant ses mains au ciel et sortit son visage de la noirceur de sa capuche. Le pentagramme brilla de mille feux et commença à émettre de fortes ondes de choc. La toge de son invocateur volait violemment dans tous les sens. De plus en plus, l'étoile de l’enfer s'illuminait, de plus en plus les rafales repoussaient fortement les personnages présents autour de cet imbroglio. Naël qui se défendait contre la force de ces ondes déchirantes lâcha un cri de douleur. La créature recouverte de rouille se mit à ses côtés pour le protéger tandis que celle de Lancio avait rejoint rapidement son dresseur pour utiliser Abri. Le Cavalier Noir, quant à lui, n'en fut pas décontenancé. Son compagnon infernal et lui attendaient bien tranquillement au milieu de toute cette agitation... Enfin, le calme revint petit à petit. La lumière animant le pentagramme perdit son éclat fort et les ondes de choc cessèrent. L'inconnu au milieu abaissa ses bras et adressa au Cavalier Noir :

« Veuillez excuser mon retard, Maître. Je n'ai aucune excuse à vous apporter… La cérémonie peut commencer. L'endroit est prêt à recevoir votre influence.

-Tu peux disposer, Ikaïn, répondit l'assassin de Classifika.

-Bien, Maître, termina le serviteur. »

Il se rangea ensuite à côté du Démolosse qui lui adressa un regard haineux. Naël ne comprenait plus rien. Lancio comprenait à moitié. Le Cavalier avait tout compris :

« Général Nathanaël ou plutôt, Sire Naël, commença l'être sombre. Je ne suis pas ici pour vous spécialement ou pour une quelconque revanche. Bien au contraire, ma venue annonce un nouveau projet. La fin d'une ère remplie de justice corrompue, de droits mal-acquis, de lois injustes et d'autres folies s'approche. La Renaissance arrive ! Il va revenir par nos mains. Tous s’agenouilleront devant lui et le respecteront par le silence de la mort. Tout nous reviendra. Personne ne se mutilera puisque tous seront réduits à l'ombre… Malheureusement, pour mener à bien ce projet, j’ai besoin de Classifika et de ce qu’elle renferme.

-Lâche ! cria Naël. Que comptes-tu faire à cette ville ?

-Et bien, pour être franc, je recherche à la détruire et à profiter de ses ressources comme je l'ai fait avec le village de ce garçon, répondit-il en pointant Lancio »

Le garçon se leva d'un bond. Trop c’était trop. La colère monta en lui. Ses sourcils se froncèrent. Sa bouche se raidit et ses dents se serrèrent. Il referma ses poings et envisagea de passer à la vengeance par la violence. Cependant, Lancio n'était pas de taille. C'était à peine s'il savait tenir face à son maître d’armes. Il se contenta de maudire son adversaire de loin :

« Espèce de saligaud ! hurla le général. Tu n'as vraiment aucun bon sens. Ta justice, garde la ! Si un acte de violence et de tyrannie est appelée justice, autant aller se pendre. Tu n’as rien de bon en toi… Mais pour ton grand malheur, je me trouverai sur ton chemin encore et encore et je combattrai sans relâche pour te défaire à chaque fois comme avant.

-On verra… ricana le Cavalier. »

L'être sombre claqua des doigts. Le cercle aux flammes violette s'éteignit et cessa de danser. Ensuite, le Cavalier se mit à marcher vers le pentagramme dessiné par Ikaïn. En grimpant sur sa monture, il s'adressa à Lancio :

« J'imagine que tu souhaites savoir pourquoi j'ai arraché la vie à ton village ?

-…

-Et bien d'abord, pour m'amuser et ensuite pour permettre à la Renaissance de s'effectuer plus facilement, avoua l'être ténébreux. En effet, ton village renfermait une ancienne relique conçue par l’une des trois grandes divinités… La puissance contenue à l’intérieur est précieuse et très forte. »

Trop fâché, Lancio n'entendit rien. Il regarda son monstre lui aussi en colère. Le jeune dresseur lui fit un signe décidé de la tête. La créature le renvoya à son maître. Ils étaient prêts. Naël se mit en position de combat. Il ouvrit sa cape d'un geste sec dévoilant ses deux fourreaux et en sortit les lames bien rangées. L'éclat rouge perça la visière du Cavalier à nouveau :

« Apparemment vous vous sentez prêts à m'affronter, lança l'assassin. J'ai d'ailleurs besoin de vos âmes. Elles pourraient servir, ajouta-t-il. »

Puis en se tournant vers Ikaïn :

« Quant à toi, vas me chercher un cadavre que j'ai brûlé et entrepose-le dans un lieu caché. Fais attention, ils sont instables la nuit…

-Bien, Maître, finit par dire le Sorcier Sans Visage.

-Comment peux-tu lui obéir comme ça, Ikaïn? se dégoûta Lancio.

-… »

Sans un mot, le magicien s'en alla répondre à l'ordre du Cavalier. Il quitta rapidement les lieux laissant Lancio et Naël face au Cavalier Noir et à son pentagramme :

« -Alors ? Qu’attendez-vous ? provoqua l'assassin en frottant son armure foncée. »

La créature de Lancio prit son dresseur par l'épaule. Son regard s'assimilait à celui du compagnon de Naël, recouvert de rouille. Ses yeux étaient d'un jaune éclatant. Un jaune sable insufflant la probité aux désespérés assoiffés de bonne foi. Il en était fini de la colère, place à la punition. Ce fut le général qui commença :

« Cizayox ! Utilise Reflet ! »

Enfin, Lancio pouvait savoir quel était ce monstre étrange. De plus, il pouvait dorénavant ajouter que le rouillé était de type acier, prédilection de Chevalier Naël. Il ne fallait pas avoir inventé la lampe à huile pour remarquer que cette créature possédait un autre type en plus du premier. Lancio pensa à insecte. Sa spéculation se révélait juste. Pendant ce temps, Cizayox avait crée des espèces d'alter ego un peu partout sur le champ de bataille. Ces copies n'étaient pas très réussies mais toutes se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Impossible de discerner qui était la meilleure et par là, le lanceur de la capacité paraissait intouchable :

« Lancio ! cria Naël. J'aurais besoin de toi pour accomplir un rôle.

-J'écoute, souffla le garçon.

-il faudrait que tu protèges Cizayox lorsqu'il attaquera. Je ne veux pas qu'il subisse des dégâts de contre-attaques, expliqua le général. C’est compris ?

-Ce sera fait, grogna Lancio. »

Au milieu de son pentagramme, le Cavalier observait l'adversaire et ses copies en nombre. Puis il ordonna :

« Trouve le bon est fait fondre son armure… »

Démolosse sauta haut en l'air avec son maître sur le dos. Il fit plusieurs figures acrobatiques arrières pour permettre une meilleure visée. Sa gueule s'illumina d'une gerbe de flammes. Une fois bien chargé de chaleur, la créature cracha son rayon ardent sur les copies de son adversaire. Naël, de son côté, ne voulait pas que Cizayox subisse de dégâts :

« Esquive ! cria-t-il. Et utilise Danse-Lames ! »

Le monstre rouillé s'exécuta et malgré quelques difficultés physiques, il parvint à sauver la moitié de ses reflets. Une fois que le feu cessa, la créature de Naël éleva ses pinces vers le haut puis s'entoura d'une énergie orange. Il paraissait plus fort…

Hahahahahahaha. Intéressant, non… Hahaha. Je suis toujours aussi enchanté de pouvoir vous montrer l'embarras de nos héros dans l'histoire. Cela dit, je m’ennuie un peu. Hmmm… Et bien je vais torturer quelqu'un. Ça m'enlèvera le cafard. Hahaha. Sinon, en vue de notre rendez-vous, Bouffonnette est allée chercher un grimoire qui permettra peut-être de faire durer ce chapitre un peu plus mais… Hahahaha. Je continue…

« Démolosse, Lance-Flamme ! se pressa le Cavalier Noir.

-Non, non, non… ricana Naël. Utilise Plaie-Croix ! »

Le général se tourna vers Lancio :

« Couvre-moi.

-D’accord, affirma le garçon. »

Il fixa brièvement sa mystérieuse créature et lui ordonna :

« Protège Cizayox avec Abri ! »

Le monstre aux yeux changeants ne fit ni plus, ni moins. Il créa le mur de lumière protecteur et attendit que son compagnon de combat attaquât pour passer devant lui et empêcher toute flamme de le toucher. Cizayox fit sortir de ses pinces deux grandes lames verdâtres qu'il croisa perpendiculairement. Ensuite, il s'approcha rapidement de l’adversaire et relâcha son attaque en baissant ses bras et ses lames. Puis, du plus vite qu'il pouvait, il rejoignit son dresseur où un abri le protégerait. Le plan imaginé par le général fonctionnait à merveille. Seul le démon noir adverse subissait des dégâts. Lancio souriait de supériorité. Naël transpirait. Le Cavalier Noir ne paraissait pas inquiet. L'être sombre voyait sa position délicate et ne voulut aller plus loin :

« Et bien. Vos âmes m’importent peu, commença-t-il. Voyez-vous, j'en ai déjà assez. Si tu étais venu plus tôt, Nathanaël, tu aurais peut-être eu une chance de m'arrêter. C'est trop tard. »

Pris d'un spasme de colère, Lancio hurla à sa créature :

« Utilise Puissance Cachée ! »

Le monstre s'entoura d'une aura jaune sable. Une fois bien chargée, il la projeta vers l’adversaire. Démolosse esquiva. Seules quelques dalles volèrent en éclat :

« Et bien, je n'insiste pas plus longtemps. Au revoir… ou adieu, finit par dire le Cavalier »

Il tourna le dos à ses ennemis et disparut lentement dans la basse nuée nocturne au dos de son obscure monture. Lancio et Naël ne cherchèrent pas à le poursuivre. Ils préféraient reprendre leur souffle. Les combattants des deux dresseurs se serrèrent la main et la pince en guise de bon travail. Le général rangea ses épées dans leurs fourreaux et se recouvrit de sa cape. Ses muscles se relâchèrent. Pris de fatigue, il se jeta par terre et souffla un bon coup. Lancio, quant à lui, félicita sa créature avec des phrases entrecoupées par des légères inspirations de fin d’inquiétude. Il finit aussi par rejoindre le général et s'assit au sol :

« Tu n'es qu'un idiot ! lâcha Naël. On ne court pas comme ça dans les rues juste à cause d'un mort-vivant… Regarde ce qu'on a rencontré entre temps.

-… »

Lancio ne savait pas quoi répondre. Il réfléchit et répliqua en un léger murmure :

« … Au moins, je sais désormais qui tu es vraiment… »

Le général ne répondit pas. Il n'était pas déçu par cette phrase mais il pouvait aussi la retourner à Lancio…

Hahahaha. Alors ? Vous allez bien ? Hahaha. Non, je ne pars pas de suite mais j'interromps juste pour vous demander si le côté sombre du Cavalier Noir vous a plu. Maintenant que vous avez rencontré un personnage pareil, il est temps pour moi de décrire tout ce qu'il fait et voit. Hahahaha.

Dans la nuit, il était impossible de le discerner. Il faisait tellement noir qu’on ne différenciait pas son armure et l'obscurité. Il souriait. En fait, cette défaite l'importait peu. Ni Naël, ni Lancio, ni personne ne saurait l'arrêter. Son projet avait atteint un pic grandiose pour que tout s'arrêtât à Classifika. Il ricanait…

Il descendit enfin de sa monture puis il snifa l'air ambiant. Le climat était acide et brûlant comme le sourire derrière son casque. Il rappela dans son Chromacristal Démolosse et se mit à marcher très lentement vers un lieu que l'ombre couvrait. Son valet était là. Il l’attendait. Ce même se prosterna jusqu’à ce que son maître à l'armure foncée fût passé devant lui. Le Cavalier Noir commençait à parler à son valet tout en suivant un long couloir plongé dans les ténèbres:

« Ikaïn. Relève-toi et suis-moi ! dit-il en marchant en première ligne. Quand arriveront-ils ?

-Et bien, celui de Sōlia est déjà arrivé, informa le Sorcier Sans Visage. Celui de Nōlia a bientôt terminé de remonter le Kfär avec un imposant navire. Par contre, il aimerait un remboursement car des voleurs ont osé le piller aux ports de Värm…

-Ces voleurs, ont-ils été tué ? coupa le Cavalier.

-D'après mes informations, l'un d'entre eux a réussi à s'échapper et à garder son butin si lâchement acquis, expliqua Ikaïn, les autres se sont faits décimer par les troupes à bord de la frégate.

-Fort bien. Je veux qu'on envoie une patrouille discrète de Trioxhydre, là-bas, ordonna l'être sombre. Et dis à ton frère qu’il n'aura aucun remboursement… Sinon, ta sœur et ton autre frère ont su venir ?

-Ma sœur arrive. Même si une troupe d’illusionnistes a failli massacrer toute son escorte... Heureusement, les banshees sont arrivées à temps et ont su repousser l'attaque.

-Je vois qu'elles attendent aussi la Renaissance impatiemment. Cela fait longtemps que je n'avais plus entendu parler d’elles, se réjouit le Cavalier Noir. Par contre, que sont les illusionnistes ?

-Personne ne le sait encore précisément. On pense qu'il s'agirait d’une secte de magiciens fanatiques descendant de quelques grands combattants qui étaient intervenus jadis dans la guerre contre l’armée des Ombres… que nous avions perdue.

-En effet, grinça le sombre, que nous ‘’avions’’ perdue. Comme tu dis. Ce n'est plus que du passé… Sinon, celui de Fōlia ne vient pas ?

-Non. Il n'a même pas essayer. La province de Malvēïā lui mange tout son temps. De plus, un ancien sort qu'il maintient en permanence le vide de toute son énergie, développa Ikaïn.

-Maudit soit-il, cracha l'obscur militaire. On lui donne tout et voilà comment il nous est reconnaissant.

-Vous savez tout aussi bien que moi que si Fōlia est prise, nous risquons d’avoir du mal à accomplir la suite de nos desseins, précisa le magicien. Et vous savez aussi, ô combien Fōlia est convoitée. Mieux vaut qu'il reste garder la ville.

-Certes… , céda le Cavalier. Où se trouve celui qui est arrivé ?

-Ne vous inquiétez pas. Il est tout au fond. Continuez tout droit, proposa le sorcier sans visage. »

Voici qu’apparaissait la fin du long couloir. L’assassin de Classifika et son valet venaient de pénétrer dans une nouvelle salle. Elle était complètement vide. Seules les ténèbres la remplissaient en entier. Un bruit grave comme une porte en pierre qui se refermait se fit entendre derrière le dos du Cavalier Noir. Ensuite, Ikaïn prononça à peu près ce mot :

« Diècrâ »

À peine cette expression fut-elle dite que les murs de la pièce s'illuminèrent d'écritures mauves. Le sol trembla. Le Sorcier Sans Visage et son maître furent légèrement secoués. Ils passèrent un petit moment à chercher une position d'équilibre jusqu'à ce qu’une secousse finale vînt les prévenir que le trajet était terminé. Les lettres sur les parois brûlèrent de leur éclat sinistre pour séparer en deux une muraille de briques grises et dévoiler un nouveau passage. Le Cavalier pris d'une soudaine hâte commença à marcher rapidement. Le sentier qu'il empruntait était plus illuminé que le précédent. Des torches flambaient ci et là sur les parois. Ikaïn se mit à suivre son maître en se parant de l’une d'entre elles. Quelques cailloux craquèrent sous les pieds des visiteurs. Des gouttelettes d’eau tombaient des coins les plus humides du plafond. Parfois, des minéraux brillants étincelaient de leurs rares couleurs sombres. Il n'y avait de bruit. Seul le son des chaussures métalliques du Cavalier marchant sur la roche au sol rythmaient cette balade secrète. Le Sorcier exaspéré par cette musique affreuse introduisit une question :

« Suite à l'absence de mon frère, comment organiserons-nous la cérémonie ? Il va nous manquer un membre.

-Je m'en sortirai pour venir en personne, répondit le Cavalier Noir sur un air grave. Cela dit, il sera possible de me remplacer. As-tu apporté un cadavre que j'ai brûlé ?

-Pas vraiment Monseigneur mais c'est vous qui avez tué celui que j'ai apporté, se justifia Ikaïn.

-Comment l'avais-je tué ? demanda le sombre.

-Vous verrez… Je pense que le mort vous fera grand plaisir à revoir, ricana le Sorcier Sans Visage. De même, il m’a demandé plus d'efforts à retrouver que de coutume...»

Ces mots rapidement échangés, ils se turent laissant le Cavalier à lui-même. L’absence d'un membre dans son plan lui déplaisait fortement. Il lui fallait une issue pour pallier à ce manque… mais, le temps n'était plus à la réflexion. Le maître sombre et son valet étaient arrivés. Devant eux, une grande porte en améthyste. Elle était légèrement taillée sur les côtés mais le centre avait su garder sa position naturellement périlleuse. Le Cavalier Noir regarda derrière lui. Il vit Ikaïn et tout le chemin qu'ils venaient d'emprunter plongé dans l'ombre. Un nouvel éclat rouge perça sa visière. Il était adressé au Sorcier Sans Visage qui comprit tout ce que cela signifiait :

« Bien Monseigneur, répondit le dénué de face. Je viendrai vous prévenir lorsque tout sera terminé ou du moins… prêt. »

Il s'en alla en laissant son maître dans l'ombre du sentier. Le Cavalier se retourna vers la porte et poussa légèrement pour l'ouvrir. En entrant dans la pièce, il ne remarqua même pas la décoration intérieure. Ce qui l'intéressait et l'hypnotisait le plus n'était autre qu'un long sourire diabolique montant jusqu'aux oreilles et jouant avec une sphère aux longs cheveux. Cette longue bouche se tourna vers le Cavalier et s’élargit encore plus à sa vue. Un ricanement grinça et fit écho dans toute la pièce...

Hahahaha. Non, je vous promets, ce n'est pas moi dans la pièce. Mon sourire déchire mon visage, certes, mais ce n'est pas moi du tout. Hahaha. Eh ! Mais dites-moi, êtes-vous réveillés ? J'en ai vu qui fermaient leurs paupières. Il faut rester éveillés ! Je ne dors jamais ! Hahahahaha.

Lancio et Naël, tous deux déçus l'un l'autre, se relevèrent pour se diriger vers la tente de Rita. Ils ne souhaitaient pas s'attarder dans la rue plus longtemps. Ils se levèrent et se secouèrent un peu pour se mettre en marche vers leur destination. Derrière eux, le pentagramme qu'avait dessiné Ikaïn commençait à s'assombrir jusqu'à ce que lumière ne fût plus et que la nuit revînt noyer les allées. Tout ce qu'il restait au sol de ce symbole diabolique n'était qu'une marque ayant les mêmes proportions que le pentagramme d'origine. Elle était tracée par des cendres d'un noir brillant des plus élégants. Le vent avait beau souffler mais la poussière sombre restait fixée au sol. Ni Naël ni Lancio ne se retournèrent pour voir derrière. Ils étaient trop perdus dans leurs pensées. La tête tournée vers le sol, ils voyaient défiler bon nombre de briques d'une incroyable ressemblance. La tente de Rita ne se trouvait plus bien loin. D'un pas lourd, ils déambulaient lentement dans toute la rue. Puis, une fois arrivés à destination, Naël poussa péniblement le rideau de l'entrée de la tente comme si le voile était en fer. Le général se jeta sur un coussin par terre, les jambes écartées et les poignets sur les genoux. De sa main, il essuya son front transpirant. Lancio, quant à lui, prit la peine de s'asseoir calmement sur une chaise face à la table de Rita. La créature du jeune dresseur préféra rester dehors au cas où une nouvelle menace se présenterait pendant la nuit. La gitane vint enfin à leur rencontre en passant par le fond de son habitation. En voyant ses invités, elle écarquilla ses yeux de stupéfaction :

« Que… Que… Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle. »

Naël décolla son regard du sol et le retourna à Rita. La bohémienne ne pouvait pas discerner le visage du forgeron tellement sa capuche le masquait mais elle sentait de l’amertume et de la déception dans l’expression obscure de son ami. Elle observa ses invités encore un peu et vit qu'ils étaient d'un rien écorchés sur les bras. De même, Lancio et Naël avaient un teint sale à cause de la poussière qui avait volé pendant leur affrontement avec le Cavalier Noir. Rita se chargea d'aller chercher un peu d'eau pour les laver et du vinaigre pour désinfecter les plaies. Ne voulant les laisser seuls sous aucun prétexte, elle se hâta afin de revenir au plus vite. Une coupe de vinaigre à la main et un morceau de tissu à l'autre, elle nettoya les blessures de Lancio et lui versa un peu d'eau sur les membres salis. Les dents du premier blessé se serrèrent. Le vinaigre sur une écorchure ne pouvait qu'accentuer ses douleurs. Dès qu'elle eût fini avec le jeune, elle s'empressa de courir au parvis de l’autre. Elle trempa à nouveau son morceau de tissu dans le vinaigre et le posa sur le genou écorché de Naël. Le général n’avait pas de réaction particulière. Rita le regarda avec tristesse et lui demanda une seconde fois :

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Ce fut Lancio qui répondit à la place du général :

« Nous l'avons rencontré, ce Cavalier Noir et… par cette entrevue j'ai appris beaucoup de choses sur un ‘ami’.

-Je le savais, murmura Rita qui se leva précipitamment en laissant le général à ses blessures. Il n'est pas trop tard. Racontez-moi tout ce que vous avez vu et entendu. »

Péniblement, Lancio expliqua quelques faits :

« Tu avais raison. Il est enveloppé d'une armure noire et son épée est redoutable entre ses mains. Aussi, Ikaïn est bel et bien son valet…

-Mais ça, je le savais, coupa la gitane. Raconte-moi plutôt la discussion que vous avez tenu et ce qu'ils ont fait.

-Et bien... La conversation fut enrichissante. Je sais dorénavant que cet homme là, dit-il en pointant Naël, est un des dix-huit Cavaliers de l’Ordre et celui d'acier qui plus est. J'ai été gâté sur ce coup là.

-Sinon, il a parlé de la raison pour laquelle il est à Classifika ? interrogea Rita.

-Euh… Non. Enfin… Si. Il a parlé d'un projet qui bouleverserait une ère corrompue. Je n'ai pas trop compris de quoi il parlait mais ça paraît grandiose.

-Aurait-il parlé de quelqu'un en particulier ?

-Maintenant que tu le demandes, il parlait du retour de celui qui changerait un peu tout. Il a même dit que tous s’agenouilleront devant cette personne.

-D'accord… »

La bohémienne prenait des notes dans un petit livre dont le peu de pages était relié d'un cordon épais rougeâtre :

« Qu'est-ce qu'il se passe Rita ? posa Lancio.

-Je… »

Naël coupa la sorcière :

« Il se passe qu’un éventuel retour des forces obscures va se produire mais ça ne trompait personne.

-Pardon ?

-Ils veulent ressusciter une ancienne entité, dit la gitane sur un ton grave.

-Mais quoi ? questionna le garçon.

-Personne ne le sait, expliqua le général toujours la tête baissée. Personne ne l'a jamais vu mais il est le fondateur des ordres obscurs.

-Pas vraiment Naël, reprit la gitane. Il y'a une personne qui l'a vu et qui l'a même tué mais...

-Tu crois encore à cette histoire de héros légendaire élu par les dieux ? ricana Naël.

-Et bien oui, pour ta gouverne, râla Rita. Et puis, après tout, qui l'aurait tué si ce n'est pas un héros ?

-Je peux savoir de quoi vous parler là ? s'offusqua Lancio.

-D'anciens contes et mythes, répondit la sorcière. Lancio, tu dois savoir que Origue est une région où la mythologie règne en maîtresse à part dans quelques contrées. La majorité des personnes croient qu'il existe des dieux ou même un seul. D'autres comme Naël, pensent qu'il n'en existe pas. Seulement, la mythologie de Origue cache d'énormes secrets et oublie de nous parler de tout ce qu'il s'est vraiment passé.

-Arrête de fabuler, cria Naël qui avait relevé sa tête. Il n'y a aucun dieu, aucune autre dimension menant à un autre monde. Il n'y a pas d'armée divine, ni d'armée des Ombres ou des Âmes. Il n'y a pas de héros tombé du ciel. Tout ce qu'il y'a dans ce monde, ce sont des pauvres créatures qui ont besoin d'autres pour effectuer quelque horrible acte. Les guerres. Tes dieux ne les ont pas empêchées.

-Tu sais très bien pourquoi ils ne sont pas intervenus, se fâcha Rita.

-Oui, parce-qu'il n’y en a pas ! cria le général.

-Ah bon ? ajouta la bohémienne. Et tu sais…

-Il suffit ! hurla Lancio. C'est pas bientôt fini ?! On arrête. »

Rita et Naël se regardèrent puis jetèrent un coup d'œil à Lancio avec de la peine dans l'expression du visage. Lancio reprit la parole :

« Nos esprits ont été assez échauffés pour aujourd'hui. Nous allons retourner à l'auberge et nous reviendrons demain pour discuter de ce qu'il s'est passé cette soirée.

-Je comprends, murmura Rita.

-Allez Naël ! On retourne à l'auberge. »

Le général qui avait rabaissé sa tête au sol se leva sans conviction et partit de la tente sans demander son reste. Lancio se redressa sur ses deux jambes d'une manière droite et repoussa sous la table la chaise sur laquelle il était assis. Puis il se dirigea vers la sortie et se retourna vers Rita :

« A demain. Et désolé pour ce qu'il vient de se passer, salua le gamin.

-Non, c'est moi qui m'excuse. Je me suis emportée pour une stupidité…, répondit-elle avec regret. En même temps, je n'ai jamais ressenti ce qu'à éprouver Naël pour ne plus croire en rien… À demain, Lancio. »

Le garçon était parti. Rita prit l'un de ses grimoires, souffla sur toutes les chandelles allumées dans sa tente et partit dans une autre pièce pour aller se coucher en feuilletant quelques pages de son livre…

Hahahaha. Une dispute… Hahahaha. Rita avait raison de dire que cette querelle était inutile. Après tout, les dieux et leurs légendes ne sont que des contes que l'on raconte aux enfants… Stupidité dirons-nous Hahahaha. En ces jours, si vous croisez Lancio, il vous montrera bien que ce ne sont pas des enfantillages…

Naël avait progressé dans la rue sans son disciple. Il paraissait saoul sans avoir bu pour autant. Il zigzaguait manquant de se trébucher à chaque pas. Sur son chemin périlleux, il remarqua les cendres du pentagramme d’Ikaïn qu'il avait vu avant. À cette vue, il reprit un peu de sérieux et l'observa brièvement de plus près. Le général tenta de gratter la poussière noire au sol mais elle paraissait incrustée dans la pierre. Le forgeron ne chercha pas à aller plus loin. Des pensées pessimistes de retour dans la tête, il reprit sa marche douteuse en direction de l'auberge où il logeait. Non loin de lui, il entendait des bruits de pas en course rapide. Puis les sons décélérèrent et revinrent à une cadence de marche normale. Lancio et sa créature flottante l'avaient rejoint et avançait à ses côtés. Le jeune se questionna et repensa à ce que Rita lui avait confié en fin de conversation :

« … Je n'ai jamais ressenti ce qu'a éprouver Naël pour ne plus croire en rien…, avait dit la gitane. »

Qu'est-ce que Naël avait pu éprouver pour ne plus croire en rien ? Que cachait-il encore ? Peut-être cherchait-il à échapper à son passé ? Si c'était le cas, le général aurait du mal à s'en débarrasser, son titre de cavalier étant directement lié au passé…

En chemin, ils ne s’échangèrent aucun mot. Le général déambulait dans la rue comme un bossu, la tête presque collée au sol. Lancio se noyait dans ses réflexions, un doigt sur le menton en regardant dans toutes les directions. Le compagnon du jeune dresseur flottait normalement dans l'air en se réjouissant de l'instant présent sans se rendre compte de la gravité des actes de chacun. À voir sa créature ainsi, Lancio sourit :

« Au moins, il est vite satisfait de chaque situation, sourit le garçon intimement avant de se replonger dans ses pensées. »

Hahahaha. Mais pourquoi Lancio réfléchit autant ? Ça ne sert à rien… Enfin si. Ça peut toujours servir mais pas dans ces cas-là. Hahahahaha. Vous voulez savoir à quoi il pense ?

Lancio failli trébucher sur une dalle mal emboîtée tellement son esprit se distordait et le distrayait. Il se remémorait encore et encore ce que lui avait dit Rita sur Naël mais aussi sur la créature mystérieuse que Lancio avait sous ses ordres. Le jeune garçon repassa même en boucle l’une des récentes répliques du Cavalier Noir :

« Je déduis que tu es devenu un Cavalier de l’Ordre et que ce jeune qui a failli se faire trancher la tête allait mourir sans le savoir… Depuis quand caches-tu la vérité à tes compagnons ? avait dit l'être sombre. »

Pour Lancio, l'évidence venait d'elle-même :

Le jeune garçon ne devait plus se méfier de Naël mais prendre un peu de distances. Pas de trop, au risque de se retrouver seul mais un petit moment de réflexion éloigné du général ferait le plus grand bien aux deux compagnons.

Pendant ce temps, Naël avait avancé trop loin et avait manqué la ruelle sombre menant à l'auberge. Lancio le tira par la ceinture et l'attira au bon endroit. Le gamin s'abaissa de manière à voir la tête du général. Le jeune observa le visage et surtout les yeux du forgeron. Ils étaient à peine ouverts. La bouche de Naël était entrouverte et laissait s'échapper quelques bâillements. Voyant la fatigue de son compagnon, Lancio se tourna vers sa créature et remarqua qu'elle avait encore beaucoup d'énergie à revendre. Le jeune dresseur sourit et se persuada de devenir fatigué. Il prit le bras droit de Naël sur son épaule et l’amena à l'entrée de l'auberge. Une lumière douce et légèrement jaune transparaissait par la fenêtre. Lancio lâcha un moment son fardeau et regarda à travers la vitre. À l'intérieur, il n'y avait rien. Personne n'était assis sur une des tables de la salle à manger. Le gamin laissa sortir un petit rire suivi d'un bâillement :

« Ouh ! Je suis fatigué…, s'écria-t-il. Il faut vraiment qu'on aille dormir. »

Il reprit le bras musclé du général sur son dos, ouvrit la porte, entra et réveilla l’aubergiste au comptoir pour récupérer les clés des chambres de chacun. La créature de Lancio avait réussi à grimper sur le meuble de réception. Elle s'assit et s'étira. Elle s'était vite fatigué. Lorsque l'aubergiste revint avec les clés, il ne remarqua même pas le monstre sur son comptoir. Le réceptionniste replongea tout de suite dans un sommeil profond. Lancio s'empara des objets que lui avait donnés son hôte et fit signe à sa créature de rester là où elle se trouvait pour un petit moment. Le jeune commençait à avoir des douleurs au dos tellement le bras de Naël était lourd. Péniblement et avec beaucoup de difficultés, Lancio grimpa les marches de l'escalier une à une. Cette période de montée paraissait infinie mais le garçon persistait. Arrivé au palier, il se dirigea vers la chambre de celui qu'il portait. Les courbatures étaient infernales et les douleurs lancinantes ne cessaient d'aller et revenir dans le dos du gamin. Il serra les dents. À côté de lui, il entendait un ronflement. Naël s'était endormi sur Lancio. Un filet de salive coulait de sa bouche et se frayait un chemin à travers sa barbe noire pour rejoindre la veste du jeune garçon dégoûté. Du plus vite qu'il pouvait, Lancio ouvrit la porte de la chambre du général et le jeta dans son lit. Ensuite, le gamin souffla un peu et fit tourner ses épaules pour essayer d'apaiser les courbatures. Lorsque la douleur commençait à se dissiper, le jeune s'approcha du général, ajusta la position du militaire sur le lit et le recouvrit de sa couverture. Puis, le gamin se munit d'un morceau de tissu qui traînait et essuya la salive sur la barbe de son maître d'armes. Lancio se dirigeait vers la sortie quand il se rappela du troisième Chromacristal de Naël. Curieux, il revint aux pieds du forgeron et écarta un peu la couverture et la cape qui couvrait le cristal sur la poitrine du général. À la vue du minerai, les yeux du garçon brillèrent. La pierre précieuse se colorait d'un bleu merveilleux, un bleu cobalt. L'âme de la créature à l'intérieur bougeait et se déplaçait au quatre coins de sa cage bleutée. La lueur émise paraissait sereine et juste mais aussi autoritaire. Lancio s'émerveilla quelques instants et puis s'éloigna de Naël en lui remettant la partie de couverture qu'il avait retiré de la poitrine du général. Le jeune essaya de faire le moins de bruit possible en sortant et referma la porte de la chambre tout doucement. Après quoi, il redescendit prendre sa créature qui venait de s'endormir, pour enfin aller se reposer à son tour. Il monta les escaliers à nouveau mais plus rapidement et entra dans sa chambre sans trop de bruit. Il coucha sa créature endormie dans le lit et la couvrit de la belle couverture chaude qu'il avait trouvé. Ensuite, Lancio prit une chaise et s’installa au chevet de son compagnon. Le garçon adopta une position décontractée et ferma les yeux lentement. Avant de s’endormir complètement, il contempla les yeux ouverts et gris de sa créature. Elle dormait bien. Lancio sourit à nouveau pour enfin s’assoupir et entrer au pays des rêves.
À travers la fenêtre principale de l'auberge, un large sourire ricanait :

« Hmmm… C'est de lui qu'on m'a parlé… Mon frère n'avait pas tort, rit-il. Ce garçon paraît normale et inoffensif mais il est courageux et déterminé… Ce qu'il faut absolument détruire pour la Renaissance. Hihihi... »

Sans trop s'attarder autour de cette gargote en piteux état, le large sourire partit pour disparaître dans l'ombre…

Hahahaha. Sinistre non ? Celui qui ricane derrière la fenêtre est l'un de mes personnages préférés. Allez comprendre pourquoi. Hahahaha. Par contre, je vais arrêter l'histoire ici. Je trouve que vous avez reçu assez pour aujourd'hui. Par conséquent, Bouffonnette et moi pourrons assister au procès sans le problème de vous occuper. Hahahaha. Je voudrais bien vous inviter au jugement mais je risque de vous gâcher la suite de l'histoire. Hahahaha. Donc je vous dit : ‘’À la revoyure ‘’ Hahahahahahahahahahahahaha.
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by julienzen » Fri 15 Jul 2016, 13:36

Toujours aussi mortelle j'aime quand les choses reste fixe. :evil:
Je fait seulement se qui me paraît juste.

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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by monocram » Fri 15 Jul 2016, 21:00

julienzen wrote:Toujours aussi mortelle j'aime quand les choses reste fixe. :evil:
Merci pour ton commentaire Julienzen. :^^:
La fin de Classifika est proche. Tout ne restera pas fixe indéfiniment.
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by Ulysse » Mon 25 Jul 2016, 23:21

Ça fait plaisir de revoir tes écrits, marco :3 !!
23:55

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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by monocram » Thu 28 Jul 2016, 12:09

Merci, j'en suis ravi Ulysse :^^:
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by Riku » Sun 31 Jul 2016, 00:17

Hourra, un nouveau chapitre ! :hap:

J'aime tout dedans, en fait. Surtout le combat contre le Chevalier Noir ; c'était tellement cool ! *o*
Je peux pas attendre le prochain chapitre ; le personnage favori du narrateur doit être... particulièrement sympathique :^^:

Sinon, un des "Dix-huit Cavaliers" ? C'est qui eux :-?

Et puis, si je peux poser deux questions...
« Oui. Tu as raison. Je suis devenu l’un des dix-huit, répondit-il au Cavalier. Je suis désolé de te l'avoir caché Lancio mais… , adressa-t-il à la victime.

-Acier, j’imagine, coupa le Cavalier Noir.

-Ni plus, ni moins…, finalisa Naël peu fier de s'être fait interrompre. »
Qu'es-ce que le Chevalier Noir veut dire à ce moment-là ?
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by Colrin » Sun 31 Jul 2016, 10:19

Cela me semble évident. Les dix-huit chevaliers correspondent aux dix-huit types de Pokémon, et Naël représente le type acier.
Dans ce petit espace entre la mort et la vie, c'est là qu'on se sent le plus vivant.

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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by monocram » Sun 31 Jul 2016, 11:02

Riku wrote:Hourra, un nouveau chapitre ! :hap:

J'aime tout dedans, en fait. Surtout le combat contre le Chevalier Noir ; c'était tellement cool ! *o*
Je peux pas attendre le prochain chapitre ; le personnage favori du narrateur doit être... particulièrement sympathique :^^:

Sinon, un des "Dix-huit Cavaliers" ? C'est qui eux :-?

Et puis, si je peux poser deux questions...
« Oui. Tu as raison. Je suis devenu l’un des dix-huit, répondit-il au Cavalier. Je suis désolé de te l'avoir caché Lancio mais… , adressa-t-il à la victime.

-Acier, j’imagine, coupa le Cavalier Noir.

-Ni plus, ni moins…, finalisa Naël peu fier de s'être fait interrompre. »
Qu'es-ce que le Chevalier Noir veut dire à ce moment-là ?
Merci pour ton commentaire Riku ! Je suis vraiment très content de voir que tu aimes ma fiction.

Pour le Cavalier Noir.
Colrin wrote:Cela me semble évident. Les dix-huit chevaliers correspondent aux dix-huit types de Pokémon, et Naël représente le type acier.
C'est tout à fait ça, Colrin. Merci !

Tu peux retrouver l'explication dans le chapitre 12 : Origue et ses origines.
Lorsque Lancio est à la bibliothèque de Classifika avec son Pokémon. Le livre qu'il lit parle de l'Ordre de ces dix-huit Cavaliers qui ont perduré jusqu'à l'époque de notre histoire. Chacun représente un type particulier.
Ainsi, le Cavalier Noir connaissant Naël depuis longtemps, il a su déterminer ce que le général était devenu depuis leur dernière rencontre (en plus de savoir son prénom en entier : Nathanaël)


Voilà.

Merci à vous deux !
Merci aussi aux lecteurs anonymes. Ça fait plaisir de voir qu'on apprécie mon oeuvre.
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by monocram » Sat 10 Jun 2017, 00:40

Enfin ! Après près d'une année sans rien poster je reviens avec mon quinzième chapitre !
Comme le temps fut long, je me permets un petit léger rappel :
Lancio, un jeune villageois, est contraint de fuire son village natal avec une créature qu'il ne connaît pas. Il se trouve être le dernier survivant du village et se rend dans une ville voisine très riche pour conserver sa vie. Cette ville est Classifika, la cité qui lie la logique au mystique. Très vite, il se rend compte que la créature qu'il a sous sa tutelle est inconnue de tous et est spéciale. Là-bas, il rencontre Naël, un ancien général qui lui explique les meurtres qui se produisent tous les jours à Classifika depuis l'arrivée d'un être sombre. Ce même Naël va faire de Lancio son disciple et va l'amener à rencontrer Rita, une sorcière gitane contre qui le jeune garçon combattra avec son compagnon inconnu qui a la faculté de changer la couleur de ses yeux. De même, Lancio enquête avec Naël à propos d'une sorcière décédée à Classifika alors que le général tentait de la protéger contre l'être sombre qui hante la ville. Lancio et sa créature sont notamment envoyés par le général pour fouiller dans la chambre de la sorcière décédée pour voir si elle ne cachait pas quelque chose. Lancio y trouvera un livre très étrange qu'il n'aura pas le temps d'ouvrir car il se fait enlevé par un dénommé Ikaïn, le Sorcier Sans Visage avec qui Lancio échangera quelques mots avant de partir rejoindre Naël. Suite à cet épisode, Lancio et sa créature accompagnés par le général se rendent à la bibliothèque de Classifika pour en savoir plus. Ils trouvent un livre qui relate les origines du monde et d'Origue, la région où se déroule tout cet imbroglio. De même, Lancio s'arme d'une rapière étincelante et capture un Tarsal dans un Chromacristal après avoir croisé le fer avec Naël pour s'entraîner.
Ensuite, ils allèrent chez Rita qui leur dévoila l'identité de l'assassin de Classifika, le Cavalier Noir, un être sombre qui a pris part à la guerre des Ombres et révèle avoir détruit le village de Lancio. De même, le jeune apprend que Naël est le Cavalier d'Acier, un des défenseurs d'Origue aux nombres de dix-huit, chacun un type. Plus personne ne veut de mensonges.

De même, selon Rita, le Cavalier Noir prépare un plan appuyé par son valet, Ikaïn pour détruire la ville. Qui plus est, un être étrange vient de joindre les rangs du Cavalier Noir.
C'est vraiment très résumé (voire mal résumé) mais ça fera l'affaire. Sans plus attendre voici ce que tout le monde (ou presque) attendait :

Chapitre 15
La logique et le mystique brûleront (partie 1)

[Hahahahaha. Bien le bonsoir à vous ! On se retrouve enfin pour continuer dans notre histoire. Alors… où en étions-nous arr… Hahahaha. Vous faites vraiment pitié ! Pourquoi m'adressez-vous une telle mine triste ? Avec ces têtes, vous n'arriverez à rien. Hahahaha. Ah ! Je pense connaître la source de vos maux. Le procès ! Vous voulez savoir comment ça s'est terminé. Et bien, le verdict m'a plu. L'accusé va être torturé pour qu'il avoue ses méfaits. Ensuite, on le brûlera vif sur un bûcher. Il a été dit que certaines séances de martyres seront publiques. L'exécution finale se donnera sur une immense place où des milliers de personnes passent chaque jour. Hahaha. C'est très juteux ! Hahahahaha. Bon allez ! Sans plus de bavardages inutiles, remettons-nous à Lancio…

« Lancio ! Lancio ! criait une voix de femme. Lancio ! Viens ! »

Cet appel était comme transporté par le vent. Toujours, il sifflait la même chose. Toujours dans les ténèbres. Toujours accompagné d'une étrange sensation obscure. Lancio courait à s'en briser les côtes à la recherche de la source de l'appel. Il entendait derrière lui des bruits d'agitation et des grognements menaçants. Des inspirations sauvages et une haleine de bête se dégageaient dans le dos de Lancio. Le jeune se mit à accélérer sa course ne pensant même plus à respirer. La voix continuait son appel :

« Lancio ! Lancio ! »

Mais il ne savait rien de l'endroit d'où cette voix venait. Il se dépêchait pour s'enfuir ou pour atteindre son but invisible. Parfois, dans l’ombre qui entourait le garçon, un minuscule faisceau lumineux paraissait et dévoilait de grands murs craquelés de la même couleur que le sable qui les ensevelissait. En plus d'être poursuivi par des monstres et attendu par une voix, Lancio allait étouffer sous un amas de sable. Tout serait perdu. Le fuyard avait beau accélérer le rythme, il entendait toujours les mêmes bruits devant et derrière lui. Pire ! Il sentait que ses poursuivants le rattrapaient. Ne pouvant courir plus vite, il continua vainement. Il sentit un doigt crochu sur son épaule déchirer sa peau et son vêtement sale. Il saigna à grosse goutte. Cette blessure s’approfondissait à mesure que la ballade se rythmait plus rapidement. Le jeune arracha un morceau de tissu de son habit et dans un mouvement de hâte l'entoura autour de la griffure à l'épaule en serrant comme un forcené. Son bras était désormais trop endommagé pour qu'il pût continuer à s'en servir. Lancio sentait ses jambes ralentir. Il goûtait peu à peu à la douleur que lui causèrent d'autres mains aux griffes acérées dans son dos. Le garçon grinça des dents mais progressait dans sa course. Hurlant à la mort, il criait aussi à la recherche d'aide. Seul son propre écho lui revenait ainsi que la voix ne cessant d'appeler le garçon. Il perdait peu à peu son endurance. Il n'y avait presque plus d'espoir de survivre… mais tout n'était pas terminé du moins, tout ne pouvait pas se terminer ici. Serrant les dents à se les casser, Lancio rassembla des derniers efforts pour persévérer. Son cœur battait à en sortir de sa cage thoracique. Le dos rouge de sang, il continuait à avancer. Tout se ressemblait tellement, qu’il avait l'impression de tourner en rond. Il pouvait reconnaître toujours les mêmes lierres grimpants qui ressortaient des fissures aux murs. Le couloir emprunté ne changeait jamais de largeur et n'avait pas de fin. Le sol ne cessait de faire défiler les mêmes dalles. Le faisceau lumineux apparaissait toujours au même endroit, au même moment. La voix ne cessait d'appeler. Elle paraissait familière. Un mot revenait en un simple refrain : ‘’Lancio’’. Le garçon souffrant n'en pût plus. Il avait beau retenir son sang de couler mais les blessures étaient trop graves. Il se laissa tomber. Les horribles créatures derrière lui se jetèrent sur leur proie. Leurs faces se cachaient dans l'obscurité. Impossible de savoir qui étaient ces prédateurs. Les bêtes avaient des dents pointues mâchant et déchirant la viande d'une violence sans pareille. Lancio sentit des crocs dans son bras blessé. Il cria de douleur. Après avoir goûté au garçon, les sauvages lui arrachèrent son bras en entier pour commencer à le rogner. Lancio hurla à la mort de nouveau et versa une larme de douleur. Il voyait son sang gicler partout à une vitesse élevée. Il apercevait la gueule des bêtes briller de faim malgré le manque de lumière. D'autres crocs plus longs et pointus se plantèrent dans sa jambe. Lancio grinça des dents. Il était fini. Il commençait à doucement refermer ses paupières et céder à la mort. Il se tourna vers un lierre grimpant sur un mur et tira dessus avec la main ensanglantée qui lui restait. La feuille de la plante accueillit la couleur écarlate à merveille. Le garçon tira encore plus fort même si sa main glissait. Les feuilles perdaient leur vert pour se teindre de rouge. Il s'obstinait à tirer le lierre comme si sa vie en dépendait. Le sable tombait sur sa main et se plaquait sur le sang provoquant des picotements sur les plaies. Il souffla et respira un dernier coup. Il sentait les bêtes tirer sur sa jambe pour la séparer du corps du garçon. Lancio essaya encore de mouvoir le lierre en criant à ses agresseurs :

« Non ! »

Le plante grimpante se détacha. Lancio sourit. Le sol s'affaissa et sous le poids de toutes ses créatures, il craqua et se brisa sous la victime dévoilant dans la chute deux parois de falaises isolant dans leur rencontre un long cours d'eau fluorescent de bleu. Le visage couvert de sable et de sang, Lancio inspira et ferma ses yeux. Les créatures qui le dévorait ne paraissait pas savoir nager. Elles allaient mourir noyées. La chute des corps fut longue. Lancio fracassa l'eau de son dos. Un plongeon raté qui gifla les griffures de sa face arrière. La douleur devenait insupportable. La mort s’acceptait plus facilement que la survie. Comme prévu, les créatures sauvages moururent d'avoir avalé trop de liquide. Une dizaine de cadavres flottaient ou coulaient dans l'eau. Bientôt, Lancio allait se rajouter à ce funèbre décompte. En flottant, il se faisait porter par le courant attendant patiemment son heure. La blessure qu'avait causé l'arrachement de son bras répandit son sang partout dans l'eau. Le jeune en perdait trop et trop vite. Cependant, Lancio sentait bizarrement des picotements sur toutes ses plaies. Elles avaient l'air de brûler. Le jeune goûta de l'eau éclaboussée sur ses lèvres. Elle était salée ! Il entendit à nouveau la voix féminine qui l'appelait :

« Lancio ! Lancio ! Lancio ! »

Pendant sa chute dans la rivière bleue, l'appel avait cessé. Il recommença peu après, pendant la noyade des monstres. Comme attiré par cette voix et le mystère qui l'entourait, Lancio utilisa des forces surnaturelles qui lui venaient d'on-ne-sut-où pour agiter son bras restant et ses pieds. Il nagea jusqu’au moment où il fut trop faible pour continuer. La voix était sa motivation. À force d’avancer et de suivre le courant, il arriva à toucher terre. L’embouchure du cours d'eau était un petit espace de pierre où Lancio se trouvait. Sous l’eau, il y avait une grille incrustée dans la roche qui permettait le passage des liquides. D'un seul bras, le garçon s'éleva sur la plateforme rocheuse. Il s'étala par terre pour reprendre son souffle. Après quoi, il contempla ses blessures. À sa grande surprise, les écorchures avaient cicatrisé sans exception et le déchirement principal se recouvrait d'un voile rosâtre parsemé de points blancs. Fût-ce une rivière miraculeuse qui venait d’être traversée ? Lancio ne s'en tracassa point. Il rampa sur le sol jusqu'à atteindre une porte en pierre fermée. D'un doigt instable, il toucha ce qui ressemblait à une serrure :

« Lancio ! Lancio ! »

La voix semblait provenir de derrière cette entrée de roche :

« Lancio ! Lève-toi et prends la clé ! »

Étonné des ordres donnés et du nouveau couplet de la voix, le garçon se dressa sur ses deux jambes non pas sans peine :

« La clé ! insistait la voix de femme. »

Lancio regarda autour de lui. Rien à sa droite, rien à sa gauche. Il n'y avait que des rochers et de l'eau. Mais la voix continuait :

« La clé ! »

Sans trop de conviction, il plongea sa main dans une poche. Rien. Il promena cette même main dans l'autre. Toujours rien… si ce n'était… dans le coin de sa poche gauche ses doigts touchaient un minuscule objet froid. Il l'attrapa et le sortit. Stupeur ! Une petite clé métallique se vantait devant son regard. Elle était grise, pas très brillante mais massive pour sa taille. Elle n'avait rien de particulier :

« Ouvre la porte ! murmurait tendrement la voix. »

Lancio introduisit la clé dans la serrure et tourna deux fois vers la droite. Un déclic se fit entendre. Ensuite, une course lente de rouages tournant se fit ouïr. Peu à peu, la porte s'ouvrait. Lourde, elle se frottait contre le sol créant ainsi un nuage de poussière peu appréciable. Une fois entièrement ouverte, Lancio passa la tête à l'intérieur. Il faisait noir. Il ne voyait rien. En repensant à ses poursuivants de tout à l'heure, il fut saisi d'un frisson. Mais la voix l'appelait :

« Lancio ! Lancio ! »

Comme hypnotisé, le jeune avança malgré l'obscurité, sa curiosité étant puissante. Il s'enfonça dans l'ombre. La porte s'était refermée derrière lui en un claquement très bruyant qui le fit sortir de sa rêverie. Se voyant dans les ténèbres, Lancio cria à la recherche de quelqu'un. Son écho ne lui revint même pas. C'en était trop. Au parvis de la mort et à l'agonie, le garçon se jeta par terre. Il respirait lourdement et péniblement. La voix, quant à elle, se rapprochait plus du murmure que d'une parole audible :

« Lancio ! Lancio ! Lève-toi et avance ! »

Le jeune n'en pouvait plus. La douleur qu'il subissait était torture. Il se laissa mourir dans le noir abandonnant tout espoir de retrouver la personne qui l'appelait avec une voix qu'il connaissait extrêmement bien…

Lancio ouvrit les yeux en sursaut. Il se tourna vers son bras. Le membre était à sa place. Il souleva son habit. Aucune blessure au ventre. Il se tâta le visage. Pas de sang, juste d'énormes gouttes de sueur. Il tendit l'oreille. Pas de bruit ou de voix. Enfin, il jeta un œil aux alentours. Il n'était pas dans le couloir infini en ruine. Il souffla un bon coup et reprit une respiration au rythme normal. Puis il se chuchota :

« Encore ce sale cauchemar... »

Hahahahahahaha. Une mort bien belle ! Je n'aurais espéré meilleure. Hahaha. Les rêves… Ah ! Je peux vous dire que c'est un sujet passionnant que je n'ai cessé d'étudier. Certains magiciens y recherchent des signes. Pour ma part, et en connaissant le cas de Lancio, je pense qu'ils montrent un reflet de la réalité… Hahahahaha. Je vous ennuie avec mes leçons. Je le vois bien. Hahaha. Allez on continue…

Lancio se leva de la chaise où il s'était endormi. Il essuya d'une main son front transpirant. Sans trop faire de bruit, il se dirigea vers le fond de sa chambre où une bassine était remplie d'eau. Il prit les précautions nécessaires pour ne pas faire craquer le plancher et une fois à destination, il trempa ses deux mains dans le liquide incolore pour s'en imbiber calmement le visage. Le jeune répéta le geste trois fois. Puis, relevant sa tête, il s'admira dans le miroir juste en face de lui. Il se voyait, bouche ouverte respirant de grandes bouffées d'air, yeux exorbités par la peur et cheveux décoiffés. Il passa une main mouillée dans sa coiffure pour essayer de l’arranger un peu. Après quoi, il détourna son regard de la glace pour observer les alentours. Il faisait sombre. La lune ne veillant pas cette nuit, les ténèbres en étaient multipliées. Lancio se concentra et fit un nouvel effort pour marcher dans ce noir profond. Ne voulant pas réveiller sa créature ou qui que ce soit d'autre, il avançait sur la pointe des pieds. À un moment, son gros orteil heurta une surface dure. À en témoigner de la douleur et de la consistance, le garçon venait sûrement de trouver une chaise et la table qui allait avec. Serrant les dents, il tâtonna le dessus du meuble à la recherche d'une bougie ou d'une lampe à huile. Lorsqu'il eût trouvé ce qu’il cherchait, Lancio se dirigea vers son lit où dormait son compagnon les yeux ouverts. Le garçon agita ses bras à la recherche de la table de chevet à coté du lit pour y rechercher une allumette. Une fois le petit morceau de bois trouvé, il en gratta le bout sulfureux et fit paraître la lumière. La chambre enfin visible, il se hâta de partager la flamme de l'allumette avec la mèche de la chandelle trouvée auparavant. Puis secouant le morceau de bois en feu pour l'éteindre, Lancio se dirigea vers le pied de son lit, là où se trouvait son sac. Il tira sa bourse prêt de la lumière et s'installa sur la chaise à proximité de la table. Le jeune se tortilla un court moment avant de gonfler ses poumons d'air. Il soupira se disant qu'il ne saurait plus s'endormir à cause de son cauchemar qui venait de reparaître. Le jeune se rappelait la fois où il rêva ces ignominies pour la première fois. Il se trouvait chez ses grands-parents dans son lit. Il devait avoir deux ans de moins. Le cauchemar était tellement fort qu'à son réveil, il attrapa la fièvre. Le lendemain, il avait vomi ses tripes et s'était vidé de ses organes. Il n’avait cessé de se tordre dans tous les sens pour éviter la douleur. D’horribles souvenirs… Des badauds étaient venus le visiter et même des prêtres s'étaient inquiété du sort de Lancio face au monde divin. Pour eux, ce rêve horrible évoquait trop de symboles maléfiques. Le pauvre garçon dût supporter pas moins d'une demi année de cauchemars. À force, il s'en était habitué tout comme les visites qui avaient suivi. De là, il n'attrapa plus de fièvre mais ses rêves devinrent de plus en plus sombres et effrayants. Naïf, Lancio racontait toujours ses cauchemars à tout le monde si bien qu'ayant trop peur de faire de pareils songes, tous les villageois s'en étaient éloigné comme si le jeune était affecté d'une peste dangereuse. Ce fut d'ailleurs à ces moments que son grand-père, pour essayer de lui faire oublier ses tourments et lui mettre des choses plus agréables en tête, lui avait appris à lire. Les premiers essais furent périlleux mais avec le temps, Lancio réussit à discerner chaque lettre et chaque son écrit sur du parchemin. Seulement, les seuls bouquins qu'il lisait n'étaient que des ouvrages racontant les aventures de son grand-père. Pour le jeune lecteur, l'occasion se présentait parfaite pour vérifier son niveau. Très vite, Lancio finit les trois premiers livres sur les périples de son aïeul en un mois et une semaine. Tellement passionné, il continua. Le résultat fut parfait. Non seulement Lancio avait su se débarrasser de son cauchemar mais en plus il avait une envie immense de partir à l'aventure. Et bien, à ces moments, ce jeune ne savait pas qu'il suivrait son grand-père…

Hahahahaha. Quand on y pense, la chose s'avère vrai. Lancio est devenu un aventurier ! Maintenant, ça ne se passe pour l'instant qu'à Classifika. C'est embêtant… Hahahahaha. Mais ne vous inquiétez pas, chers lecteurs. Au vue des récents événements dans la ville, Lancio et Naël n'en ont plus pour bien longtemps. Hahahahahahaha.

Lancio savait comment oublier son rêve. Il lui fallait éveiller à nouveau cette envie pour l'aventure et le meilleur moyen pour ce faire en pleine nuit était la lecture. Il sortit de sa sacoche tous les livres qu'il possédait. Parmi ceux-ci, on observa le répertoire qu'avait offert Rita, le livre sur les origines d'Origue volé à la bibliothèque de Classifika et un bouquin n'ayant pas de titre. Le dernier ouvrage rappela à Lancio sa rencontre avec Ikaïn dans la chambre de Mitraque. Par ailleurs, le mage sans visage avait accordé une importante valeur à ce livre. Il avait dit :

« Reprends ça avec toi. Je suis étonné et d'un rien déçu car j'avoue l'avoir ouvert et à ma surprise, rien n'était écrit à l'intérieur. En tout cas, personne ne doit mettre la main dessus si ce n'est toi. »

Lancio intrigué par le contenu du bouquin fut pris par une envie de le lire. Il plaça le livre devant lui sur la table et l'ouvrit. Bizarrement, le bouquin ne voulait pas révéler son contenu. Il était fermé. Le jeune lecteur étonné réessaya. Il tenta des prises différentes avec ou sans une multitude d'objets. Encore et encore mais rien ne se passa. Les pages restaient collées entre elles et les couvertures semblaient s'attirer l'une l'autre. Impossible de l'ouvrir. Impossible de le lire. Frustré, le jouvenceau rangea ce malheureux bouquin dans son sac. Il n'en restait que deux sur la table. Le répertoire à créature et les origines d'Origue voire du monde. Lancio se rappela à quel point son compagnon aux yeux colorés aimait écouter l'histoire des débuts de la région. Il ne se sentait pas le cœur de continuer sans lui. Il se dirigea donc vers le dernier livre, le répertoire. Il ouvrit lentement l'ouvrage au niveau du début. Après avoir feuilleté des pages sans y porter attention, Lancio tomba sur Cizayox, l'une des créatures de Naël. Avant de se plonger dans la lecture, le jeune admira les illustrations à côté du texte. Un être bipède était dessiné. Une armure rougeâtre et deux énormes pinces représentaient ses moyens de défense. Des ailes fixées à son dos lui donnaient meilleure prestance et un air plus sérieux et puissant. Ses pattes semblaient pouvoir le propulser à des vitesses extraordinaires. Des iris jaunes scrutaient la vaillance des âmes adverses. Au cas où l'adversaire ne plaisait pas à Cizayox, il pouvait lever ses pinces aux motifs de la peur et intimider la créature jugée comme indigne d'être combattue. La nature avait fait des plus rares de l'espèce des combattants émeraudes aux sauvages ambitions. Une vague d'admiration s’éleva dans le cœur de Lancio. Cette créature aussi puissante ne pouvait se combiner qu'avec un dresseur de la même envergure. Le jeune voyait l'étendue du rôle de Naël. Seul un Cavalier de l'Ordre avait le don de se faire respecter par les êtres les plus forts de la nature. Mais derrière ce fabuleux pouvoir se tenait une série abominable d'efforts et une fonction de Cavalier lourde à porter. Lancio convoitait et plaignait le général. D'une part, Nathanaël était un homme respecté non seulement par son rôle de Cavalier de l'Ordre mais aussi par sa vocation militaire qui l'avait porté haut dans la hiérarchie qui s'y rapportait. Mais d'un autre côté, il avait le devoir indéniable de protéger tout ce qui vivait. De plus, il avait à administrer une armée mais aussi des personnes partageant ses idées. Et pour porter tous ces poids, il avait choisi un Cizayox pour l'accompagner. Lancio allait vite comprendre les raisons de ce choix…

Hahahahaha… J'ai toujours apprécié avoir une créature pareille à celle de Naël en ma compagnie. La puissance permet de se sentir en sécurité pour certains. Mais pour moi, c'est un excellent moyen d'oppression sur les foules… Enfin, là où je vis, il n'y a plus d'intérêts à oppresser les foules. Hahahahaha…

Le jeune se lança désormais dans la lecture des descriptifs en rapport avec Cizayox. Il commença à chuchoter :

« Cizayox, le Pokémon Pinces de type Acier et Insect est la forme évoluée d'Insécateur. Lorsqu'un Insécateur est prêt pour l'évolution, il se rend dans des terres humides riches en métaux et surtout en fer. Lorsqu'un contact électrique se produit entre un Insécateur et un morceau de métal massif, le Pokémon Insect évolue en Cizayox. L'armure de fer qui recouvre Cizayox lui permet de parer les coups physiques et la robustesse de celle-ci offre des occasions de contre-attaquer au Pokémon Ciseaux. Lorsque Cizayox part chasser, il se sert régulièrement de ses pinces pour attirer ses proies, les intimider en plein combat et les broyer. Les techniques de combat de Cizayox sont très variées. Il peut tout à fait fatiguer son adversaire en multipliant des coups faibles mais rapides tout comme asséner de puissantes attaques dévastatrices. De même, malgré la prise de masse due à l'acquisition de son armure, Cizayox a toujours une certaine capacité de voler. Il ne s'en sert pas comme tel. En général, ses ailes lui servent de support. Elles lui servent à améliorer la longueur ou la hauteur de ses sauts. Qui plus est, elles jouent un rôle important dans le mécanisme de régulation de température interne de Cizayox. Des battements réguliers de ses ailes lui assurent une température interne assez basse afin d'éviter la prise de chaleur et la déformation de son armure. Contrairement à beaucoup d'autres Insect, Cizayox n'émet pas beaucoup de phéromones. En saison des amours, un Cizayox mâle recherche une femelle par des bourdonnements produits au sein même de son armure de métal. Ce moyen d'attraction est extrêmement bruyant en raison des résonances circulant dans la structure métallique de la créature. Par ailleurs, et en général, les Cizayox femelles ont un abdomen plus développé que les mâles. Ceci constitue un moyen précieux pour différencier le sexe des individus. »

Lancio était fasciné par ce qu’il lisait. Il voulait presque posséder un Cizayox. Malheureusement, il passa directement à une partie de la page de description consacrées au dressage de la créature :

« Alors, continua Lancio, où en étais-je… ? Ah ! Voilà ! Dressage de Cizayox, commença-t-il à lire. Les Cizayox sont extrêmement hostiles à tout individu même à leur propre espèce. Un dresseur expérimenté aura du mal à pouvoir dompter pareille créature. La majorité des Cizayox ne se gênent pas de montrer une certaine supériorité méprisante pour leurs adversaires. Par contre, lorsque l'un d’entre eux a été défait, le perdant s'incline en respect pour son adversaire. Pour pouvoir gêner un Cizayox, il est fortement recommandé d'utiliser du Feu où des capacités de catégorie spéciale. En effet, Cizayox jouit d’une excellente défense grâce à son armure mais sa défense spéciale est une faiblesse difficile à cacher. Par ailleurs, le seul type efficace face à lui est bel et bien le Feu. Les dresseurs avides des Cizayox usent de la capacité Lance-Flammes pour arriver à leur fin… »

Lancio garda ces conseils en mémoire. Peut-être seraient-ils utiles en face à face contre Naël et son compagnon rouillé. Le jeune avait tellement hâte de revoir un Cizayox de ses propres yeux. Le soucis résidait dans le choix d’adversaire pour l’Insect rouge. Entre une créature complètement inconnue et un Tarsal, il n'y avait pas de quoi sourire. Plongé dans ses imaginations, Lancio se tourna vers son lit. Son compagnon, toujours les yeux ouverts et gris, semblait avoir sombrer dans un profond sommeil. À cette vue, le jeune dresseur sourit doucement et cligna des paupières péniblement. La fatigue avait réussi à le gagner à nouveau. Lentement, il souffla sur la mèche de la chandelle et déposa sa tête sur ses livres encore ouverts à la page de Cizayox qu’il n'avait pas fini de lire. Ensuite, il bâilla et s’endormit après quelques temps…

Hahahahaha… Comme c’est merveilleux ! Dommage que Lancio n'ait pas terminé la description de Cizayox… J'ai toujours adhéré à la lecture de pareil bouquin. Ils sont si instruisant et me permettent de me faire des idées sur les créatures peuplant ce monde. Créatures pour lesquelles je n'éprouve aucune estime… Il n'y a que Bouffonnette qui a réussi à me montrer ce que je voulais voir à la différence de ces autres monstres. Ma poupée m'a montré… Elle m'a montré… Hahahahahaha. Non, non, non, non, non… Vous devez le deviner. Je pense qu'elle sera à même de vous le montrer en temps voulu. Hahahahaha…

La lumière transperçait de ses rayons la fenêtre de la chambre de Lancio. Dehors, on entendait des foules parler et marcher dans les rues. Des Picassaut prêts à migrer pour l'hiver chantaient leur dernière sérénade automnale. Une cloche résonnait au loin. Des enfants criaient de joie en jouant avec des Rattata. Parfois des cris de marchands retentissaient. La nuit avait disparu et le jour reprenait le relais.
Lancio ouvrit un œil. Il vit une bougie légèrement fondue et éteinte, un des bouquins qu'il avait sorti de son sac la nuit dernière et la porte un peu plus loin. Le jeune décolla sa joue de la page du répertoire sur laquelle il s'était arrêté. Puis, il s’étira lentement et laissa échapper un long bâillement. Il se frotta les yeux de ses poings puis se leva et se dirigea vers la bassine d'eau. Arrivé à destination, Lancio plongea sa tête dans le liquide et resta peu de temps sans respirer. Une fois la tête hors de l'eau, il se munit de savon et frictionna violemment la peau de son visage avec. Puis il déposa le morceau de savon et se rinça en replongeant sa tête dans la bassine. Après quoi, il s'essuya calmement avec une serviette de bain. Ensuite, il alla s’assoir et se tourna vers son lit. Sa créature n'y était pas. Pris de panique, Lancio ouvrit la porte de sa chambre à presque la défoncer et courut à travers le premier étage de l'auberge. Il chercha dans tout le couloir… Sans résultat. Il retourna dans sa chambre, regarda sous le lit, sous les tables et les autres meubles, derrière le miroir, dans la garde-robe où même dans les tiroirs, rien… Puis, en un éclair de lucidité, il se précipita dans la chambre de Naël. Il ouvrit sans frapper et trouva le général par terre, torse nu et complètement détrempé. Il faisait ses exercices étirant et contractant ses muscles massifs. Sur son dos était assis le compagnon de Lancio. Le jeune dresseur soupira. Naël, lui était perdu dans ses pompages :

« 192, 193, 194, 195, compta le général, 196, 197, 198…, 199 et 200. Ouf ! »

La créature de Lancio n'avait pas arrêté d'observer le général pendant tout son entraînement. Une fois terminé elle quitta le dos de Naël et se réjouit de la prochaine session. D'un bond, le général se releva. Il fut surpris de voir son apprenti dans sa chambre :

« Oh ! Mais qu'est-ce que tu fais là ? commença-t-il avec un air sympathique. Je ne t'ai même pas entendu entrer. »

Le jeune un peu fatigué et impressionné par l'extraordinaire musculature de son maître bégaya :

« J-j-je suis venu pour lui, dit-il en pointant sa créature.

-Ça ne m'aurait pas étonné, répondit Naël en se rendant vers sa bassine remplie d'eau. On va descendre ensemble. En attendant, prends place. »

Lancio tira une chaise et posa son derrière dessus. Son compagnon aux yeux désormais jaunes se jeta dans le lit du général. Tout en se rafraîchissant, Naël faisait la conversation à son apprenti :

« Ça va ? T’as passé une bonne nuit ? demanda-t-il.

-Euh… J’ai juste fait un cauchemar… Mais rien de bien palpitant, répondit le jeune. Et toi ?

-Moi, une super nuit. On dort vraiment bien ici. Mais bon… Les récents évènements n'ont pas rendu ma nuit facile aussi. J'ai aussi cauchemardé et je me suis réveillé lorsque les premiers rayons de soleil illuminaient cette chambre. Alors, ne sachant plus retrouver le sommeil, je me suis mis à faire des exercices jusqu'à maintenant. »

Le général regarda dehors :

« À croire que je n’ai pas vu le temps passer. Il est presque midi, s’exclama-t-il.

-Attends… posa Lancio. Tu as commencé au lever du jour pour finir avant midi ? Mais, mais…

-C’est important de s'exercer, coupa Naël.

-Oui mais tes efforts sont surhumains ! s’étonna le jeune garçon. »

Le Cavalier Acier répondit par un sourire puis s'aspergea le visage de jets d’eau. Son apprenti n’en revenait pas. Autant d'heures d'exercices ne pouvaient être effectuées que par des êtres fantastiques. L'admiration de Lancio pour Naël ne cessait de croître. Sa rêverie fut coupée par une demande de son maître :

« Pourrais-tu te retourner un moment. J’aimerais garder un minimum de pudeur, expliqua le général.

-Oui bien sûr. Je comprends, répondit Lancio. »

Après sa tête, Naël dût passer par le nettoyage du reste du corps. Il prit du savon, le trempa dans l'eau et commença sa toilette tout en continuant la discussion avec son élève :

« Lancio, commença Nathanaël, je suis vraiment désolé pour ce qu'il s'est passé la nuit dernière. Et je voulais que tu saches que mon secret de membre de l'Ordre te serait parvenu un jour ou un autre. Alors, je regrette de ne pas t'avoir tout dit de suite et…

-Ne te tracasse pas, interrompit Lancio, tu es tout pardonné mais tu n'as pas à te reprocher ta propre vie. C’est plutôt à moi de te présenter mes excuses. J'aurais dû t'expliquer mon aventure face à Ikaïn. Je suis désolé…

-On est quittes dans ces cas-là, sourit le général. Dis-moi… Tu saurais me passer la serviette sur le meuble à ta gauche ?

-Euh… Oui, balbutia le jeune dresseur. »

Toujours sans porter un regard sur le général, Lancio s’empara de la serviette et tendit son bras vers l’arrière. Une force le tira légèrement en arrière suivi d'un ‘’Désolé ‘’ et d'un ‘’Merci ‘’. Naël avait une forte poigne. Peut-être ne se rendait-il pas toujours compte de sa puissance musculaire. Paré de sa serviette, le Cavalier prit quelques secondes pour se sécher après quoi il enfila des vêtements et permit à son élève de se retourner. Le général était vêtu de la même façon. Des bandes de cuir serraient ses bras. Une cuirasse marron de même matière protégeait son torse. Deux bracelets de fer bien brillants entouraient ses poignets. Un pantalon bleu dont la coupe arrivait à la hauteur des genoux et une ceinture lui suffisait pour se protéger du froid. Ses pieds prenaient l'air dans des sandales couleur caramel. Enfin, le tout était entouré d'une cape bleue cobalt aux bordures dorées et raffinées qui se mariait très bien avec la peau mat de Naël. La touche finale consistait à piquer deux de ses Chromacristaux à sa ceinture et à faire du dernier une broche qui permettait à la cape de tenir sur ses épaules. Cela dit, aux yeux de Lancio, il manquait quelque chose :

« Où sont tes épées ? remarqua-t-il.

-Mes épées ? Elles sont sous le lit, rassura le Cavalier. Je ne m'en sépare que pour manger et dormir… Et en parlant de manger, tu veux rester ici à l'auberge pour le repas du midi ou on va dans une taverne ou autre chose ?

-Je ne sais pas, hésitait le jeune. Et si nous allions simplement chez Rita ? Elle avait demandé de lui rendre visite.

-Oui, c’est vrai, se souvint le général. J'ai failli oublier. Et bien, faisons comme tu dis… Vas déjà saluer l’aubergiste en bas et prépare-toi. Je me pare de mes armes et on pourra y aller. »

Lancio s’exécuta. Au passage, il happa sa créature qui était sur le point de s’endormir à nouveau. Il sortit de la chambre du général, entra dans la sienne et prit son sac après avoir soigneusement rangé les livres dedans. Puis, toujours en tenant sa créature par la main, il descendit les marches de l’escalier deux à deux. Comme convenu, il salua l’aubergiste qui lui rendit un ‘’Bonjour’’ par un signe de la tête. Ensuite, le jeune garçon s’installa dans la salle à manger de la bâtisse bien illuminée, comme tous les matins et se mit à attendre. Pendant ce temps, il contemplait le paysage de dehors. De loin, il voyait marcher des citadins avec des têtes étranges. Certains avaient l'air étonnés, d'autres semblaient complètement désorientés. De même, des sorciers accouraient de plus en plus nombreux dans les rues. Quelque chose n'allait pas…

Hahahahahaha. Bien sûr que quelque chose n'allait pas. Ce ne serait pas amusant si tout allait bien. Il faut se battre pour le repos ! Hahahahaha. Mais il n'empêche, étant connaisseur en étrangetés, voir des gens agir de façon commune au même moment peut-être placé sur l'échelon 3 d’une échelle de la bizarrerie dont le maximum serait 10. Hahahahahaha. Enfin soit, ‘’Qu'est-ce qu'il se trame ?’’ pourrait être une bonne question… Hahahahaha…

Naël ne fit pas attendre son élève bien longtemps. Il descendit rapidement l'escalier, salua l'aubergiste et alla à le rencontre de Lancio. Le garçon montra au général ce qu'il se passait dehors. Intrigués, tous deux sortirent de l'auberge et s'approchèrent des rues. Les citoyens parlaient entre eux en multipliant les expressions d'étonnement sur leurs visages et dans leurs paroles. Nathanaël s'approcha d'un passant un peu à l'écart pour le questionner :

« Bonjour, monsieur, commença par souhaiter le général. Pourriez-vous me donner la raison d'une telle agitation dans ces rues ?

-Vous n'êtes pas au courant ? répondit l'interrogé stupéfait de la question.

-Au courant de quoi ? continua Naël.

-Pendant la nuit, des partisans du Mal ont dessiné pas moins de cinq marques de magie noire… Des pentagrammes… ou appeler ça comme vous voulez, expliqua le citadin. La foule a donc commencé à paniquer. Des magiciens se sont précipité dans les rues et les gardes de la cité ont appelé les Inquisiteurs d'Ormia à la rescousse.

-Tout ça ! cria le général et son élève en chœur.

-Mais ce n'est pas tout ! surenchérit l'informateur. Selon des témoins, les criminels étaient au nombre de quatre. Il y aurait un type en armure, un autre maigre avec une robe, un grand costaud avec une cape et un enfant. Les témoins disent qu'hier pendant la nuit, il y a eu une altercation. Le grand costaud a commencé à attaquer l'homme avec l'armure. Et cet homme a fui juste après l'attaque. Sûrement un règlement de compte. Mais bon… J'ai un conseil à vous donner : Partez !

-Merci pour tout Monseigneur, remercia le général en riant jaune. »

Naël fouilla dans sa poche et sortit deux ou trois Rutereos qu'il tendit à son interlocuteur. L'homme les accepta avec joie. Ensuite, le duo suivi de la créature aux yeux changeants se replongèrent dans la foule et discutèrent en marchant :

« Drôle d'histoire… grinça le général. Le pire c'est qu'on a été vus et déclarés pseudo-complices… J'espère que les sorciers de cette ville et les Inquisiteurs d'Ormia mettront cette affaire au clair. Le Cavalier Noir doit cesser ses méfaits.

-Qui sont les Inquisiteurs d'Ormia ? questionna Lancio.

-Ils sont les représentants de la justice dans la région d’Origue et même dans d'autres régions en fonction des affaires internes et externes et de leur gravité. Ormia est d'ailleurs la capitale d'Origue et elle est pile au centre de la région. Cette province est la seule qui ne compte aucune défaite militaire à son actif. J'ai déjà eu l'occasion de diriger une partie de l'armée d'Ormia. Ce fut une extraordinaire expérience. Notre belle capitale est aussi au centre des mythes d'Origue. Mais tout n'est qu'une longue histoire…

-Et…, posa le garçon, comment se fait-il qu'ils sont en ville, ces Inquisiteurs ?

-Voilà une question dont j'ignore la réponse, avoua Naël. Je pense que c'est en raison de ce que nous a révélé le passant. Tu me demanderas pourquoi ne sont-ils pas venus plus tôt. Je te répondrai que les Inquisiteurs étaient au courant de la situation de Classifika mais ont laissé ces affaires de meurtres aux forces de justice locales. Ce n'est que lorsque des actes de sorcellerie maléfique sont déclarés en même temps de meurtres commis de manière étrange que l'Inquisition vient mener enquête… C'est en fait, une organisation connue mais secrète et dure d'accès. Il n'empêche, je n'aimerais pas me trouver sur leur chemin… En fait, je pense que c'est trop tard, ajouta Naël en pointant discrètement deux hommes en armures étincelantes . Ils nous ont trouvés. Retourne-toi et fais comme si tu ne les avais pas vus.

-On fait quoi maintenant ? chuchota Lancio.

-Ils sont à la recherche d'un homme avec une cape accompagné d'un enfant… En gros, ils nous recherchent. Laisse-moi te dire que s'ils mettent la main sur nous, ça pourrait être douloureux, affirma le général.

-Tu ne peux pas aller leur parler sous ton titre de Cavalier de l'Ordre ? interrogea le jeune dresseur.

-C'est une éventualité, en effet, réfléchit Nathanaël. Mais l'Inquisition ne fait pas passer ce titre avant la justice. Mais je t'expliquerai ça plus tard. Pour l'instant, faisons un tour de la ville. Comme ces Inquisiteurs bloquent l'accès le plus rapide à Rita, on aura du mal à la rejoindre par cette rue. »

Le groupe emprunta des chemins tortueux peu populaires mais assez dégagés. Ces coins sombres et sales étaient réservés aux habitants les plus pauvres de Classifika. Par ailleurs, peu de citoyens vivaient dans ces ruelles. La majorité d'entre eux s'enrichissait avec les commerces et les affaires politiques de la cité. Peu de gens entravaient le bon déroulement de la prospérité de la ville. Classifika ne cessait de fleurir de ses richesses. Ce qui ne s'assimilait pas à ces conditions se trouvait mis de côté, en retrait. Personne n'était dérangé par cette répartition un peu injuste. Seuls les étrangers qui visitaient la ville prenaient peine pour les exclus. Exclus qui n'en avaient strictement rien à faire et qui vivaient dans le bonheur malgré tout.

Hahahaha. J'ai toujours eu Classifika haut dans mon estime ! Jamais de déception. Toujours richesse… Mais je ne parle pas des efforts que doivent fournir tous les habitants de la ville ! Hahahahahaha. Une tâche relativement infernale que de rendre la cité prospère. Cela dit, beaucoup de villes d'Origue sont riches et tranquilles… Ces temps sont révolus dorénavant ! Hahahahaha.

Lancio n'appréciait pas vraiment les routes qu'il foulait. Il avait l'impression de marcher dans un labyrinthe étroit et apeurant. Sa créature, de son côté, appréciait toutes ces balades. Elle aimait visiter tous les recoins de la ville et semblait vraiment satisfaite de ce qu'elle voyait. Naël, lui, n'éprouvait pas grand-chose pour Classifika et ses trésors. La richesse ne l'intéressait pas vraiment. Il trouvait dommage que tous les citoyens se concentraient sur l'argent ou les affaires générales de la région. Le Cavalier Acier préférait les peuples de sa propre nation. Il les trouvait emplis de sagesse et de déférence voire d'humilité. Il repoussait les cités comme Classifika parce que même si elles étaient humbles, la richesse les rattrapait toujours et l'orgueil suivait. Par ailleurs, Naël savourait le fait de gambader dans les rues les plus démunies de la cité. Elles lui rappelaient sa contrée d'origine, l'Origue orientale. Il ne cacha pas ce mal du pays à son élève :

« J'ai toujours aimé ces rues, prononça le général. Les gens qui y habitent me rappellent ma patrie en Orient.

-Ah ! Je vois…, réagit Lancio un peu dissipé et tracassé de marcher dans une flaque de boue.

-Si tu veux, je t'emmènerai visiter mon pays. Tout est tellement beau là-bas ! s'exclama le général.

-Oh oui alors ! Avec plaisir ! se réjouit le jeune apprenti. »

La créature du garçon souriait. Elle semblait intéressée par les dires du général. Après tout, son passé était inexistant. Il fallait lui créer un présent pour son avenir. Et ces temps arrivèrent tôt puisque après avoir emprunté plusieurs suites de ruelles, Lancio, sa créature et Nathanaël parvinrent aux parvis de la tente de Rita. Le général poussa le voile d'entrée et pénétra dans l'habitation mystique. Le jeune garçon et sa créature suivirent. La gitane se trouvait assise au milieu de la pièce. Elle regardait ses visiteurs avec deux grands yeux surpris. Elle se leva, les joues gonflées par la nourriture qu'elle avait entamée et tapa du pied. Elle commença à parler la bouche pleine. Voyant ses visiteurs commencer à rire, la gitane se calma, mâcha et avala les aliments. Elle se fâcha :

« Vous auriez pu demander le permission d'entrer à la place de violer la vie privée des gens ainsi.

-Je ne l'ai jamais fait et ce n'est pas aujourd'hui que je m'y mettrai, répondit le général en riant.

-Diable ! insulta Rita. Je vais t'arracher les yeux ! Je te hais Naël ! Viens ici ! »

Comme un jeune enfant, le Cavalier Acier commença à courir dans la tente pour exaspérer la sorcière. À la vue du visage de celle-ci, l'énervement lui montait à la tête. Elle s'adressa à Lancio :

« Il est comme ça avec toi ?

-Seulement quand il est saoul et encore… Je ne connais pas son plein potentiel , répondit le jeune en perdant le sérieux.

-Ah je vois…, se contenta la gitane sans conviction. Ça suffit ! cria-t-elle à Naël. »

Le forgeron apeuré s'arrêta net. La sorcière vint à ses côtés et lui donna une tape derrière la tête :

« Pauvre fou ! s'offusqua-t-elle. Il n'y a vraiment que toi pour danser tout en sachant que nous sommes le dernier jour de vie de cette ville.

-N'exagère pas, se calma Nathanaël. C'est vrai que la situation devient critique mais…

-Non ! interrompit Rita. La situation est critique ! Des signes inquiétants me sont parvenus… La ville va être détruite aujourd'hui.

-Mais, mais… mais comment ? bondit Lancio.

-Je l'ignore. Mais tout va se passer aujourd'hui. Les signes parlent d'eux-mêmes. Je reviens, se précipita la gitane en partant dans une autre pièce. »

Rita ne prit pas beaucoup de temps à retrouver les preuves énoncées. Lorsqu'elle revint, elle avait trois tasses dont les poignées entouraient trois des doigts de la main gauche de la sorcière. La main droite tenait une aiguille reliée à une ficelle et une boule de cristal. Rita prit la parole :

« Voilà ! commença-t-elle en déposant tous les objets sur sa table. Devant vous se trouvent trois tasses dans lesquelles ont été infusées dans de l'eau bouillante des feuilles mortes récoltées pas plus tard que hier. Voyez leur disposition… »

Lancio, sa créature et Nathanaël s'approchèrent pour observer. Ne voyant rien de flagrant, le jeune garçon commenta :

« Je ne vois pas ce qui cloche…

-Ah bon ? s'étonna la gitane. Tu ne vois vraiment rien ? Serais-tu fatigué Lancio ?

-Non, je ne pense pas, répondit le jeune un peu embarrassé.

-Ne vois-tu pas que les formes des infusions des trois tasses sont les mêmes ?

-Si mais c'est toi qui les a disposées ainsi, sua le jeune.

-Pas le moins du monde, se désola Rita. »

En effet, devant eux, au fond des tasses se dessinaient avec une boue noirâtre une espèce de motif représentant des flammes maigres et étouffées mais pourtant vivaces voire violentes. Pendant que Lancio et sa créature réfléchissaient quant à la signification de ce symbole, Rita, sous le regard de Naël, déposa sa boule de cristal sur un socle doré et raffiné. Elle se para de l'aiguille au bout du fil, se perça le doigt et entoura la pointe de l'aiguille par une goutte de sang. Ensuite, elle commença à faire tourner la pointe au-dessus de sa main droite en tenant le fil par la main gauche. Lorsque l'aiguille finit de tourner, elle se balança non pas d'avant en arrière ou de gauche à droit par rapport à la main mais en oblique. Rita commença son explication :

« Les dessins dans les tasses représentent le Feu des Ombres. C'est une flamme petite et pauvre mais ravageuse et dévorante. Ce symbole est très connu par les mages qui ont participé à la guerre contre l'Armée des Ombres que Naël et moi t'avions résumé. Donc, ce feu est la représentation de la destruction et certains chefs de l'Armée des Ombres s'étaient approprié ce signe. Le Cavalier Noir était le premier à s'en arborer. Les feuilles mortes infusées étant donné qu'elles sont originaires de Classifika sont directement en lien avec la ville et son destin. Elles ont parlé. Maintenant, passons à l'aiguille. Cette technique est généralement utilisée pour savoir le sexe d'un individu lorsque celui-ci est encore dans le ventre de sa mère. Cela dit, lorsqu'on plonge la pointe de l'aiguille dans le sang de quelqu'un, on peut prédire la précarité de sa vie. En gros, c’est pour connaître les probabilités pour qu'un être meure. Lorsque l'aiguille se balance de haut en bas ou de gauche à droite, l'être a des probabilités de vivre plus longtemps. Dans le cas des obliques, il faut envisager une mort prochaine. Ce n'est pas tout. »

Lancio et Naël restaient sans bruit. La créature aux yeux changeants semblaient vraiment poussée par un intérêt envers les techniques de la sorcière. Rita toucha de son doigt la boule de cristal. À l'intérieur commençait à se propager une fumée grise en partant du milieu de la sphère. Ensuite, la gitane écarta ses bras puis rassembla ses mains pour les faire tourner autour de la boule. La fumée paraissait changer. Du gris, elle passa par le bleu puis le rouge et enfin le noir avant de se dissiper :

« Voici, ces couleurs ne sont pas des plus confortables, fit remarquer la sorcière. Le bleu représente le luxe et l'aisance. Le rouge bien qu'il aurait pu représenter l'amour parle de guerres et de sang. Le noir… Je ne vous ferai pas de dessin… »

Laissant ses invités aux méditations, Rita alla ranger ses affaires. Elle n'avait plus beaucoup le sourire. Lorsqu'elle revint, elle parla au général :

« Nathanaël, j'espère que tu ne doutes pas de ma magie…

-Pas le moins du monde, répondit le Cavalier Acier encore stupéfait. J'ai pu voir les effets de la magie et je serai idiot de dire que ça n'existe pas.

-Alors, je n''ai juste qu'une seule requête, posa la bohémienne. Protège la ville. En tout cas, protège surtout les citoyens. J'ai vu en un matin au moins cinquante personnes fuir Classifika. J'ai peur. Tout le monde dans cette cité est en danger…

-Je te promets d’accomplir mon devoir ! clama le général en s'étant levé violemment de sa chaise.

-Merci ! finit simplement par dire la gitane. »

Nathanaël se rassit ensuite. Il voyait la future bataille de Classifika dans son esprit. Il voyait des ravages, une ville en feu, des lumières sinistres et des cris perçants. Il voyait la Guerre et la Mort tous deux réunis dans un espace clos pour semer la désolation dans la ville et en faire un exemple aux yeux des autres. Lancio interrompit les prémonitions du général en lui demandant :

« On ne devrait pas dire à Rita ce qu'il s'est produit avec le cadavre la nuit où on a rencontré le Cavalier ?

-Oui, tu as raison, répondit Naël. »

Le Cavalier Acier se tourna vers Rita :

« On avait oublié de te parler de notre expédition à la morgue…

-Ah oui ! se souvint la gitane. Alors ? Qu'est-ce que ça a donné ?

-Qu'est-ce que ça a donné ? répéta le général. Oh… Et bien, Lancio a déboulé dans la rue en suant comme un Tauros parce qu'un mort l’a élevé dans les airs en l'attrapant par la gorge. C'est tout. Rien de spécial, ricana Nathanaël ironiquement.

-Les temps ne sont pas à la rigolade, général ! s'indigna Rita. Lancio ? Dis-moi ce que tu as vu là-bas.

-Très bien, inspira le garçon. Donc, comme tu nous l'avais demandé, nous sommes allés à la morgue. C'est un endroit très sinistre. Même ma créature ne s'y sentait pas à l'aise. Enfin soit, nous avons commencé par repérer les corps brûlés et à les placer sur la table d'examen. Après quelques… dégoûtantes incisions voire découpages nous avons pu observer qu'à la place du cœur dansait une petite flamme violette captivante avec laquelle nous avons un peu joué pour sûr. Elle était bouillante et les doigts brûlaient à son toucher. Alors…

-Le Flamme des Ombres…, murmura Rita en écarquillant les yeux.

-Que se passe-t-il ? demanda Lancio.

-Combien de cadavres ont été brûlés par le Cavalier ? questionna la bohémienne sur un ton nerveux.

-Mais pourquoi… ? continua Lancio décontenancé.

-Combien ? répéta la gitane en train de s'impatienter.

-Je pense qu'il devait y avoir déjà une vingtaine de morts lorsque je suis venu, calcula Naël. Puis cinq jusqu'à l'arrivée de Lancio pour terminer sur deux. Donc, on aurait à ce jour environ trente morts sans oublier Mitraque mais elle n'a pas été brûlée.

-Trente ? s'étonna Rita en commençant à désespérer.

-Quelque chose ne va pas ? demanda Naël.

-Mais tu es ignorant ou quoi ? se fâcha la sorcière. J'ai l'impression que tu n'as jamais mené une guerre contre une Armée des Ombres.

-Qu'est-ce qui te prend ? s'offusqua le Cavalier Acier. Tu ne vas pas bien ou quoi...

-Son armée ! cria Rita.

-Elle a été scellée dans les fins fonds des entrailles de la terre à tout jamais !

-Pas celle-là ! Il est en train d'en établir une nouvelle ! »

Cette constatation fit silence dans toute la pièce. Nathanaël, les yeux grands ouverts, se couvrit de honte lorsqu’il entendit la sorcière prononcer le verdict. Tout paraissait évident même pour un enfant tandis qu'un ancien général qui avait participé à la démolition d'une institution obscure ne pouvait même pas s'imaginer une telle machination.

Hahahahaha. Général incompétent ! Hahahaha… Oh, je ris. Vous ne l'aviez pas vu ? Si ? Aviez-vous deviné les plans du Cavalier Noir ? Hahahahaha. Vous êtes bizarres mais vous atteignez des sommets dans mon estime. En tout cas, vous n'êtes pas au bout de vos surprises. Hahahaha…

« Diablerie ! cria Nathanaël. Lâcheté ! Sorcellerie !

-On se calme…, souffla Rita.

-Je ne vois pas le problème, dit Lancio. D'accord, le Cavalier Noir ressuscite des morts mais ils ne sont que trente et leur vulnérabilité n'échappe à personne.

-Là, il a raison, appuya le général. On peut s'en débarrasser aisément.

-Ne sous-estime pas l'ennemi, veux-tu ? posa la gitane. J'ai peur que ça ne soit plus gros que ça. Il ne faut pas oublier qu'Ikaïn, son valet, a des connaissances qui peuvent l'aider.

-Mais autant de renforts ne viendrait pas pour envahir Classifika, si ? demanda Naël.

-Je te le rappelle, nous sommes censés être en paix. Une attaque générale pour conquérir une ville serait tout à fait surprenante et imprévisible, expliqua la Sorcière. La ville visée tomberait facilement entre les mains de l'ennemi. »

Dehors, une cloche tinta douze coups. L'heure du repas se faisait sentir dans les ventres gargouillant. Dans les rues, les citoyens continuaient leurs marches et se rendaient en nombre dans des tavernes. Dans un coin de pelouse, des créatures volantes picoraient de maigres morceaux de pain lancés par la main tremblante d'une vieille dame. Des Rattata cherchaient en groupe de quoi se sustenter. Sous la tente de Rita, les estomacs chantaient et criaient famine. Lancio sentait des effluves aillées lui parvenir de l'extérieur. La délicieuse odeur se propagea dans toute la pièce si bien qu'on entendait même la panse de la sorcière hurler à la mort. Elle se leva :

« Bon, je vais préparer à manger. Vous êtes mes invités. Vous ne serez pas déçus. Je vais vous élaborer un repas digne de ce nom. En attendant, allez faire un tour. Je n'aime pas quand on m’épie alors que je cuisine. Allez ! Oust ! »

Les trois invités furent poussés à l'extérieur de la maison de leur hôtesse. Ils se regardèrent tous trois pour s'en aller ensuite et errer dans les rues désertées à cause de la faim.

Hahahaha… Je ris. Rita a le don de recevoir des invités ! Hahahaha… C'est merveilleux ! Épique ! Splendide ! Même les gobelins savent mieux accueillir. Hahahaha… Ah ! Et si on faisait un tour du côté du Cavalier Noir ? Hahahaha…

La hâte ! Rien ne décrivait mieux l'état dans lequel se trouvaient les partisans du Cavalier Noir. La première phase de son plan, bien que légèrement compromise, était bientôt remplie. Deux des trois personnes attendues venaient d'arriver. La dernière s'approchait à grands pas. Ikaïn, de son côté, s'était retiré pour se reposer de la nuit mouvementée qu'il avait vécue. Sa puissance magique et toute son énergie avaient été épuisées. Malheureusement, sa mission ne verrait pas le terme avant ce soir. Dans la grotte obscure, le Cavalier discourait avec ses invités :

« Votre venue ici reflète votre réputation. Nous vous sommes reconnaissants pour les moyens que vous nous offrez, notamment vos Trioxhydre, commença-t-il de sa voix rauque. Vous serez récompensés pour avoir honorer votre contrat avec nous.

-Nous vivons cette situation au-delà du simple contrat, éleva le sourire. Nous sommes directement liés à vous, Monseigneur.

-Tout à fait, approuva une beauté trompeuse. Pour ma part, le règne que vous m'avez confié m'enchaîne à vous et même si on devait me le retirer, la chaîne ne se briserait pas. Merci à vous, Monseigneur. Et puis, prenez mon offre de Trioxhydre en gage de fidélité. »

Le Cavalier était satisfait. Son valet ne lui avait pas menti. Ses invités suintaient de fidélité pour les ténèbres. Aussi et en tous cas, chacun d'entre eux attendait la même chose. Une chose encore floue. Une chose encore obscure… Un long sourire serti de yeux de diamant et une beauté embrumée par la maigreur se tenaient devant la révélation prochaine. Aucun ne pouvait retenir des gloussements de rire sinistres à l'approche de la phase principale de leur projet. Ces moqueries s'amplifiaient lorsque l'un des invités croisaient le regard avec celui du cadavre choisi par le Sorcier Sans Visage. Le Cavalier, lui, attendait impatiemment quelque chose. Il surveillait la porte de la pièce avec une telle obstination que la beauté maigre le lui fit remarquer :

« Quelque chose ne va pas ? lui dit-elle.

-… »

Le Cavalier ne répondit pas. Le sourire ayant compris la situation, demanda à sa sœur de se taire. La belle, un peu déçue, s'en alla observer le décor du lieu. Il n'y avait rien de spécial. Des stalactites pendaient du plafond et des stalagmites se dressaient sur le sol. De la roche noire faisait les murs. La seule porte servant d'entrée et de sortie pesait lourd à cause de la grande quantité d'améthystes avec lesquelles elle avait été conçue. Les sièges se résumaient à de longues et larges plaques rocheuses assemblés autour d'une table basse en joyaux noirs. Les murs étaient couverts d'inscriptions. La beauté maigre tenta de les déchiffrer quand soudain, le bruit de frappe à la porte résonna dans les lieux. Un éclat rouge perça la visière du Cavalier. Ses invités sourirent de plus belle. Ils se levèrent, sans plus de préparation, allèrent ouvrir la porte pour partir et emmener avec eux le dernier invité, celui donc le corps était ravagé par la maladie et les Insectes.

Hahahahahaha. Voici ! Il n'en est pas plus douce fin pour la ville ! Oh je ris ! Hahahahahaha. Et puis, tous ces fous… On n'est pas sortis de l'auberge. Hahahahaha… Allez, revenons à Lancio.

Les ventres ne voulaient plus se taire. Celui de Naël chantait dans les graves tandis que celui de Lancio préférait les aigus. À deux, ils composaient une harmonie de gargouillis. Cela dit, ils ne se sentaient pas dans la meilleure des formes pour apprécier cette mélodie stomacale. Les nouvelles du jour ne semblaient pas leur convenir. Même la créature aux yeux changeants avait une mine déconfite. Par contre, son estomac se tenait bien contrairement à son dresseur et au général. Il fallait dorénavant agir. Nathanaël parla :

« Lancio, je suis désolé de t’avoir embarqué dans tout ça. Je…

-Ne t'inquiète pas, souffla calmement le garçon tête baissée. Je suis seul maintenant. J'ai tout perdu. Ma famille, mes amis, et… ma vie. Mais ! appuya-t-il en relevant la tête. Tu es venu tout comme cette créature. Vous m'avez entouré comme si j'étais quelqu'un que vous connaissiez depuis longtemps. Nous avons vite vu que ça n'était pas le cas mais je ne m'en plaindrai pas. Au contraire, je suis fier d'avoir appris à te connaître tout comme mon compagnon. Alors, c'est vrai, les péripéties sont les péripéties. Nous voici à la première bataille d'une grande guerre. Mais qu'importe… Quitte à y perdre la vie, autant le faire bien. Quitte à la reconstruire, autant le faire avec vous deux, finit par sourire le garçon en regardant le général. »

Nathanaël ne put conserver une larme. Lancio vit cette petite faiblesse de la part de son ami et lui dit :

« Tu pleures ?

-Hein ? Euh, non… J'ai une poussière dans l'œil, mentit le Cavalier Acier. »

Le jeune garçon ricana puis partit dans un fou rire. Naël le rejoignit. Le général était un très mauvais menteur.

« Naël ! Lancio ! cria une voix à travers toute la ville. C'est prêt !

-Déjà ! s'étonna le général. Allez, viens Lancio. Rita nous a appelé. »

Ils accoururent pour aller retrouver la sorcière et enfin pouvoir manger. Leur faim était telle qu'ils déchirèrent presque le voile d'accueil de la tente en entrant. Au milieu de la pièce reposaient sur une table des morceaux de pain coupés grossièrement assemblés en cercle autour d'un petit chaudron rempli de fèves engluées par une substance brunâtre. Un œuf assez gros pour être mangé par trois personnes tenait sur un socle doré. Quelques baies et légumes avaient pris place dans un panier d'osier déposé au coin de la table. Et pour les créatures de chacun, Rita avait préparé un repas semblable à la seule différence que les fruits étaient plus nombreux. La gitane expliqua :

« Alors, ici, vous avez des fèves caramélisées au miel avec du pain frais, commença-t-elle en pointant la marmite. Et ça, c'est un œuf de Florizarre à la coque et aromatisé au thym. Il est énorme et visqueux, je vous l'accorde mais il est réellement délicieux. Et si vous voulez des baies, elles sont là, finit-elle en pointant le panier. Servez-vous ! »

L'aspect raffiné du repas rebutait Lancio. Son appétit le portait plutôt vers un bon bouillon aux légumes bien chauds. Il demanda simplement de l'eau chaude salée pour y plonger quelques légumes et les faire ramollir afin de satisfaire sa faim. Le général, quant à lui, ne savait plus attendre. Il lâcha un ‘’Bon appétit !’’ et commença par arracher un morceau de pain dans lequel il mit les fèves au miel pour ensuite le tremper généreusement dans l'œuf au thym. Un gémissement de satisfaction s'échappa de la bouche du forgeron lorsqu'il mordit dans son repas. La sorcière agacée par l'attitude de Nathanaël se contenta d'étaler des baies sur une tranche de pain qu'elle décora de sa préparation sucrée. La tente se taisait sous la dégustation. Aucun bruit ne s’échappait sinon les innombrables claquements de mâchoire dont la fréquence rapide indiquait l'état affamé dans lequel se trouvait les mangeurs. La créature aux yeux changeants ne mangea que quelques baies avant de rejoindre son dresseur à table et voler une cuillère de fèves au miel. Elle se permit de briser le silence en poussant un cri :

« Il a de la voix, s'écria Rita. En tout cas, ça a l'air de lui plaire.

-Oui, je le pense aussi, répondit Lancio.

-Lancio, appela la sorcière, j'aurai quelque chose à te dire tout à l'heure…
-Ah oui ? réagit le général.

-En privé, ajouta la gitane.

-Surtout ne te gêne pas ! reprocha Naël.

-Et c'est un enfant dans un corps d'adulte qui me dit ça ! s'offusqua Rita. J'ai presque envie de te mettre dehors maintenant. »

Le Cavalier Acier sourit. Il aimait faire sortir la sorcière de ses gonds. Tout en mangeant, il la narguait de son air narquois. La gitane bouillonnait. Le jeune garçon et sa créature paraissaient vouloir calmer la situation. Dans la tente régnait une agréable atmosphère.

Hahahahahaha… L'histoire est vraiment passionnante… Non ? Hahahahaha. En plus, je sens qu'on va bien s'amuser. Hahahaha. Que va devenir Classifika ? Entre des entités maléfiques et des mangeurs de fèves au miel, les Classifistes sont sauvés ! Hahahahaha…

Le repas passa et glissa rapidement dans les estomacs des invités et de l'hôte. Comme promis, la sorcière appela Lancio à parler en privé et poussa Nathanaël et la créature aux yeux changeants dehors. Ces derniers allèrent faire un tour pendant la discussion du jeune avec la gitane. Rita attira son jeune invité nerveux au fond de la tente. Elle prit un siège et invita Lancio à faire de même. L'endroit n'avait pas changé. Au milieu, il y avait toujours l'Eau de Vérité contenue dans un bassin en marbre sur un pied de la même matière. Les reflets du liquide sur les tentures de la pièce étaient la seule source de lumière pour éclairer les alentours sombres du bassin. La gitane s'installa derrière l'Eau de Vérité et le garçon s'assit à l'opposé. Elle commença :

« J'ai beaucoup de questions à te poser, Lancio… D'abord, pourquoi as-tu souvent menti ? Que caches-tu ? »

Lancio pris au dépourvu et craignant le liquide de révélation juste en face de lui répondit :

« Je… Je… Je ne sais pas…
-Ce n'est pas une réponse, fit remarquer calmement Rita. Est-ce que tu as envie que je sois au courant de quelque chose ?

-Oui, bien sûr… mais…
-Mais tu n'arrives pas à l'expliquer. C'est ça ? coupa la gitane.

-Euh… oui, répondit timidement Lancio en baissant les yeux.

-D'accord. Crache dans le bassin devant toi, demanda la sorcière. Je ne regarderai que ce qui nous intéresse. »

Lancio s'éxécuta. Il lâcha un fil de salive dans l'Eau de Vérité et la sorcière commença sa séance de lecture :

« Je vais donc voir ton passé à partir du moment où je t'ai rencontré à Classifika, précisa Rita. »

Elle plongea sa main dans l'Eau de Vérité et remua. Amusée, elle contemplait ce que Lancio avait vécu après sa rencontre avec la bohémienne. Elle changea de visage lorsqu'elle vit le premier cadavre brûlé qu'avait rencontré Lancio quelques jours auparavant. Ensuite, Rita tira une grimace affreuse lorsqu'elle regardait le jeune garçon en train de mener son enquête dans la chambre de Mitraque. Enquête qui a dû cesser à l'arrivée d'Ikaïn, le Sorcier Sans Visage. La gitane nota que le garçon avait trouvé un livre durant la fouille. Ensuite, l'Eau de Vérité dévoila le lieu de rencontre et la discussion entre Lancio et le Sorcier Sans Visage. Rita ouvrit la bouche et laissa s'échapper un cri de surprise lorsqu'elle vit Ikaïn tendre le livre de la chambre de Mitraque à Lancio. Elle trempa son doigt dans l'eau et arrêta ainsi le défilé d'images :

« Ce livre ! Ce n'est pas possible ! s'écria-t-elle. Lancio ! L'aurais-tu encore en ta possession ? »

Inquiet du ton avec lequel la question était posée, le jeune répondit :

« Euh oui. Il est dans mon sac. Veux-tu jeter un coup d'œil ?

-Oui ! pressa la sorcière. »

Étonné de ces réactions, le garçon partit à la recherche du bouquin tant désiré pour le tendre ensuite à Rita quand il l'aurait trouvé. Une fois entre les mains, la sorcière observa la couverture de l'ouvrage. Un cuir rouge foncé entourait une masse de pages épaisses aux bords dorés. Il n'y avait rien sur la couverture. Le jeune dresseur l'avertit :

« Ce livre est vraiment très beau mais je ne suis pas parvenu à l'ouvrir. Comme si les pages étaient collées entre elles. Selon Ikaïn qui aurait réussi à les décoller, il n'y aurait pas une seule marque d'encre à l'intérieur. Le bouquin est vide…

-Ça ne m'étonne pas…, dit la bohémienne. Lancio, pourrais-tu me suivre s'il-te-plaît ?

-Oui bien sûr, acquiesça le concerné. »

Rita emmena son invité hors du fond de la tente et le fit asseoir dans la pièce principale. Ensuite, elle se dirigea vers ses armoires à livres et parchemins à la recherche d'un écrit qui éclaircirait le mystère tournant autour de l'ouvrage trouvé dans la chambre de Mitraque. Après quelques sérieuses fouilles, la sorcière retira des profondeurs d'un meuble un parchemin jauni par le temps et collant. Elle se hâta de se ranger au côté du jeune et ouvrit le rouleau. De nombreux dessins noircissaient la surface jaunâtre du parchemin. Il était difficile de savoir ce qu'ils représentaient et ce qu'ils cachaient. Rita expliqua :

« Ceci est une prophétie. Elle indiquerait un évènement qui n'a encore jamais pris lieu. Cela dit, elle est complètement indéchiffrable. Non-seulement les dessins sont trop nombreux mais ceux que l'ont peut discerner ne représente rien de connu sauf… Là, finit-elle par pointer du doigt. »

La gitane mit en évidence une scène isolée de toutes les autres. Elle était désignée par le croquis d'une forme humaine tenant un tome rouge dans la main gauche et un bâton dans la main droite. Le visage de la forme pouvait être discerné. En réalité, l'individu portait un masque aux motifs argentés serti de tissus délimités par des clochettes. Un long manteau rouge le vêtait. Dans la scène, ce personnage tendait son bâton vers la gauche du parchemin et son livre s’ouvrait par son milieu vers le haut en déchaînant une tornade ténébreuse. Une indication en-dessous disait en un vocabulaire simple : ‘’Il portait le fardeau du savoir dans la main gauche''.
Lancio ne savait plus quoi dire :

« Mais… Mais… Mais, bégaya-t-il. C'est…

-Le dieu des Ténèbres, souffla Rita. Tous les sorciers dignes de ce nom possèdent des parchemins semblables. Toujours, une partie demeure indéchiffrable. Toujours, il y a une scène isolée discernable qui met en action ce personnage avec différents artifices.

-Mais alors…

-Oui, tu as le livre du dieu des Ténèbres en ta possession.

-Comment vraiment le savoir ? questionna le jeune.

-Et bien, seuls les entités qui ont pactisé avec le dieu des Ténèbres comme Ikaïn, ou le dieu lui-même peuvent ouvrir ce livre. Les autres et en particulier les partisans de la Lumière ne peuvent rien faire à ce bouquin. Mais c'est plus compliqué. Les dieux qui ont été crées par le dieu Ténèbres pourraient aussi l'ouvrir mais étant donné qu'il n'en a conçu aucun, personne d'autre ne peut l'ouvrir. De même, le dieu choisit lui-même ce qui est révélé dans ce livre.

-Et, le tome n'a pas de nom ? posa Lancio.

-Personne ne le connaît vraiment. Rares sont ceux qui l'ont entendu, répondit Rita. On dit que le titre est maudit.

-Mais comment est-il arrivé entre les mains de Mitraque ? Est-ce qu'il est dangereux ? Devrais-je le garder ? bombarda de questions Lancio.

-Du calme, du calme, murmura Rita. D'abord, on ne connaît rien des croquis que je t'ai montré et je ne pense pas qu'on en sache plus sur ce livre. Cela dit, tu peux peut-être aller voir un de mes amis, un aventurier et un historien, le plus grand que je connaisse sûrement. Il s'appelle Tyraste. Tu devrais lui rendre visite. Sa maison et son esprit sont de véritables bibliothèques.

-Et où puis-je le trouver ? demanda le jeune.

-Il habite dans la partie centrale de la région, la ville de Nos dans la province de Varmasch mais parfois il se rend dans sa villa tout près du de Värm non loin d'ici, pour parler avec les marchands des ports. En tout cas, vas montrer ce bouquin à Tyraste. Il saura t'en dire plus. Et surtout, fais attention à ce que l'ouvrage ne tombe pas entre de mauvaises mains. Je ne te promettrais pas qu'Ikaïn te rendra ce livre aussi facilement la prochaine fois qu'il le tiendra. Je ne suis même pas sûre qu'il sache ce que représente ce tome même s'il est en mesure de l’ouvrir, prévint la gitane avant de continuer l'interrogatoire du garçon. Alors ? Tu veux continuer la séance ou tu es enfin décidé à me parler ? »

Après réflexion, Lancio fit comprendre qu'il parlerait. Avant tout, il sortit le livre sur les origines d'Origue qu'il avait trouvé à la bibliothèque de Classifika et le tendit à Rita. La sorcière commença à analyser l'objet :

« Je vois…, dit-elle en l'ouvrant et en lisant les lignes en diagonale. Oh oui ! C'est un écrit intéressant ! Il vient d'où ?

-Je l'ai… Je l'ai… volé à la bibliothèque de Classifika, répondit le jeune garçon empli de culpabilité.

-Lancio ! s'exclama la bohémienne. Tu ne peux pas tout dérober à n’importe qui comme tu le veux ! Halalala ! Ne commence pas à devenir un bandit comme Naël ! Qu’est-ce qu'on va faire maintenant ? Enfin soit, je continue ma lecture. On verra après… En attendant, tout ce qui est à moi est à toi. Ne vole rien. Contente-toi de consulter et de remettre à sa place, taquina la sorcière. »

Le jeune, rouge de honte, partit à la recherche de quelques parchemins faciles à lire. Il se dirigea vers une armoire carrée trouée par d'innombrables compartiments profonds remplis de rouleaux brun-jaune. Lancio en choisit un et l'ouvrit. Un plan de palais lui apparu. Le croquis était assez rudimentaire mais permettait tout de même de visualiser la chose. Les murs du palais semblaient être conçus à partir de coraux et ses remparts paraissaient comme des algues rudes. L'immense bâtiment s'élevait dans les cieux. Deux grandes portes entourées par deux immenses Hyporoi en un métal proche de l'or servaient d'entrée principale. La finesse du palais épousait le grandiose. Au pic se dressait une pièce ronde où l'on aurait pu recevoir des invités. Cependant, les couleurs manquaient. Les traits du dessin s'approchaient tous du noir. Une légère déception pour Lancio. Il prit un deuxième parchemin et l'ouvrit pour découvrir un texte écrit dans une langue qu'il ne connaissait pas. Il remit le rouleau là où il l'avait trouvé. Lorsque Lancio s'apprêta à en ouvrir un troisième, il entendit Rita pouffer de rire et puis partir dans un fou rire. Le garçon accourut dans la pièce où se trouvait la gitane. Celle-ci se calma et expliqua la situation à Lancio :

« Ce livre que tu m'as confié, commença-t-elle la bouche encore tremblante de rigolade, ce n'est pas vraiment ce que tu crois, reprit-elle plus sérieusement. En fait, il est une des copies du livre original que l'on nomme ‘’Origines d'Origue''. Le problème réside dans le fait qu'il ne relate pas vraiment les origines d'Origue ou celles du monde. Si, l'auteur s'est basé sur des vérités pour écrire ce bouquin comme l'Ordre des dix-huit Cavaliers, c'est indéniable. Mais le reste… Le reste est satirique. L'auteur se moque de la religion dedans. Il critique la société qui l'entoure. Ainsi, l’écrit doit donc dater d'une époque lointaine où la religion était maîtresse. Sûrement juste un peu après la fin de la guerre contre l'Armée des Ombres. Une période où la religion tournait dans beaucoup de cœurs… Jusqu'à ce que les dieux nous abandonnent. De la déception disait-on. La déception les aurait poussé à se replier. Enfin soit, au vue du style d'écriture, l'auteur avait appris à bien tracer les lettres. Selon moi, il devait être un disciple écrivain d'un dieu. Mais lequel ? Je n'en sais rien. Peut-être le dieu des Ténèbres, finit par plaisanter Rita.

-Est-ce que c'est à cause de ce repli que Nathanaël déteste les dieux ? demanda Lancio.

-Entre autre, oui, répondit la gitane. Il les connaît. Il les a déjà vus. Mais il ne peut retenir une larme de colère en les regardant. Je pense que… »

Soudain, une déflagration venant de dehors vint interrompre Rita qui se leva d'un bond. Lancio sursauta. Ils entendaient les citadins crier et se presser dans les rues. Naël passa brutalement sa tête sous la tente :

« Tu avais raison Rita ! Le Cavalier Noir commence une attaque générale contre la ville ! cria le général. »

La créature aux yeux changeants vint se réfugier auprès de son dresseur dans la tente. Ses iris se coloraient d'un vert bizarre un peu apeurant. Lancio le prit entre ses bras et le consola rapidement après quoi, ils sortirent tous de la tente pour admirer un spectacle affreux qui restera dans la mémoire à jamais. Déjà, des gens brûlaient et couraient en feu dans les rues. Déjà, des créatures diaboliques déchiquetaient des citadins cuits. Déjà s'élevait sur le toit de la citadelle des Seigneurs un être noir portant devant lui une armure rouge pourpre…

Hahahahahaha… Avec tout ça, j'ai des brûlures d'estomac ! Hahahahahahaha… Vous êtes tellement fatigués que j'ai pitié de vous ! Allez ! Partez d'ici avant que la torture vienne à vous ! Hahahahaha. Et n'oubliez pas de revenir la prochaine fois ! Vous ne le regretterez pas. Hahahahahahaha….

Last edited by monocram on Sat 10 Jun 2017, 17:48, edited 1 time in total.
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by Dracaufil » Sat 10 Jun 2017, 12:18

Je trouve que ke narrateur n'est pas assez sadique. Le condamné au lieu d'être brûlé vif .il aurait dû être mis dans une chaise électrique qui te demembre tous les 1 min
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monocram
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Re: [Fanfic] Tenebrae, un obscur récit.

Post by monocram » Sat 10 Jun 2017, 12:35

Sauf que ce n'est pas le narrateur qui s'est occupé de la punition du condamné. Ce sont les forces de l'ordre l'ayant jugé qui se sont réservé le droit de choisir sa punition. Le narrateur ne peut qu'apprécier la punition. Cela dit, il y a des séances de tortures quand-même. Maintenant, il n'est pas dit lesquelles... :}
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