Chapitre 4 : Comment faire bonne impression en pyjama
C'est la voix de Parrain qui me réveille.
Pour une fois, il est dans son bureau et il a fallu que ça tombe aujourd'hui, le seul jour où je n'aurais pas été contre quelques heures de sommeil supplémentaires.
Néanmoins, je me lève quand même (j'ai horreur de rester au lit à ne rien faire) et m'approche de Parrain pour lui dire bonjour, sans prêter attention à ce qu'il est en train de faire. Deux secondes plus tard, je me rends compte que j'aurais vraiment dû.
En effet, si je l'ai entendu parler, c'est pour la simple et bonne raison qu'il est en appel vidéo, sur son grand écran d'ordinateur, avec le Professeur Platane. Avec mon oncle. Avec la personne avec laquelle je vais passer la prochaine année.
Et moi, qui arrive, les yeux encore endormis, les cheveux en pétards et vêtue de mon pyjama Moustillon.
"-Ah ! Voilà l'intéressée ! Salut, Liv', dit Parrain sans s'en soucier. Augustin, je te présente Olivia.
-Alola", les salué-je en baillant malgré moi.
Platane a l'air surpris de me voir débarquer ainsi. Il me dévisage avant de répondre :
"-Olivia ! Ravi de te rencontrer ! Qu'est ce qu'elle lui ressemble..., ajoute-t-il plus sérieusement à l'attention de Parrain.
-Je sais, dit-t-il avec... tristesse ? Nostalgie ? Mélancolie ?, sûrement un mélange des trois.
-Ressemble à qui ?, demandé-je innocemment.
-À ta mère, soupire Parrain.
-Alors, comme ça, Olivia, tu comptes venir à Kalos ?, reprend Platane avec entrain.
-Oui, c'est exact.
-Et quand comptes-tu arriver ?
-Je sais pas...
-J'ai regardé les horaires des vols, nous informe Euphorbe. Y en a un qui part demain, en début d'après-midi."
*Gloups*. Je manque de m'étouffer en avalant ma salive. Partir d'Alola, ma région chérie, demain, si tôt ?
Non non non, me ressaisis-je. Partir plus tôt, c'est le mieux : plus longtemps je reste à me préparer, plus ça sera difficile de m'arracher à ma terre qui, si elle n'est pas natale, a vu toute mon enfance. Mon départ doit être le plus rapidement possible. Au moins, j'aurai du temps pour visiter Illumis avant la rentrée !
"-Moi, ça me convient, affirme mon oncle. Je serai à l'aéroport pour la récupérer. Olivia, ça ira ?, s'inquiète-t-il en voyant ma mine déconfite.
-Oui, oui, ça ira, le rassuré-je. C'est juste que je n'ai jamais vraiment voyagé alors j'ai un peu peur... Mais, ça va aller. C'est vrai que tu étudies les Méga-Évolutions ?, ajouté-je pour ne pas leur laisser le temps de s'en préoccuper davantage.
-Oui c'est parfaitement vrai." J'ouvre la bouche pour poser une question à ce sujet, mais il secoue la tête :
"-Je ne vais pas te dévoiler ici tous les fruits de mon travail ! Viens, je t'en ferai une démonstration.
-Vraiment ?, m'exclamé-je, les yeux qui pétillent.
-Peut-être... Bon, mes chers petits d'Alola, je vais devoir vous laisser, ici il est presque cinq heures et j'ai rendez-vous au café Soleil.
-À demain, alors, dis-je.
-À un de ces jours, Augustin.
-Bises à tous les deux !, termine-t-il avant de raccrocher.
-Je peux aller à Ekaeka aujourd'hui ?, demandé-je dès que la connexion fut coupée. Je voudrais faire deux trois trucs.
-Ouais, bien sûr, accepte-t-il. Tu as ton propre Pokémon maintenant, alors je ne vois pas où serait le problème. Fais quand même attention, et tranquille ! Tu comptes rentrer pour manger ?
-Non j'ai prévu autre chose...
-D'accord. Seule condition, à six heures, retrouve-moi à Lili'i, Pectorius nous a invité.
-Ok, c'est bon, j'y serai. Pimprenelle est déjà repartie ?, m'étonné-je en constatant le silence.
-Oui, elle a eu une urgence tôt ce matin.
-Oh, dommage. Elle sera pas restée longtemps.
-Et oui, mais c'est la vie, les appels du devoir, comme ça, relativise-t-il. On le savait, quand on s'est marié, qu'avec nos responsabilités de Professeur et la distance, on ne se verrait pas souvent. On y était préparé, tu sais. Mais, je suis pas si seul, t'es là et...
-Je vais partir, lui rappelé-je, la voix nouée.
-Oui, réalise-t-il avec peine.Tu t'en vas, c'est vrai..."
Je le serre fort dans mes bras. Je ne pensais pas que je comptais autant pour lui. Car, après tout, c'est juste mon parrain et je suis juste sa filleule. Mais non, en fait, ça va bien au-delà de ça. Il est ma famille et je suis la sienne.
Je me rends soudainement compte que ce n'est pas ma région, ma maison qui me manquera le plus, mais bien lui.
Comment vais-je pouvoir me débrouiller un an sans mon Parrain ? Même avec toute la gentillesse et la bonne volonté du monde, Platane ne lui arrivera jamais à la cheville !
"De toute façon, il est pas là pour l'égaler. Tout le monde est différent et il a sûrement ses propres qualités aussi, comme il a sans doute d'autres livres dans sa bibliothèque !", m'apaisé-je.
"-Tu devrais aller te laver", dit Parrain.
J'opine du chef, me défait de notre étreinte et vais à la salle de bain, après avoir récupéré la Ball de Coraya.
Je la fais sortir et prends une douche pendant qu'elle barbote dans un petit bain. Puis, je me prépare et lui donne un rapide coup de brosse (et oui, même si les Corayon n'ont pas de fourrure, il faut prendre soin de leur roche pour enlever la poussière et les faire briller !).
Une fois que nous sommes toutes les deux prêtes, je prends mon sac, quitte la maison et me dirige vers la ville voisine au pas de course, Coraya sur mes talons.
C'est-à-dire que la liste de choses à faire de ce dernier jour est vachement longue !]