[Fanfic en cours] L'esprit vide

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yoshivert555
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[Fanfic en cours] L'esprit vide

Post by yoshivert555 » Wed 01 Dec 2021, 18:35

J'ai remarqué qu'une bonne partie d'entre vous a fait une aventure à la PDM. J'ai décidé d'en faire une moi aussi, juste pour le plaisir. Je peux aussi ajouter que faire une fic sur un thème commun peut dévoiler le style d'écriture particulier/personnalité de chacun. (Note : C'est plus sérieux que Terre Finale)

C'est ainsi que commence mon aventure en tant que Zéroïd :

Prologue : Si j'avais su à l'avance, je me serais réveillée drette
“Qui es-tu ?”

J’étais à peine consciente, juste assez pour me rendre compte que j’étais dans un rêve.

“Qui es-tu ?”

La voix semblait venir de partout autour de moi. Elle avait l’air étrangement réelle et en même temps si fantaisique et imaginaire. Mon esprit était si embrumé que je ne put sortir qu’un “Yoshie” maladroit.

“Yoshie est ton nom ?”

“Je pense…” balbutiai-je, confuse.

Je tentai de regarder autour de moi, en vain. Mon corps était comme figé. Je constatai tout de même que je reposais dans le vide. J’essayai d’interpréter ce que je voyais à travers mes yeux, mais je ne vis qu’un tunnel de couleurs aveuglantes.

“Va-tu jusqu’au bout lorsque tu prends une décision ?”

Je fus déstabilisé par le fait que la voix me pose une question à ce moment précis, et ce en me tutoyant comme si on s’était toujours connus.

“Rarement, très rarement…”

“Parfait. Et as-tu déjà appelé un professeur ‘maman’ ou ‘papa’ ?”

“J’en ai appelé un grand-maman, une fois…”

Je commençai à reprendre suffisamment mes esprits pour réfléchir de manière un peu plus poussée.

“Mais pourquoi me posez-vous de telles questions ?” réussis-je à demander.

“Simplement pour sonder ton esprit afin de savoir en quel Pokémon tu te transformeras.”

“Cool,” pus-je penser. “Je vais enfin devenir un Libégon. Ou peut-être un Groudon ?”

À ce moment, tout devint flou. Je sentis mes os s’atrophier péniblement avant de disparaître. Je sentis ma chair ramollir au point de devenir gélatineuse et transparente, mes membres se dédoubler et mes doigts se rétracter. Ma tête gonfla douloureusement et je sentis mon cerveau fondre, laissant un écho de folie. Je me serais vraiment passée de ces sensations. Et j’aurais aimé ne pas savoir en quelle abomination je me suis transformée.
Chapitre 1 : Pas tout à fait réveillée
Aussi vite que ma tête sans cervelle le permit, je repris mes esprits. Ma vue était brouillée et approximative. Je tentai de faire une rétrospective de ma situation, sans succès. Je ne pouvais plus penser autrement qu’en suggestions et qu’en actions, comme si j’avais perdu ma conscience et mon identité. J’essayai tout de même de reconnaître où je suis atterrie. C’est alors que je remarquai mon absence d’yeux. Je ne pouvais voir qu’en contrastes et en profondeurs via… Ma peau. Je put tout de même identifier que j’était dans une sorte de grotte aux parois rugueuses et pleines de coins, en compagnie de pokémons que j’avais un peu de mal à identifier. Parmi ceux que j’avais réussi à reconnaître, il y avait un Massko, un Maraiste et un Symbios.

“Salut,” me salua calmement le Maraiste. “Quel est ton nom, ultra-chimère ?”

Je tentai de parler, mais je remarquai que je n’avais pas plus de bouche que d’yeux.

“Mais voyons, Shuushar,” protesta le Massko. “Tu vois bien qu’il ne peut pas parler !”

“Demandons alors à Fluo,” proposa Shuushar.

Le Symbios, à ces mots, me saisit la tête d’un de ses gros bras, la déformant au passage. Dans ma stupeur, je pus apercevoir le Symbios faire la même chose à Shuushar le Maraiste.

“Ton nom,” reçus-je télépathiquement.

“Yoshie,” pus-je étonnamment répondre.

Je sentis le Pokémon Psy lâcher le Maraiste et agripper un autre Pokémon.

“Répète,” me dit à nouveau Fluo.

Je me pliai à ses ordres, puis il me lâcha la tête (enfin !). Je la sentis reprendre sa forme initiale, à mon grand soulagement.

“J’imagine que Yoshie doit se sentir perdu,” constata Shuushar.

J’eus soudainement une envie pressante d’attaquer tous ces Pokémon, pour une raison qui m’échappait. Peut-être n’avais-je pas supporté de m’être laissée décrire par un déterminant masculin ? Cependant, la puissance de la pulsion me faisait penser que c’était plutôt mon instinct. Et ceci n’était pas une bonne nouvelle. J’entendis tout à coup des pas légers provenant d’au loin.

“Ils arrivent,” souffla le Massko en vitesse. “Vite, tout le monde s’asseoit et fait semblant de s’occuper avant qu’on soit pénalisés.”

Dans un couloir au loin, un Dimoret à l’air vilain apparut. Ce pokémon au pelage noir de jais et au visage balâfré marchait d’un pas confiant et hautain.
“Tiens, le truc blanc s’est réveillé,” déclara-t-il d’un ton narquois.

J’eus une envie pressante d’étriper le Dimoret après avoir entendu un tel qualificatif. Malgré les avertissements et protestations des pokémons autour de moi, je tentai de me rapprocher du Pokémon Griffeacérée avec fureur. Rapidement, je sentis quelque chose tirer sur ma jambe (enfin, il semble que ce soit un tentacule translucide) et sur mon cou, ce qui m’empêcha d’avancer plus loin.

“Il semble qu’on soit tous menottés,” expliqua Shuushar sans s’énerver.

Je me calmai et je me remis à flotter sans bouger. Le Dimoret me fixait de ses yeux jaunes avec un regard à la fois hautain et réprobateur.

“Comme les ultra-chimères sont stupides,” ricana-t-il. “Tenez, mangez ces soupes pour reprendre des forces. Sinon, vous ne pourrez pas faire les travaux de demain.”

Après avoir fait glisser des bols d’une mixture que je ne pouvais identifier vers nous, le Dimoret fit demi-tour en jubilant. Tous les pokémons sauf moi buvèrent goulûment leur soupe.

“Y’a un problème avec ta pitance ?” demanda le Massko d’un ton légèrement aigri.

Je tentai d’atteindre le bol de soupe et de l’agripper avec mes tentacules sans doigts. C’est à peine si je réussis à tenir le bol sans le faire glisser. Une fois mon plat devant ma tête, je ne pus imaginer comment je pourrais réussir à l’avaler.

“On va t’aider, ne t’inquiète pas,” suggéra le Massko.

Shuushar plaça doucement ses mains sur mes épaules, avant de me plaquer fermement sol contre dos. Puis, le Massko fît couler le contenu froid du bol le plus proche qu’il pouvait de ma “bouche”. Le liquide pâteux coula sur mon ventre avant de se déposer sur le sol.

“J’espère que tu es un de ces pokémons qui se nourrit des rayons cosmiques,” caqueta le Massko. “Parce que sinon, je te jure que tu es condamné à mourir de faim.”

Le silence plana, puis le Massko ajouta en sortant un bout de métal pointu qu’il avait caché dans son feuillage :

“À moins qu’on trouve le moyen de sacrer notre camp de là !”

Fluo se mit à sautiller de joie avant de nous étouffer à nouveau avec ses bras télépathiques.

“J’utiliserai mon pic de fer pour ouvrir les menottes,” expliqua télépathiquement le Massko. “J’imagine que vous, Fluo, Shuushar et Yoshie, seront capables de se glisser hors de vos menottes vu vos consistances plus ou moins gluantes.”

À ces mots, je tentai de rétracter mes tentacules afin de me libérer, sans succès. Il semble que personne n'ait pu se sortir de là de cette manière. Fluo, pris de désespoir, tira de toutes ses forces sur les chaînes de ses menottes, les cassant miraculeusement. Je fis de mon mieux pour le féliciter télépathiquement. En réponse, il m’aida à me tirer de ces menottes, sans succès.

“Hé !” protesta le Massko. “Aide-moi aussi !”

“Je mérite aussi un coup de main,” répondit Shuushar.

Le pokémon psy tira sur les menottes du Massko, le libérant du même coup, non sans lui avoir endolori les poignets.

“Parfait !” roucoula le gecko. “Maintenant, laissez l’expert à l’oeuvre !”

Il fit tourner adroitement son pic de fer dans ses mains, vraisemblablement pour “faire son intéressant”, puis ouvrit les menottes de Shuushar avant de continuer avec les miennes. Je remuai les tentacules, euphorique d’avoir à nouveau pleinement contrôle de mes déplacements. Fluo fit le signe de rapidement fuir la salle et de sortir d’ici.

“Ah, maintenant que j’y pense,” caqueta le Massko, “j’ai oublié de me présenter ! Je suis Odile, un combattant d’élite !”

“Shuushar,” dit brièvement le Maraiste. “Philosophe.”

“Et le p’tit vert fluo télépathique, en arrière,” ajouta Odile, “c’est… ben… Fluo. Il ne peut parler que via la télépathie. En même temps, c’est assez utile pour communiquer avec des pokémons qui ne parlent pas, comme toi… Justement, qui es-tu ?”

Je ne répondis pas. Je ne pris même pas la peine d’hausser les épaules. En réponse, le gecko soupira et piqua un sprint. Pendant que je tentais péniblement de flotter à sa cadence, le Symbios me rejoignit et toucha mon front gélatineux avec sa main verte translucide. Je vis alors des Dimorets bondir dans tous les sens dans une ville verdoyante, lançant des Éclats Glace sur la foule. Dans la mêlée, j’aperçut mes “nouveaux amis” sans connaissance, ayant reçu des attaques, se faire traîner par les Dimorets dans une entrée de caverne béante.

“Et c’est pourquoi nous sommes tous ici, dans les Grands Souterrains,” entendis-je télépathiquement.

Le pokémon télépathe s’arrêta un moment, voyant dans mes quelques pensées que je n’avais aucune idée de quoi il parlait.

“Les Grands Souterrains, c’est un gigantesque réseau de grottes abritant des pokémons ayant pour but de se cacher, soit pour élaborer des actes maléfiques ou destructeurs, soit pour se cacher d’un monde de la surface trop effrayant ou ne voulant pas d’eux. C’est aussi un endroit excessivement riche en donjons, vois-tu...”

J’hochai la tête d’approbation, puis nous entrèrent dans une salle tout aussi carrée que la précédente, où une graine traînait par terre, à peine germée et où un autre Massko, maigre et grisâtre, donnait des coups de pics machinalement pour sculpter la pierre. Il fut si surpris de nous voir qu’il faillit crier. Cependant, alors même que sa gueule s’ouvrait, prête à laisser sortir un hurlement de stupeur, Odile plaça sa main griffue dessus :

“Ne dévoile pas notre présence, veux-tu…” chuchota-t-il.

Il réfléchit un moment, puis ajouta :

“Tu sais, si tu veux fuir avec nous, rien ne te retient... enfin… presque rien.”

“Je préfère rester ici, où j’ai des repas peu copieux mais garantis, que d’affronter les dangers du reste des Grands Souterrains,” souffla l’autre Massko, visiblement nerveux.

“Si tu préfères la sécurité à la liberté…” répondit Odile, le regard en l’air. “Et si tu ne souhaites pas te rebeller contre les Dimorets… Je ne verrai pas d’inconvénients à prendre ça !”

Le Massko agile se précipita alors sur la graine qui se trouvait au sol non loin. Il l’observa machinalement, voyant son apparence d'œil vitreux aux pupilles bleues foncées et sentant son aromate âcre.

“Hi hi hi… Cette graine aveuglante va nous servir !”

Sans attendre, je fuyai dans les escaliers non loin, suivi du reste du groupe, cherchant une opportunité de sortir de cette situation et de comprendre ce qui se passait.
Chapitre 2 : Des têtes et des esprits
Une fois descendus des escaliers, nous vîmes d’abord un Dimoret qui nous avait déjà interceptés. Son museau était extrêmement balafré et ses griffes étaient affinées comme aucune. On pouvait lire une expression d’extrême agressivité sur son visage. Mais avant même qu’il puisse réagir, Odile lança la graine qu’il tenait entre ses mains.

“Prends ça !”

La graine percuta la joue du Dimoret en dégageant une fumée noire d’encre et tellement âcre que les yeux du pokémon se mirent à pleurer. Ses pupilles se rétractèrent et le Dimoret tendit ses bras griffus devant lui, titubant et dévoilant clairement qu’il était devenu aveugle.

“Vite ! Dans les escaliers !”

Odile, Shuushar et Fluo dandinèrent jusqu’aux escaliers. Cependant, quelque chose d’étrange me poussait à observer le pokémon ténèbres d’une manière excessive, presque malsaine. Les instincts, peut-être ?

“Viens !”

On me tira la tentacule, me traînant le long des escaliers, jusqu’à arriver dans une salle où une graine d’apparence bienveillante poussait. Cette fois, je put identifier la graine comme étant une mini-résugraine. Odile avança d’un pas pressé, observant la petite graine de vie avec des yeux avides. Puis, il la récupéra et prit un air brave.

“À partir de maintenant, je ne craindrai plus de mourir au combat !”

“Rappelle-toi que toutes les graines sont à usage unique, même les résugraines,” avertissa Shuushar.

Nous continuâmes à marcher, suivant une promesse de liberté. L’air (presque) frais se rapprochait, et nous viment les escaliers devant nous. Cependant, au moment où nous tentâmes de nous échapper pour de bon, nous entendîmes un projectile glisser dans l’air. Sur le mur, un éclat de glace se fracassa et tomba sur le sol en une neige translucide.

“Pas un pas de plus, fugitifs !”

Derrière nous, un Dimoret costaud aux plumes majestueuses bondissait et galopait, un stalactite de glace à la main. Une fois le projectile lancé, il accéléra le pas en grinçant des dents.

“Oh non !” se lamenta Odile. “Leur chef nous a rattrapé ! Vite, fuyons !”

Je tentai de rejoindre mes compères en fuite, mais une partie de moi me retenait. La vivacité du Dimoret semblait accaparer tout le peu d’attention qu’il me restait depuis mon arrivée dans le monde des Pokémon.

“Yoshie ! Ne reste pas ici !”

Les appels du Massko dégourdi étaient vains. Mon attention était fixée sur les pattes du pokémon des ténèbres qui s’agitaient avec autant de discipline que d’ambition, sur ses yeux jaunes dorés où brillait une flamme décidée, sur sa bouche mordant ses lèvres avec fureur…
Je cédai. Mes pulsions d’ultra-chimère envahirent mon corps comme une colère volcanique accaparant le cerveau d’un Drattak. J’avançai avec grâce et vitesse, mes tentacules se balançant comme des pendules, vers le Dimoret en course, dont le visage perdit sa détermination pour arborer à la place de l’inquiétude. Je pouvais voir mon propre reflet à travers ses grands yeux jaunes, une méduse translucide flottant vers sa personne, un voile blanc annonçant que des choses horribles l’attendaient inéluctablement… Si j’avais encore un minimum de morale à ce moment-là, j’aurais compris son immense peur. Mais non seulement j’étais un Zéroïd, mais en plus, à ce moment même, j’étais un Zéroïd en proie à une pulsion presque meurtrière. Une seule chose était présente au fin fond de mon esprit, une obligation : il fallait que je parasite la tête de ce Dimoret ! J’écartai les tentacules, me posant délicatement sur la tête du pokémon Griffacérée avant de l’engouffrer. Peu à peu, je sentis ne faire plus qu’un avec le Dimoret, alors que l’agitation de celui-ci s’estompait pendant que parallèlement, je prenais contrôle de sa conscience. Des images vinrent à mon esprit successivement. Je vis d’abord un torrent de couleurs, des images tellement mélangées que je ne pouvais pas les distinguer entre eux. Puis, une image se détacha des autres. Je me vis entourée de Dimorets qui me tendaient les bras.

“Ivor, te voilà accepté dans la guilde de Kyurem !”

Tout se brouilla à nouveau alors que se confondaient des souvenirs de réussites dans cette fameuse guilde. Je ne pus voir à nouveau des images, mais je pus entendre des parcelles de dialogues :

“Attention, la destruction du monde commencera par les Grands Souterrains…”

“Je vois une apocalypse prochaine…”

“Ne t’inquiète pas, le chaos et la destruction sera une opportunité pour le règne de Kyurem...”

Je constatai avec extase que j’avais accès à la mémoire de ce Dimoret. Cependant, mon moment de lecture et de lucidité fut interrompu par une vive douleur à la tête, suivie d’une sensation de froid glacial au niveau de la blessure.

“Lâche Ivor, abomination !” puis-je entendre au loin.

Le Dimoret qui avait crié était celui, balafré, qui avait reçu une aveuglegraine dans le visage auparavant. Ses yeux ne s’étaient d’ailleurs pas totalement remis de cet empoisonnement et ils semblaient un peu pâles. En réaction à son cri, je serrai un peu plus la tête de mon hôte. En entrant un peu plus profondément dans son esprit, j’eus accès aux contrôles de ses pensées. De la télépathie, en quelque sorte. Quant à moi, en me servant de sa tête pour penser, j’acquis une conscience nouvelle, me permettant de penser de manière plus élaborée qu’avant. En contrepartie, mon hôte avait perdu un peu de sa conscience, devenant plus impulsif. Le Dimoret que je tentais de contrôler essaya de m’arracher de sa tête, mais avant qu’il put me faire quoi que ce soit, je soufflai dans ses pensées :

“Laisse tomber et attaque.”

À ces mots, le Dimoret sortit ses griffes sans réfléchir et sauta sur son sbire, lui ajoutant quelques cicatrices sur son museau. Il eut un échange de coups : c’est moi qui en encaissai le plus, au point que je finissai par lâcher mon hôte. Virevoltant dans les airs à cause du choc, je sentis la conscience acquise précédemment me quitter presque entièrement.

“Ne sois pas téméraire !” entendis-je derrière moi. “Fuis avec nous !”

Je me retournai en me contorsionnant dans les airs, mais au moment où j’amorçai ma fuite, je sentis une pression douloureuse au tentacule droit. Le Dimoret que j’avais précédemment parasité me retenait en grognant.

“Si tu crois qu’on va te laisser fuir bêtement, tu te mets le doigt dans l’oeil !”

Complètement en panique, je me crispai, m’attendant à plus de douleur. Mais au moment où je visualisai une attaque, un jet de fumée toxique sortit par mes tentacules, arrêtant sur le coup mon agresseur.

“Pouah !” pesta-t-il en protégeant ses yeux irrités. “Pas une attaque bain de smog !”

Je profitai de ce moment pour fuir avec mes compères. Sans regarder derrière nous, nous traversâmes les escaliers le plus rapidement qu’on le pouvait. Ce chemin mena dans une gigantesque grotte plutôt lumineuse, où des stalactites géants pendaient du plafond gris-brun, où une mince toile de givre recouvrait les parois de ce lieu frisquet et où des cristaux à l’allure glacée semblaient produire de la lumière à partir de rien.

“On est sortis du donjon !” cria Odile en bondissant de joie.

“Cet endroit est si joli,” soupira calmement Shuushar. “Si ce n’était pas déjà occupé par des Dimorets corrompus, j’y viendrait méditer.”

“Parlant de Dimorets corrompus…” caqueta Odile, les yeux grands ouverts. “Faut qu’on court, on ne les a pas semés !”

Effectivement, à l’entrée du donjon, se tenait une bande de Dimorets, incluant les deux voyous qu’on venait de combattre. Leur chef lécha son pelage mouillé par mon attaque bain de smog et déclara :

“Penseriez-vous vraiment qu’on tomberait face à une attaque aussi faible ?”

Aussitôt, ils sprintèrent adroitement parmi les cristaux bleus, et nous réagîmes immédiatement en fuyant à “toutes jambes”. Nous valsâmes parmi des stalactites qui touchaient presque le sol, ne réfléchissant pas à l’endroit où nous devrions nous rendre. Des éclats glace sifflaient dans l’air, percutant des stalactites ou plus rarement le derrière de Shuushar. Finalement, notre Maraiste pointa calmement un couloir de la caverne qui, même à cette distance, était clairement humide.

“Nous devrions aller par-là,” suggéra-t-il.

“Pourquoi ?” demanda Odile en évitant un stalagmite.

“Fluo, partage ma pensée avec les autres.”

À ces ordres, le Symbios connecta nos esprits ensemble avec ses bras (arf, pas encore ma tête !) et nous vîmes Shuushar dans l’eau, tout à fait serein, accompagné de moi et Fluo qui flottaient au-dessus de l’eau sans se soucier de rien, Odile qui naviguait sur un chapeau de champignon géant et, en arrière, les Dimorets qui pataugeaient péniblement dans une eau trop profonde. Je constatai deux choses : cette caverne est inondée et elle nous aidera à semer ces pokémons Griffacérées.

“Je vais devoir construire un bateau avec un chapeau de champignon !?” protesta Odile en haletant. “Je suis un roublard agile, pas un quelconque ouvrier !”
“Tu sais, la vie ne se résume pas à bondir dans tous les sens,” expliqua Shuushar. “Il faut parfois construire ou travailler.”

Odile soupira et courut dans la grotte humide. Une forêt de champignons géants saturait les parois de la grotte de vert et de bleu. D’un bond, il détacha un chapeau de son pied d’une attaque Tranche. L’énorme chapeau tomba lourdement au sol, non loin d’un lac souterrain. Je reconnus le lac des pensées de Shuushar alors qu’il nous avait envoyé un message télépathique en pleine course via Fluo. Le Massko dégourdi tenta péniblement de pousser le gros chapeau dans l’eau, avant que sa force soit rejointe par celle de Shuushar et que le bateau d’urgence touche enfin la surface du lac. Odile commença à dériver vers le centre du lac souterrain, tandis que Shuushar, Fluo et moi le rejoignîmes alors que la rive s’éloignait. Sur la terre, les Dimorets nous observaient en trépignant. Je pus voir la mine enragée de leur chef avant qu’ils disparurent à l’horizon.
Chapitre 3 : Un aquifère sans lumière
Calmement, nous nous déplaçâmes au-dessus du lac souterrain. Mes tentacules trempaient partiellement dans l’eau sombre et gluante. Même si j’étais sous les traits d’une méduse, je ne pouvais pas respirer sous l’eau comme Shuushar, dont la répugnance de l’eau ne semblait pas le déranger. Fluo virevoltait dans tous les sens avec un air perdu, tentant de trouver d’autres signatures télépathiques dans cette caverne sans lumière. Odile, sur son chapeau de champignon flottant, tentait de rester stable sur ce bateau d’urgence. Je m’approchai de lui avec curiosité.

“J’ai remarqué quelque chose depuis qu’on s’est rencontré,” expliqua Odile. “Tu as l’air perdu. Comme si tu ne venais pas de ce monde. Enfin… Ça ne m’étonne pas, puisque tu es une ultra-chimère.”

Je rassemblai toutes mes forces pour tenter de répondre. Je choisis d’hocher la tête à l’affirmative.

“Je me disais bien,” répondit-il avec confiance. “Tu veux revenir dans l’ultra-monde ?”

Je tentai d’expliquer ma situation, mais ce fut impossible dans l’état actuel des choses. Je fit signe à Fluo pour relier mon esprit à celui d’Odile pour communiquer. Une fois le lien télépathique en place, je commençai à parler.

“Je ne viens pas de l’ultra-monde. Enfin, je crois…”

Le Massko cligna des yeux, visiblement intéressé.

“Je crois… Que je viens du monde des humains.”

Il eut soudainement un long silence. Odile semblait tout à fait perdu, tandis qu’on pouvait voir Shuushar et Fluo calmes, comme si j’avais juste dit qu’il y avait des champignons dans les Grands Souterrains.

“Monde des humains ?” répondit Odile. “C’est quoi le monde des humains ?”

“Le monde des humains,” expliqua Shuushar, à moitié immergé, “est une dimension alternative, un autre monde, où il n’y a pas de Pokémons, seulement des bêtes inaptes à lancer des attaques élémentaires. Il y a notamment des créatures effilées et bipèdes appelées ‘humains’.”

“Ouah !” s’extasia Odile. “Où as-tu donc appris ça ?”

“C’est mon grand-père qui me l’a dit,” affirma le Maraiste.

“Ça me donne envie de rencontrer ton grand-père,” répondit Odile en agitant la queue.

“Justement,” ajouta Shuushar. “Nous allons présentement vers ma ville natale. Vous pourrez parler avec mon grand-père. Vous n’aurez qu’à me suivre.”

“Parfait,” acquiesça Odile. “Mais d’abord, y’a t-il quelqu’un d’incommodé par l’absence de lumière de cet endroit flippant ? Parce que moi, j’ai un peu de mal à voir… Faut dire que mes années d’expérience de combat nocturne à la surface sont un peu inutile dans des souterrains aussi sombres que celui-ci.”

“Pas de problème avec moi,” expliqua Shuushar. “J’ai vécu presque toute ma vie dans les environs.”

Fluo nous lia tous télépathiquement pour nous parler.

“Je ne vois pas où je suis. Je vois juste vos esprits.”

“Quant à moi,” dis-je, “je n’ai juste pas d’yeux.”

“Hé, mais j’y pense !” s’exclama Odile, ses grands yeux jaunes luisant dans le noir. “Tu n’as pas besoin de lumière pour voir, donc tu es le plus apte à nous diriger dans ces souterrains submergés !”

Je me sentis un peu perdue, d’abord parce que je n’avais toujours pas pris l’habitude de me faire appeler par des termes masculins, et ensuite parce que je craignais ne pas avoir les compétences nécessaires pour prendre des décisions éclairées pour guider un groupe. Mais je tentai quand même ma chance, et demandai ce que je devais faire.

“Mets-toi devant moi et derrière Shuushar,” proposa Odile. “Comme ça, tu pourras suivre le bon chemin et détecter le danger avant nous.”

J'acquiesçai et testai mon nouveau rôle. Au bout d’un moment, Odile s’agita et s’impatienta.

“C’est looooooooong ! On est sensé arriver dans combien de temps ?”

Shuushar baissa la tête pour calculer, puis conclut avec un large sourire :

“D’après mes expériences passées, on arrive dans 192 heures.”

“Donc 8 jours !?” s’exclama Odile. “Waaaaaaahhhh !”

Fluo se précipita vers le Massko gémissant et plaça son doigt translucide sur sa bouche.

“Soupire moins fort, veux-tu ?” ordonna-t-il télépathiquement. “Tu risques de provoquer un éboulement.”

Effectivement, pendant 8 jours entiers, nous serpentâmes dans des tunnels à moitié remplis d’eau dénués de toute variété. Pendant tout ce voyage, Odile se plaignit et alla même jusqu’à dire qu’il aurait préféré rester dans l’antre des Dimorets pour avoir plus d’adrénaline. Fluo se révéla être sensible à la négativité et tenta de tout son âme de dissuader le prétendu guerrier de gémir. Avec succès, car au huitième jour de voyage, le Massko avait troqué ses plaintes pour des talents de pêche.

“Regardez ces beaux Magicarpes souterrains !”

Odile distribua à tout le monde des poissons aux écailles ternies par l’absence de lumière et aux yeux pâles.

“Tu sais,” rouspéta Shuushar en aspirant des algues souterraines, “tu t’apprêtes à manger des créatures dotées de conscience.”

“On s’en fout qu’elles soient dotées de conscience,” pesta Odile. “J’ai la dalle ! Et puis, je ne comprends pas comment tu peux manger ces trucs gluants !”

Cette discussion sur la conscience me rappela tristement que la mienne était grandement réduite au minimum. Des souvenirs, des actions impulsives et le réflexe de demander à Fluo la communication par télépathie. Rien d’autre. Cela me rappela aussi que chaque fois que j’accédais à un esprit, que ce soit via la télépathie de Fluo ou par le biais du parasitisme, je gagnais un peu de conscience, un peu d’éclairement. Alors, pendant qu’une dispute sur le végétarisme éclata entre les navigateurs souterrains, je tentai de parasiter un de ces petits Magicarpes gisant sur le radeau fongique d’Odile, le regard dans la graisse de bacon. Cependant, lorsque je tentai d’accéder à son esprit, une absence de pensées qui put venir à moi me montra qu’il avait eu le temps de suffoquer dans cet environnement étranger. En d’autres mots, il était mort. Soudain, je sentis une main griffue se poser sur mon “épaule” :

“Dis, Yoshie,” me demanda Odile, toujours en quête d’arguments. “T’es herbivore ou carnivore ?”

En réponse, j’étalai mes tentacules comme un paon étale sa queue et je fis semblant d’attaquer.

“Parasite carnivore ? Ah… D’accord…”

Le Massko tentait en vain de masquer sa nervosité, jusqu’à ce que ses tremblements finissent par faire tomber une sorte de badge doré de sa queue feuillue. Curieux, Shuushar leva la tête de l’eau et scruta l’objet.

“Hé, je connais ça… On dirait un badge d’aventurier venant de la surface.”

“Oui,” confirma Odile, balbutiant. “C’est bien ça…”

“Un badge grade or, en plus,” ajouta Shuushar.

“Tu reconnais les grades !?” s’écria Odile. “T’en sais vraiment beaucoup pour un Maraiste aux yeux en tête d’épingle…”

“Effectivement, je les reconnais,” acquiesça Shuushar. “Mon grand-père a habité un temps à la surface et a gardé en mémoire chaque grade des équipes de secours de là. Vu que tu es grade or, j’imagine que tu dois être talentueux.”

“Bien sûr que je suis talentueux !” caqueta le Massko. “Mais cependant, je n’ai jamais été membre d’une équipe de secours. En fait, ce badge n’est pas le mien. Il est celui d’un ami.”

“À qui appartenait ce badge ?” demanda Shuushar.

“Je ne m’en souviens plus très bien… Comme si ça faisait des millénaires de cela. C’était, c’était… c’était un Pokémon feu, je crois… Ah oui, un Typhlosion ! Mais je ne me souviens plus de son nom… Par contre, je me souviens qu’il était spécial, mais je ne me rappelle plus comment…”

“Ce n’est pas grave. De toute façon, des pertes de mémoires comme celles-là sont devenues communes depuis un certain temps. En plus, il y a des Pokémons qui sont devenus fous sans raison apparente, dont des membres de ma famille. Je trouve ça dommage. Je souhaite revenir dans ma ville natale afin de stopper cette ‘épidémie’ de folie.”

“Je vois,” répondit Odile, satisfait de cette description. “Moi, je veux juste remonter à la surface, loin de ce danger, vivre une vie normale, etc.”

“Moi, je suis comme Odile,” expliqua télépathiquement Fluo. “Je veux partir avec lui.”

Il eut une courte pause, puis se tourna vers moi.

“Et toi, Yoshie… Quel est ton but ?”

“Je ne sais pas,” répondis-je.

“T’es sûr ? Tu sais vraiment pas quel est ton but ? Alors, je vais essaye autre chose : qu’est-ce qui motive tes actions ?”

“Mon instinct. Tu sais, quand je ne suis pas en train de parler télépathiquement avec toi, je ne pense presque à rien. Je fais juste… Vous suivre et parasiter les autres Pokémons.”

“Triste.”

Soudain, Shuushar fit des éclaboussures dans l’eau dans le but d’attirer notre attention. Odile se tourna vers le bruyant Maraiste et lui demanda ce qui se passait. En réaction, Shuushar pointa un îlot de roc lointain où poussait quelques maisons faites de rochers et qui semblait grouiller de Pokémons bleus.

“On est arrivés chez moi,” déclara le Maraiste.
Chapitre 4 : Maraistes
Alors que nous nous approchions de la ville de Shuushar, nous fûmes accueillis par de jeunes Axolotos curieux qui nageaient autour du bateau de fortune d’Odile. Les Pokémons aquatiques nous souriaient de leur bouche béate alors qu’ils pataugeaient dans l’eau gluante en faisant assez peu de remous.

“Ils sont vraiment collants,” rouspéta Odile en accélérant.

Peu après, le chapeau de champignon qu’utilisait le Massko pour naviguer percuta la côte érodée par l’eau avec peu de bruit. Il était probablement temps, car une grande partie du bateau avait moisi. Odile avait passé au moins 32 heures les deux pieds déposés sur une couverture pelucheuse.

“Enfin la terre ferme !” cria t-il.

Le Massko sautilla sur le sol dur et irrégulier avant de s’arrêter devant un bloc de pierre plus ou moins circulaire où il était écrit “Axooplotoo”. On pouvait clairement voir que le texte avait été écrit à la hâte.

“C’est le nom de la ville ?” demanda Odile avec un ton un peu blasé.

“C’est le nom de la ville,” confirma Shuushar.

Pendant que Shuushar et Odile batifolaient en ce terrain, je m’approchai d’un Axoloto insouciant et l’attrapai de mes tentacules. Puis, alors que l’enfant se débattait de toutes ses forces et que ses amis reculaient, intimidés, je parvenus à parasiter son esprit avec une facilité déconcertante vu son immaturité. Je vis une naissance heureuse et 3 années d’existence insouciante. Je vis aussi un vieux Maraiste s’approcher de mon hôte, sa peau flétrie par le temps, expliquer qu’il existait un monde “au dessus”. Alors que je réfléchissais à la pauvreté en informations de ce jeune esprit, une idée traversa (enfin) ma tête. Voilà. Je dois absolument parasiter ce vieux Maraiste.
J’observai, toujours en plein parasitisme, le village d’Axooplotoo. Les maisons brillaient d’une lueur bleue, information que je n’aurais jamais pu synthétiser si je ne voyais pas au travers des yeux de l’axoloto. Des ponts de pierres liées entre elles grâce à des algues séchées pendaient entre des pics rocheux. L’ambiance semblait chaleureuse et agréable alors que des Axolotos et des Maraistes jouaient et sautillaient dans des flaques d’eau tout de même putrides. Je pris mon courage à deux mains (euh, tentacules) et approchai le village calmement. Alors que je traversai les limites du village, les habitants gluants m’observèrent avec curiosité. Malgré le fait que je déambulais avec un des leurs en train d’être parasité, personne n’eut peur de moi (peut-être leur instinct de Maraiste ?). J’osai lâcher le jeune Axoloto. Celui-ci se déposa sur le sol, sans connaissance tellement je l’avais parasité longtemps. Je cherchai mes “amis” dans le village, quand quelque chose me frappa : quand j’était dans la tête de l’Axoloto, cet endroit m’avait semblé accueillant, mais dans ma propre tête, ce lieu était menaçant, comme si une présence puissante surveillant Axooplotoo était hostile à mon égard. Un peu plus tard, je retrouvai Shuushar, Odile, ainsi que Fluo qui s’était récemment ajouté au groupe, qui attendaient devant une demeure de pierre humide plus grande et plus vieille que les autres. Je fis des signes frénétiques à Fluo afin d’avoir une communication avec les autres le plus vite possible. Une fois liée télépathiquement avec les autres, je demandai avec urgence :

“Suis-je la seule à trouver cet endroit effrayant et menaçant ?”

“Probablement,” répondit Odile.

“À vrai dire,” expliqua Shuushar en se grattant la tête, “je trouve que l’ambiance habituelle est différente de l’habituel. Comme si l’endroit était plus dangereux qu’avant.”

“C’est exactement ce que j’ai remarqué !” criai-je. “Sentez-vous une sorte de présence ?”

“Maintenant que tu le dis...” remarqua Massko. “Je me sens surveillé.”

“Mon capteur télépathique est brouillé,” affirma Fluo. “Je ne vois plus rien à part un brouillard multicolore négatif depuis que je suis entré à Axooplotoo.”

“On devrait demander à mon grand-père s’il a aussi senti cette ambiance étrange,” proposa Shuushar.

À ces mots, le Maraiste cogna à la porte. Environ 10 minutes plus tard (!), la porte s’ouvrit, laissant apparaître un autre Maraiste plus grand, aux yeux plus petits, au motifs plus éparses et à la peau fine et ridée. Le Pokémon portait un chapeau fait à partir de la gaine d’un champignon et appuyait sur son épaule un baluchon terne.

“Tiens, de la visite…” constata-t-il, plus lentement que tel autre Pokémon à cause du poids de l’âge. “Mais… Oh ! Shuushar ! Ça fait tellement longtemps !”

“Grand-père…” murmura Shuushar. “Je suis de retour, sorti des griffes de ces Dimorets.”

“C’est tellement bon à savoir !” s’extasia le grand-père. “Tiens… Tu ramènes des amis ?”

“Bien sûr !” acquiesça Shuushar. “Je peux te les présenter : Odile le Massko guerrier à ma gauche, Fluo, son ami Symbios télépathique au milieu et Yoshie, cette… Chose, à droite.”

“Ravi de te rencontrer,” salua Odile. “Ton petit-fils m’a raconté que tu savais beaucoup de choses grâce à ton vécu à la surface. T’as eu une éducation particulière ou quoi que ce soit ?”

“À vrai dire,” raconta le vénérable Maraiste, “il y a longtemps de cela, dans mes beaux jours, je vendais des terres aux Pokémons qui en voulaient… Puis, je suis devenu le manager d’une équipe de secours particulièrement cultivée. J’ai appris beaucoup de leurs techniques et passé de longues et belles années avec eux. J’ai vécu leurs meilleurs moments avec eux, comme par exemple quand ils ont vaincu Kyurem ou qu’ils ont recruté le majestueux Reshiram. Mais toute bonne chose a une fin. Un beau jour, l’équipe a fait une expédition dans un donjon soit-disant infini. Je les ai attendus à l’entrée du donjon, prêt à les accueillir à leur retour. Hélas, je ne les ai jamais revus depuis. De plus, la nouvelle de leur disparition s’est rendue très loin, jusqu’à former une terrible rumeur : je serais le responsable de leur disparition. J’aurais été un traître ayant convaincu cette équipe de secours de s’aventurer dans un donjon sans fin. J’ai tenté de les raisonner, mais ma réputation était trop ternie, et les Pokémons trop hostiles à mon égard, alors, alors… J’ai dû m’enfuir dans les Grands Souterrains et créer une communauté de Maraistes. Tout de même, grâce à cela, j’ai partagé mon savoir avec les exilés des Grands Souterrains. J’ai vécu ici depuis, depuis… Combien de temps, déjà ?”

“Ça va bientôt faire 600 ans, grand-père”, répondit Shuushar.

“Ahhh oui,” soupira le grand-père, sans tellement comprendre qu’il avait dépassé l’espérance de vie normale qu’un Maraiste pouvait avoir. “600 ans.”

“Impressionnant,” félicita Odile.

“Au fait, grand-père,” commença Shuushar, “sens-tu cette présence qui observe Axooplotoo ? Cette ambiance étrange qui englobe la ville ?”

“Oui, je la sens,” acquiesça le grand-père. “Je sens une ambiance menaçante, comme un avertissement d’un immense danger. C’est pour cela que je compte partir de la ville avec tous les autres habitants de la ville.”

“Ah, ça explique le baluchon…” dit Odile en se grattant le menton.

Comme mon futur hôte comptait partir d’ici peu, je ne pus me retenir de le parasiter alors qu’il était toujours là. Je flottai lentement vers lui, prête à frapper.

“Euh…” bégaia Odile. “Tu devrais reculer.”

Ce grand-père engourdi n’aura finalement pas eu le temps de réagir. J’attrapai sans mal sa tête et perçai son esprit vénérable. Je vis défiler dans mon esprit des centaines de souvenirs, soit plus de 600 ans d’histoire et d’évolution. En voyant à travers ses yeux, je pus faire des réflections et des explications que je n’aurais jamais pu avoir sous ma forme de Zéroïd conventionnelle. En dehors de ce corps, Shuushar m’observait, étonnament inquiet. Il ne savait probablement pas comment réagir.

“Est-tu sûr que ça ne va pas tuer grand-père ?” demanda-t-il en se pinçant la lèvre du bas.

Je m’abstenai de répondre, alors que j’accédai à un souvenir plutôt intéressant. Je vis un long moment de réflexion, suivi d’un soudain assombrissement de l’ambiance et d’un sentiment de danger imminent. “Fuyons, sous peine de tous mourir” avait pensé le vieux Maraiste à ce moment là. Je poussai alors celui-ci à révéler le “danger” qui planait autour de la ville.

“Partir d’Axooplotoo ?” enchaîna Shuushar. “Pour toujours ?”

“Effectivement,” répondit mon hôte. “Si nous restons, ce sera au prix de notre vie.”

“Et les autres,” demanda Odile, préoccupé. “On va les abandonner ?”

“S’ils décident de rester, oui.”

“Je refuse de les abandonner,” déclara Odile. “Je ferai en sorte de les convaincre de fuir.”

Le Massko, à ces mots, marcha jusqu’à la rive, histoire de parler avec les habitants d’Axooplotoo. Cependant, il eut un bon moment avant qu’il puisse trouver un seul d’entre eux. En effet, le silence planait sur la ville, et Odile découvrit rapidement pourquoi : tous les habitants d’Axooplotoo étaient rassemblés sur la rive, l’air béat, sans mouvement ni réaction. Certains observaient la surface de l’eau sans plus bouger.

“Héhoooooo !” cria Odile en s’adressant à la masse immobile. “Y’a quelqu’un ?”

Le Massko attendit une réponse en vain. Il s’approcha un peu afin de crier des instructions.

“Regardez-moi et suivez l’aîné ! Sinon, il vous arrivera du mal !”

À ce moment, je songeai à parasiter le cerveau d’Odile, car ses ordres étaient ridiculement mal formulées. Reste qu’il n’eut pas plus de réactions. Massko s’approcha encore, s’apprêtant à faire des ordres plus claires, mais resta soudainement bouche bée. Au moins 2 minutes s’écoulèrent avant qu’il puisse réussir à bouger à nouveau. Son premier geste fut un mouvement rigide des mâchoires :

“Les gars…” gesticula-t-il. “Faut que vous voyez ça !”

Nous rejoignâmes notre ami reptilien prudemment, jusqu’à pouvoir apercevoir une anomalie à la surface de l’eau. Et pas qu’une petite. Il y avait carrément une grosse fissure sur la surface de l’eau, comme si c’était en fait un miroir.

“Je, je… Mais qu’est-ce que c’est ?” bégaia maladroitement le Massko.

Je remarquai Shuushar, l’air sérieux, reculer lentement. À droite, Fluo s’agitait comme s’il souffrait, comme si quelqu’un était en train de torturer. Pendant ce temps, mon hôte décida d’avancer pour agripper le bras du Massko, du Symbios et de son petit-fils avant de dire :

“Fuyons. Le temps presse.”

Alors que nous ordonnions aux ordres de mon hôte, nous sentîmes un tremblement provenant de l’eau derrière nous. Je tentai de convaincre mon hôte de regarder le désastre en pleine formation, mais le sage, très fort mentalement, résista et nous dit :

“Pressons le pas. Et surtout, ne nous retournons pas.”
Chapitre 5 : Altered, Shattered
Mon hôte semblait complètement ignorer ma présence. Il ne fit qu’accélérer, se dirigeant je ne sais où.

“Que se pass…” tenta de demander Odile avant que mon hôte ne lui fasse signe de se taire.

“Tais-toi et avance.”

Le vieux Maraiste accéléra encore. De la fumée noire envahit la ville, rendant L’ambiance encore plus menaçante. Soudain, je sentis la conscience que je parasitais glisser hors de ma portée. Mon hôte s’arrêta soudainement avant de s’écrouler. Je tentai de réaccéder à ses pensées, sans succès.

“Grand-père ?” appela Shuushar, inquiet. “Ça va ?”

Le Maraiste s’approcha de son grand-père et l’observa de ses petits yeux.

“Je n’en reviens pas,” annonça Shuushar. “Il vient de mourir… Même pas un petit adieu !”

Shuushar se baissa et secoua le bras de mon ancien hôte, espérant que ses efforts puissent le ressusciter, sans succès. Ses yeux s’humidifièrent, puis il murmura :

“Ce n’est pas grave. Il a vécu si longtemps…”

Après, le Maraiste se tourna vers moi avec un regard réprobateur.

“Tu as parasité et ainsi volé les dernières forces de mon grand-père. Je t’en prie, ne parasite plus jamais nos proches.”

Le Maraiste, ensuite, ramassa le baluchon du regretté en murmurant des choses comme “ta mort n’est pas vaine”. Je remarquai à ce moment que je n’avais plus envie de parasiter qui que ce soit. J’avais cru d’abord que c’était à cause du reproche de Shuushar, mais je remarquai que l’ambiance était devenue encore plus lourde. Je me sentais mal, je me sentais en danger critique. Fluo virevoltait, les mains sur la tête. Il entra en communication télépathique avec nous :

“Cessez de parler et pressez le pas ! J’ai mal ! Partons d’ici !”

Je lui demandai pourquoi il paniquait autant.

“Il y a quelque chose derrière nous ! Je sais pas si c’est un Pokémon, mais il a un esprit si grand et si… étrange et corrompu !”

Je cédai à l’idée de regarder derrière moi. La surface de l’eau avait volé en éclats comme un miroir brisé, laissant transparaître une sorte de monde en dessous, composé d’îles flottantes oranges et bleues. Les éclats d’eau flottaient comme s’il n’y avait pas de gravité, reflétant le paysage aux alentours. Au-dessus de ce désastre, volait un gigantesque dragon gris à 6 pattes. Ses ailes d’ombre pure, munies de quelques griffes rouge sang, balayaient les airs avec une telle force qu’un seul battement provoquait du vent et de la brume. Son grand cou cornu se terminait par une tête menaçante et reptilienne munie d’une corne déformée, d’une bouche osseuse presque édentée et de deux yeux rouges profonds. La simple vue de ce dragon d'outre-monde m’infligea un effroi monstrueux. Je ne pus supporter sa présence, alors je me retournai et je fuyai avec les autres. La signature psychique de la chose semblait avoir dépassé la limite de tolérance de Fluo, car celui-ci avait décidé de s’accrocher à la tête d’Odile en tremblant comme un gosse. Le Massko, à la vue du monstre, était tombé par terre, les yeux pâles. Shuushar, malgré les événements horribles qui étaient arrivés l’un à la suite de l’autre, était toujours aussi calme, malgré l’expression sérieuse qu’arborait son visage, et se porta volontaire pour traîner le Symbios et le Massko. À voir son regard, il ne voulait pas savoir ce qui arrivait à ses voisins Maraistes. Sur un pas constant, moi et Shuushar marchâmes le plus loin possible de l’entité destructrice jusqu’à atteindre l’autre rive d’Axooplotoo. Sans hésiter, Shuushar plongea dans l’eau, tout en prenant soin de surélever la tête d’Odile pour empêcher une potentielle noyade.

“Suivez-moi” chuchota le Maraiste. “Je connais un endroit où nous serons en sécurité.”

Fluo, en entendant ces paroles, ouvrit timidement l'œil pour savoir quand est-ce que ses capteurs télépathiques pourront être soulagés. Le Maraiste glissa entre les eaux, jusqu’à s’arrêter devant une entrée de grotte qui n’était pas submergée. Shuushar nous fit signe d’entrer dedans avec lui.
La grotte était plutôt sèche. La salle où nous étions rentrés avait une forme ronde. Shuushar se laissa tomber sur le sol avec fatigue. Odile remua légèrement l’orteil avant de secouer tout son corps dans un spasme violent. Une fois revenu à lui, il n’hésita pas à poser des questions :

“Que s’est-il passé ? Je crois que j’ai vu Arceus...”

“C’est normal d’être aussi débilité après avoir vu une créature pareille,” répondit Shuushar.

“Quelle créa… Ah, cet horrible dragon ? C’était quoi ?”

“Hmm… Mon grand-père m’avait conté sa légende,” expliqua le Maraiste en baissant son baluchon. “Un dragon d’outre-monde, apparemment. Un Pokémon d’anti-matière banni du monde par Arceus lui-même. Il s’appelle… Giratina.”

“Girati…” commença Odile, avant de cesser de parler subitement. Il avait placé ses deux mains écailleuses sur sa bouche. On pouvait voir une lueur d’effroi au fond de ses yeux. Shuushar décida de ne pas en dire plus et fouilla dans le baluchon de son grand-père défunt. “Histoire d’en savoir plus,” disait-il.

Au bout d’un moment, Shuushar avait sorti 3 pommes, un Échaporbe et un étrange badge doré avec des ailes, 3 boutons de différentes couleurs et un écran. Malgré le fait que le métal était tout tordu, les boutons et l’écran étaient en relativement bon état. Le Maraiste tenta sa chance en appuyant sur le bouton du milieu. Au moment où son doigt dodu percuta le mécanisme, l’écran s’illumina et fit apparaître un paquet d’inscriptions étranges sur un arrière-plan décoré d’Axolotos et de Maraistes.

“Le savoir de mon grand-père !” murmura Shuushar en pitonnant frénétiquement l’appareil.

Il observa un moment l’écran, puis commença à lire à voix haute :

“Bienvenue dans la bibliothèque de mon savoir. Si vous pouvez lire ce texte, c’est que vous êtes un Maraiste.”

Shuushar appuya sur le bouton de droite et fit apparaître un autre texte.

“Sur quel sujet voulez-vous consulter ?”

Grâce à un jeu de doigts adroit, Shuushar inscrivit “Giratina”, mot qui semblait être le même dans toutes les langues. Une fois qu’il avait accédé au texte, il cligna des yeux pour la première fois depuis 20 minutes. Il fit défiler frénétiquement le texte avant de nous adresser la parole :

“Les gars, venez voir ça !”

Odile, à ces mots, jeta un coup d’oeil à l’écran de l’appareil, avant de déclarer qu’il ne comprenait rien à ce charabia puisqu’il n’était pas un Maraiste.

“Ce n’est pas juste ça !” se plaignit Shuushar. “Moi non plus, je crois que je ne comprends pas !”

“Lis-nous le texte, pour voir,” proposa Odile en se grattant le menton.

“Je ne peux pas tout lire,” expliqua Shuushar. “Il y a des zones du texte qui sont pour moi illisibles.”

“Dans ce cas, lis-nous ce que tu comprends.”

“Alors,” commença Shuushar, “Giratina représente l’anti-matière et est… Arceus l’a banni dans le monde distortion car il… notre dimension. Des millers d’années… Sans que… Héros…”

Le Maraiste se tut pendant longtemps alors qu’il appuyait frénétiquement sur les boutons.

“Quoi encore ?” demanda Odile sur un ton impoli.

“Je ne comprends plus… Du charabia. Partout. Plus rien de lisible.”

Shuushar cessa de parler encore un moment, alors qu’il faisait défiler au moins 10 pages de contenu en espérant qu’il pourrait comprendre quelque chose. Soudain, il cessa de bouger et tenta de bafouiller quelque chose.

“Oh…” s’écria Odile. “Tu comprends quelque chose, maintenant ?”

Le Maraiste hocha la tête à l’affirmative, puis tenta de dire ce qu’il lisait.

“Le, le… le… le dieu…”

“Le dieu quoi ?” demanda Odile

“Le… le dieu mourant ?” s’exclama Shuushar.
Chapitre 6 : Passage secret
“C’est bizarre, ça…” déclara Odile. “Un dieu mourant…”

“Ça a peut-être rapport avec le Créateur du Monde, Arceus…”

“Ou Giratina ?”

L’équipe (oui, il semble qu’on ait assez passé de temps ensemble pour s’appeler “équipe”) discutait avec agitation. Il fallait dire que la prophétie de l’appareil de Shuushar était plus ou moins… Apocalyptique ?

“Ça doit être Yveltal,” avança télépathiquement Fluo. “Ce pokémon légendaire est en réalité un mortel. Il doit absorber l’énergie vitale de milliers d’êtres vivants tous les 1000 ans pour subsister.”

“Donc,” conclut Odile, “cela voudrait dire qu’Yveltal s’apprête à se réveiller à nouveau ? Prêt à dévaster toute vie aux alentours ? Brr… Ça fait peur.”

“Yveltal aurait-il un rapport avec Giratina ?” demanda Shuushar avant de taper “Yveltal” sur son “Maraiste-Google”.

Il défila l’écran pendant un petit moment, les yeux brillants de curiosité, avant de s’arrêter sur un paragraphe qu’il pouvait lire relativement bien.

“Arceus lui-même compensa le temps perdu à cause d’Yveltal en propulsant Bulbizarre et Gobou dans la stratosphère.”

“Les deux se connaissent, on dirait…” dit Odile.

“Vous croyez qu’on pourrait demander des réponses à Arceus lui-même ?” demanda Fluo en se trémoussant d’espoir.

“Ce serait une bonne idée, mais ce serait vraiment difficile,” répondit Shuushar avec une voix plutôt faible. “Arceus se trouverait haut dans le ciel. On est dans les Grands Souterrains.”

“Alors,” cria Odile, souriant, “sortons d’ici !”

“Par où ?” s’inquiéta Fluo. “Je sens encore cette présence douloureuse, qui nous attend à l’extérieur de la grotte…”

“Je ne nous ai pas emmenés dans cette grotte pour rien,” expliqua Maraiste en pointant un couloir à notre droite. “Cette grotte est un donjon qui nous permettra de nous éloigner de Giratina sans être vus. Il est peuplé de Scalproies, mais je pense qu’ils ne nous poseront pas trop de problèmes. J’ai des attaques sol.”

“C’est tout ?” rouspéta Odile. “La seule attaque efficace sur les Scalproie que j’ai est Taillade ! Et, ah, je ne veux pas savoir ce que pourra faire Fluo sur ces pokémons Ténèbres !”

“J’ai Marto-Poing,” répondit le petit Pokémon Télépathe.

Le Massko se tourna vers moi.

“Vu ton attaque Bain de Smog, j’imagine que tu dois être de type Poison ?”

“Je pense,” répondis-je sans en être sûre. “Fluo a bien Marto-Poing sans être de type combat, non ?”

Odile soupira.

“Tu ne connais même pas ton type ?”

La remarque du Massko m’irrita légèrement, alors que je cherchai dans ma mémoire mes connaissances humaines sur les Pokémons. Étant branchée sur la télépathie de Fluo, je pouvais faire des réflexions autrement inaccessibles à mon espèce de Pokémon.

“Je me souviens que Zéroïd est de type Roche et Poison,” dis-je avec lucidité.

“Hiiish…” soupira encore Odile. “Roche et Poison. On est vraiment mal parti.”

“Ce n’est pas grave,” répondis-je. “Il y a toujours Shuushar pour nous protéger. Et puis, je peux toujours essayer de parasiter ces Scalproies…”

“Bon, ben… On est prêt à partir.”

Fluo commença à trembler de frayeur alors qu’il se dirigeait lentement vers l’entrée du donjon.

“Vite ! Partons ! Je ne peux plus supporter la présence de Giratina !”

À ces mots, nous avançâmes dans le donjon.
Chapitre 7 : Les nouveaux arrivés
Le donjon avait des murs jaunâtres couverts d’entailles nettes. Le plancher du donjon était rugueux et parsemé de traces de pas pêle-mêle. Une masse violette et gluante, ainsi que 81 pokés traînaient devant nous.

“Arf, j’aurais dû m’en douter,” se plaignit Odile en se pinçant le nez et en ramassant délicatement les pokés. “De la nourriture pourrie.”

Deux couloirs menaient hors de la salle. Après mûre réflexion, nous choisissîmes le couloir de droit. Rapidement, se chemin se dédoubla et donna naissance à au moins 3 voies supplémentaires.

“Pas de panique !” ordonna Odile, le regard confiant. “Lorsque j’étais à la surface, j’ai développé une astuce pour ne jamais se perdre dans les donjons : toujours longer le mur de gauche.”

“Il me semble que c’est une méthode qui prend beaucoup de temps,” répliqua Shuushar. “Avec un dragon légendaire maître de l’antimatière dans les parages, je ne pense pas que nous pourrions perdre du temps.”

“Alors, on fait quoi ?” demanda le Massko en arborant une expression de désaccord. “On prend le couloir au hasard ?”

À peine Odile avait fini sa phrase que j’étais entrée dans le couloir le plus au fond, sans même attendre les autres.

“Hé !” cria Odile. “C’est dangereux de se séparer dans un donjon ! Attends-nous !”

J’avançai aussi doucement que d’habitude, en ignorant les avertissements de mon coéquipier. Alors que le couloir devenait constellé de sources d’eau trouble, j’entendis des pas précipités venant vers moi. Mon instinct d’humain m’aurait dit de faire demi-tour maintenant, mais hélas ! ce n’était pas mon esprit humain qui guidait mon corps à ce moment, mais mon esprit sans but de Zéroïd. Je continuai le long du couloir, vers la chose qui se dirigeait vers moi à toute vitesse. Et finalement, je le vis, je l’aperçus de mes capteurs photosensibles, un être quadrupède grisâtre qui s’élançait vers moi, la gueule pleine de crocs acérés…
Odile, agile comme il était, m’avait rattrapé par derrière et voyait la même chose que moi.

“Heu, les Scalproies ne sont-ils pas sensés être bipèdes ?” demanda-t-il avec autant de logique qu’il le pouvait.

Effectivement, personne n’avait prévu rencontrer cette chose. Ce mammalien quadrupède à la fourrure sombre se dirigea vers nous en bondissant tel un félin. Mais ce n’était pas un félinidé, loin de là, mais plutôt…

“Un Grahyèna ! Attention, Yoshie !”

La chose sauta sur moi avant que j’aie pu réagir. Je sentis ses crocs ténébreux s’enfoncer dans ma chair gélatineuse avec beaucoup de facilité. Alors que je subissais une douleur atroce digne des attaques de type ténèbres, je vis une lueur effrayante au fond des yeux de mon agresseur. Une lumière violette, aussi menaçante que les yeux du dragon altéré de tout à l’heure, brillait au fond des yeux du Grahyèna. En réaction à cette frayeur, un jet de toxines sortit de mes tentacules et vaporisa mon ennemi de poison. Pendant que le Grahyena crachait mes toxines par sa gueule pleine de dents, je reculai derrière Odile afin qu’il puisse se débarasser de la hyène à ma place. Une fois que le Grahyèna eut repris ses esprits, Odile, doué comme il était, asséna une Taillade mémorable (c’est super efficace !) à l’assaillant. Une seule attaque avait suffi pour que le Grahyèna s’écroule par terre, sans connaissance, avec une grosse entaille sur le flanc. La lueur maléfique dans ses yeux s’était envolée en même temps que ses forces.

“Maintenant, continuons, et vite !” ordonna le gagnant du duel au reste de l’équipe.

Nous accélérâmes dans le dédale derrière notre leader auto-proclamé. Rapidement, l’agile lézard freina et nous ordonna de virer vers la gauche immédiatement.

“J’entends des bruits effrayants devant ! Vite ! À gauche !”

Cet ordre nous fit déboucher aussitôt sur la salle contenant la sortie. Cependant, nous n’étions pas seuls. Un autre Grahyèna nous attendait déjà devant les escaliers, prêt à bondir. De frayeur, nous reculâmes alors que le mammalien de type ténèbres s’approchait de nous en grognant. Alors que l’on voyait les muscles des pattes arrières de l’assaillant se contracter, Odile piqua subitement un sprint vers lui, ses lames-feuilles sorties.

“Cessons de jouer les poltrons et défendons-nous !”

Courageusement, le Massko enchaîna la deuxième attaque super efficace de notre exploration et fut le responsable du deuxième KO du donjon. Sans attendre, il se précipita dans les escaliers avec le reste de l’équipe. Par chance, les escaliers du premier étage débouchèrent directement sur ceux du deuxième étage. Shuushar fit le signe de s’arrêter, car des objets jonchaient les alentours.

“Shuushar,” répliqua Odile, “il n’y a que de la nourriture pourrie et des Pokés, on n’a pas le temps de s’arrêter pour ça.”

“Ah bon, vraiment ?” dit le Maraiste en souriant avant de suivre le reste du groupe.

Le troisième étage était plutôt vide. Les roches étaient soigneusement alignées près des murs et seules quelques encoches ornaient le plancher. Nous avançâmes dans le donjon un peu plus calmement à la recherche des escaliers. Après avoir ramassé quelques Pokés, nous tombâmes sur un pokémon humanoïde revêtu d’acier qui marchait d’un pas pressé.

“Un Scalproie,” dit Shuushar en reculant. “Soyons prudents.”

Étonnament, on ne se fit pas sauter dessus au moindre signe d’inattention. Le Scalproie semblait même effrayé, nous contournant en nous jetant un regard noir.

“Bizarre,” commenta Shuushar. “D’habitude, ils sont compétitifs et attaquent n’importe qui entrant dans leur donjon.”

“N’y pensons plus,” proposa Odile. “Il pourrait changer d’idée.”

Fluo tenta une communication télépathique.

“Il ne changera pas d’idée. J’ai senti une énorme perturbation dans son esprit.”

“Tu crois que c’est encore à cause de Giratina ?” demanda Odile.

“Peut-être,” répondis-je. “Je pense, cependant, que l’attitude des Grahyènas a beaucoup rapport avec Giratina.”

“Les Grahyènas sont toujours agressifs,” avança Odile.

“Oui, mais il avait cette lueur étrange, violette, au fond des yeux…”

“Je ne sais pas trop ce qui se passe exactement,” déclara le Massko, “mais je crois qu’on devrait juste décamper, vite.”

Nous obéissîmes aux ordres de notre chef autoproclamé, mais nous touchâmes rapidement une impasse car, lorsque nous changâmes d’étage, deux autres Scalproies nous attendaient au bout. Nous préparâmes nos attaques, quand l’un des Scalproies se mit à parler :

“Cessez les hostilités, s’il vous plaît.”

Odile, à ces mots, baissa les bras et les yeux, pensif.

“Cessez les hostilités. On est dans de sérieux ennuis. N’ajoutez pas plus de travail. On ne vous veut pas de mal.”

Tout le monde cessa de bouger, puis Shuushar plaça un pourquoi.

“Des Grahyènas fous ont envahi notre donjon. Ils tuent les Scalproies les uns après les autres. On essaie de s’en débarasser, mais ils sont trop vivaces. On aimerait de l’aide. On en serait infiniment reconnaissants.”

Odile, ce héros dans l’âme, s’apprêta à accepter la mission, quand Shuushar posa une de ses mains gluantes sur son épaule :


“Giratina. Il vous attend à l’entrée du donjon.”

Il marqua une pause, puis proposa plutôt :

“Fuyez avec nous. Ce donjon est devenu dangereux.”

“Compris.”

Après avoir baissé la tête avec respect, les Scalproies marchèrent devant d’un pas confiant et discipliné devant le groupe. Nous les suivirent un moment, jusqu’à ce que nous aperçûmes la sortie. Au moment où nous accélérâmes, une silhouette canine bondissa de nulle part, les crocs sortis, et manqua de peu sa cible. Nous nous mîmes à courir, vite, très vite, afin de semer pour de bon ces Pokémons fous et ce donjon qui se vide petit à petit.
Chapitre 8 : Grotte et discorde
Nous étions enfins sortis de ce donjon fou. Les flaques d’eau trouble ayant accueilli Giratina et les pierres carrées ayant été la norme du donjon laissèrent place à un sol dur et d’un gris plus classique. Cependant, nous n’étions pas encore tout à fait en sécurité, comme le montrait le pauvre Fluo qui s’agitait de douleur alors qu’il sentait l’âme de Giratina.

“Nous partons vers le village le plus proche, Keclenuit,” expliqua l’un des Scalproies. “Nous pensons que ce sera une occasion de refaire notre groupe. Peut-être en se reconvertissant en marchands.”

“N’êtes vous pas le genre de Pokémon qui pille et qui vole ?” contesta Odile.

“Nous pensons qu’il vaut mieux démarrer une carrière honnête et honorable,” répondit un autre Scalproie. “Fini le pillage des Maraistes. Bonjour le marché aux côtés de Kecleon.”

“Ohhhh ! On y trouvera le marché Kecleon ?” s’exclama Odile.

“Oui,” acquiesça le premier Scalproie. “Le. Marché. Kecleon. Ultime.”

Les yeux du Massko pétillaient à ces mots. Je fis quelques signes avec mes tentacules pour enclencher une discussion télépathique. Malgré son apparente douleur, Fluo accepta de nous lier télépathiquement.

“C’est bien beau, tout ça, mais nous, que va-t-on faire ?”

“On pourrait les suivre,” proposa Shu. “De toute façon, Keclenuit, c’est assez loin de Giratina, à ce que je sache.”

Le Maraiste consulta son appareil bourré d’informations énigmatiques et jeta un oeil à la carte des Grands Souterrains.

“Nous sommes ici,” dit-il en pointant un lieu vide cohabitant avec le donjon qu’on venait de parcourir. “Giratina est apparu à côté de notre village. Keclenuit n’est pas si loin, mais l’est suffisament pour semer Giratina.”

“Bon, ben,” gesticula Odile, “je crois que ce serait une bonne idée de se rendre à Keclenuit pour réfléchir un peu à tout ça. D’abord faut fuir ce monstrueux dragon, ensuite faut trouver un chemin vers la surface. C’est trop pour moi, c’est la première fois que j’ai à gérer autant d’information en même temps. Enfin, sauf peut-être ce jour où… où… Zut, j’ai oublié.”

“Ce n’est pas grave,” dit Shu. “L’amnésie est devenue commune ces derniers temps.”

“En route, mauvaise troupe !” chanta le deuxième Scalproie.

Et nous partîmes à l’aventure en direction de la ville Kecleon. Nous serpentâmes à travers des tunnels sans fin et presque sans lumière. Évidemment, ça ne me dérangeais pas, moi qui n’avait pas d’yeux, ni Fluo, qui s’orientait via la télépathie, ni personne d’autre, car Shu, Odile et les deux Scalproies avaient développé la vision nocturne. Au bout de quelques heures, Shu récolta des champignons afin de nourrir le groupe. Rapidement, il se rendit compte que trouver quelque chose qui me serait comestible serait franchement compliqué :

“Ah… Se pourrait-il que tu n’aie aucune vraie bouche ?”

J’aurais dû acquiesçer à ce moment là, mais comme ma conscience n’était pas la mienne, mais celle de l’ultra-chimère agressive, ce n’est pas ce que je fis. Apparemment, Zéroïd était beau un Pokémon qui paraissait sans conscience, c’était tout de même une créature susceptible. Bien susceptible. Bien assez pour piquer une fureur d’outremonde et parasiter celui qui avait fait une petite remarque.

“Shu ! Attention !” cria Odile.

Le Maraiste était déjà aux prises du “moi dangeureux” et tirait de toutes ses forces sur cette méduse translucide qui lui aspirait le crâne. Futile fut sa lutte : en moins de deux, j’avais pris les commandes de son organisme. Odile continuait à crier dans ces tunnels cahoteux.

“Shu ! Non !”

C’est alors que les Scalproies se retournèrent, apparamment mus par le désir de sauver autrui. L’un d’entre eux s’approcha de moi avec une agilité héroïque et me perfora d’une Griffe Acier super efficace dans mon corps gélatineux. Je me détachai du Maraiste sous cette extrême douleur, et alors que je flottais dans le néant, Odile n’hésita pas à aider son compère :

“Shu ! Est-ce que ça va ?”

“Hmm… Je crois, oui…”

“Tu te sens bien ? T’as mal ? Que t’as fait Yoshie !”

“Pas sûr… J’ai senti mon esprit devenir très fluide, d’un seul coup. Je crois que c’est un signe de parasitisme.”

Odile marmonna, puis se tourna vers moi avec un regard franchement coléreux :

“Yoshie ! Qu’est-ce qui t’as pris !?”

Le Massko prit quelques respirations afin de gérer sa colère, puis continua à crier :

“On t’avait dit de cesser de nous parasiter ! Ne te souviens-tu pas de ce que tu as fait au grand-père de Shu !?”

Je fus aussi causante que mon esprit de Zéroïd me le permettait. Odile avait beau me culpabiliser, je ne réagissais point.

“Danger public !”

Ce cri était la goutte qui faisait déborder le vase. Le tunnel que nous traversions avait tant canalisé l’écho qu’un éboulement venait de se produire au-dessus de nous.

“Courez,” nous ordonnèrent les Scalproies avant de bondir en avant. Odile les suivait de près grâce à son agilité de guerrier. Fluo et moi n’étaient pas bien loin. Faut dire que la lévitation est bien plus efficace que la marche. En particulier celle de Shu. Celui-ci se dandinait du mieux qu’il pouvait, car ses pieds de Maraiste ne lui permettaient pas de faire de grandes enjambées. Il ne se passa que peu de temps avant que les gravats commencent à bombarder sa tête.

“Tiens bon, Shu !” cria Odile en faisant un demi-tour adroit. “Je vais t’aider !”

Le Massko attrapa la main de Shu. Malheureusement, la peau des Maraiste est couverte d’un mucus gluant spécialement produit pour que les prédateurs ne puissent pas l’agripper. Même si Odile n’en était pas un, sa main glissa du corps de son ami. Peu après, l’éboulement recouvrit complètement notre compagnon gluant.

“Non, Shu !”

Nous attendîmes un moment, essayant de capter un signe de vie sous ces gravats. À peine quelques secondes plus tard, une petite roche se mit à remuer. Puis une autre. Puis une autre. Finalement, Shu sauta du gros tas de gravats sans signe de blessures hormis quelques contusions bénignes.

“La prochaine fois, essaye de ne pas crier, Odile.”

Le Massko regarda en l’air en marmonnant pendant un moment. Puis, il se tourna vers les Scalproies :

“Continuons à marcher. À ce rythme, Giratina aura le temps de détruire les Grands Souterrains.”

Je crois qu’Odile avait des remords. Il ne m’a plus adressé la parole pendant tout le trajet. Sauvée par le gong, comme on dit.
Last edited by yoshivert555 on Thu 27 Jan 2022, 19:26, edited 6 times in total.
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Re: [Fanfic en cours] L'esprit vide

Post by Lycanrok » Thu 02 Dec 2021, 10:57

Ooh, t'as repris le nom que je t'ai donné dans ma fic !
N'oubliez pas : GrammarFerno is ALWAYS watchin' u.

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Re: [Fanfic en cours] L'esprit vide

Post by yoshivert555 » Thu 02 Dec 2021, 21:09

Ouaip. Je trouvais que Yoshie, ça allait bien comme nom.

Ajouté 6 heures 19 minutes 15 secondes après :
Chapitre 5 complété !
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Re: [Fanfic en cours] L'esprit vide

Post by A gamer360 » Fri 03 Dec 2021, 10:04

sa a l'air pas mal. d'ailleurs le début au quel tu t'es mis en Zéroïd est unique.
h

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Re: [Fanfic en cours] L'esprit vide

Post by yoshivert555 » Wed 15 Dec 2021, 17:47

Chapitre 6 ajouté. Il est plus court que je ne l'avais espéré (à cause du donjon), mais j'essayerai de me rattraper dans le prochain chapitre.
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Re: [Fanfic en cours] L'esprit vide

Post by ProMattheo67 » Sun 19 Dec 2021, 12:08

D’accord, yoshivert555.

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Re: [Fanfic en cours] L'esprit vide

Post by NathanZarbi » Sun 19 Dec 2021, 13:58

J'ai adoré, quand sort le prochain chapitre ?

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Re: [Fanfic en cours] L'esprit vide

Post by yoshivert555 » Mon 20 Dec 2021, 17:28

Je sais pas, je suis erratique dans ma création de fanfic :hap:

Ajouté 2 heures 5 minutes 16 secondes après :
Aujourd'hui même, finalement. Je viens de le poster.
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Re: [Fanfic en cours] L'esprit vide

Post by yoshivert555 » Thu 27 Jan 2022, 19:27

J'ai fini le chapitre 8 après une longue pause pendant le temps des fêtes.
Longue vie à Libégon, longue vie à Groudon, et longue vie aux extraterrestres mi-asticot, mi-Groudon qui nous épient avec des télescopes géants depuis Dessyrithan pour nous voler notre fromage et nos encyclopédies sur Minecraft.

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